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L'interdisciplinarité à l'Université (Sfax)

L'interdisciplinarité à l'Université (Sfax)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Mustapha Trabelsi)

Université de Sfax

Faculté des Lettres et Sciences Humaines 
 

Ecole doctorale en Lettres, Arts et Humanités (ED08FLSHS01) 



Colloque international 



Du 19 au 21 octobre 2023



L’interdisciplinarité à l’université 

 


 

L’interdisciplinarité est régulièrement convoquée aujourd’hui au nom « de la complexité croissante du savoir »[1]. L’école doctorale en Lettres, Arts et Humanités (ED08FLSHS01), loin de toute perspective polémique ou promotionnelle, se propose de réfléchir sur les conditions dans lesquelles le mode interdisciplinaire peut apparaître comme bénéfique, voire nécessaire dans l’enseignement ou la recherche. Si la discipline « institue la division et la spécialisation du travail et tend naturellement à l’autonomie par la délimitation de ses frontières »[2], constituant un frein à l’ouverture de chacun à d’autres façons de penser et risquant l’hyperspécialisation du chercheur et la « chosification » de l’objet étudié, la démarche interdisciplinaire consiste, non à juxtaposer les approches, mais à les faire croiser et à emprunter des concepts et des outils d’analyse et d’interprétation à d’autres disciplines, représentant un facteur de richesse et d’ouverture. On dit par exemple que la science ne devient intéressante et profonde qu’une fois retranscrite dans un langage littéraire et utilisé de manière « métaphorique ».


Jamais comme ces dernières années les contenus de l’enseignement n’ont été confrontés à tant d’exigences ni soumis à tant de pressions. Les contenus de l’enseignement, présentés aux commissions sectorielles, se trouvent en face d’une série d’interrogations : faut-il évoluer dans la ligne traditionnelle ou bien s’ouvrir aux nouvelles disciplines en essayant de les de restructurer et de les organiser ? S’agit-il de s’en tenir aux méthodes traditionnelles qui risquent d’isoler et d’affaiblir l’université ou bien recourir à des méthodes « totales » et interdisciplinaires susceptibles de produire des contenus équilibrés au regard de la science et du monde contemporain ? Doit-on continuer à alourdir les programmes et les horaires universitaires au risque d’affaiblir la motivation des étudiants, et par conséquent compromettre l’idéal d’une pédagogie « totale » ou bien faire appel à des méthodes et à des structures susceptibles de hiérarchiser et d’organiser l’information en fonction des besoins prioritaires de l’apprenant et des finalités de l’enseignement ?  Montant rapidement au niveau des priorités épistémologiques et pédagogiques à l’université, la question de l’interdisciplinarité, déjà bien vue par George Vaideanu[3], suscite espoirs et inquiétudes, l’intérêt des uns et l’hostilité des autres : « Tour à tour ou simultanément, on a considéré l’interdisciplinarité comme une idée porteuse d’avenir, comme le refuge de chercheurs superficiels ou comme une option pouvant mener à la disparition pure et simple des disciplines, portant ainsi un coup dur aux enseignants du secondaire ou supérieur »[4]. S’annonçant, le siècle dernier comme une innovation majeure par certains spécialistes, l’interdisciplinarité était présentée comme une nouvelle pédagogie, « la pédagogie de la totalité ».

Au niveau de la même discipline, le recours à l’approche interdisciplinaire a pour objectif d’assurer une interaction et un lien étroit entre les divers modules et les différents parcours de formation à l’échelle du même département. Le cas le plus intéressant est l’enseignement de la littérature dans le département de français que nous citerons comme exemple. Il est clair que le choix, par exemple, d’une œuvre romanesque du  XIX e siècle dans le Module de littérature en deuxième année (L 2) nécessite  d’une part la présentation du contexte historique, économique, social et  littéraire du  XIX e siècle dans le Module de Civilisation et d’Histoire Littéraire et implique d’autre part la programmation, dans le module de langue, de plusieurs cours de stylistique portant sur les notions de base de narratologie et sur les méthodes d’analyse du texte narratif. Cet échange entre les divers types d’activités d’enseignement s’inscrit dans une logique de combinaison et de synthèse des savoirs plutôt que dans un cumul de connaissances favorisant la réussite du processus d’apprentissage.

Cependant, l’interdisciplinarité ne doit pas être adoptée uniquement dans un même département au niveau d’une même discipline. Cette question rejaillit sur l’ensemble des universités tunisiennes. Elle s’inscrit à l’arrière-plan de toutes les réformes comme une préoccupation importante, car on constate que « l’hyperspécialisation » constitue un obstacle majeur dans la formation d’un étudiant et dans son accès au marché du travail. Un ingénieur peut-il vraiment réussir dans sa carrière alors qu’il n’arrive pas toujours à rédiger aisément un bref rapport en français ou en arabe ? Peut-on supprimer l’enseignement des langues dans les facultés et les instituts de sciences, de gestion, d’économie, de médecine, etc. ? Il est clair que, tout en respectant au mieux l'intégrité de chaque discipline universitaire, on doit assurer une interaction permanente entre, par exemple, l’enseignement des langues et celui des sciences. La mise en œuvre d’une telle interdisciplinarité permet en premier lieu aux étudiants de mieux comprendre les cours dispensés en français par des professeurs de sciences médicales, paramédicales, de sciences physiques, chimiques, géologiques ou économiques. Sans un enseignement efficace des langues, plusieurs étudiants éprouvent de grandes difficultés à comprendre leurs spécialités. Par ailleurs, une approche interdisciplinaire permet aux apprenants de s’exprimer correctement au niveau oral et écrit quand ils sont appelés à participer à des réunions ou à rédiger des rapports de stage, ou des travaux de recherche (mémoire de mastère, doctorat ou article). La maitrise du français et de l’anglais est nécessaire. 

De même, l’enseignement de l’informatique, de la gestion et des droits de l’homme permet à des jeunes étudiants des départements d’arabe, de français, d’anglais, de philosophie, de sociologie, d’histoire ou de géographie de fonder leur propre entreprise et d’avoir une autonomie réelle s’ils ne sont pas recrutés par le Ministère de l’enseignement. 

En somme, l’interdisciplinarité n’est pas un but en soi, mais un moyen qui assure un apprentissage intégrateur efficace. Elle offre aux étudiants des sections littéraires, scientifiques, économiques et techniques des concepts précis et une démarche rigoureuse. Elle développe chez eux de multiples compétences comme la créativité, l’imagination, le sens critique, l’autonomie et l’esprit d’initiative. Ce sont là des compétences importantes dans les études universitaires et indispensables dans l’exercices des métiers de responsabilité.

L’école doctorale en Lettres, Arts et Humanités (ED08FLSHS01) invite les collègues qui appartiennent à divers départements et à différentes institutions universitaires à participer à cette réflexion qui porte sur « l’interdisciplinarité dans l’enseignement » et qui facilite le transfert des connaissances entre les disciplines et permet la métamorphose du savoir en un savoir-faire.


- Pourquoi l’interdisciplinarité à l’université ?

-Intérêt et importance de l’interdisciplinarité aujourd’hui dans les sciences humaines et sociales ainsi que dans les filières scientifiques, économiques et juridiques.

- Comment favoriser un apprentissage fondé sur l’intégration des savoirs ?

- Comment assurer un échange, une collaboration entre les enseignants appartenant à diverses matières ?

-Quels sont les rapports qui s'établissent entre l'interdisciplinarité et la formation de l'enseignant universitaire ?

-Quelles sont les modalités de la promotion de l’interdisciplinarité dans l’enseignement supérieur ?

-Quelles sont les conséquences tant pour les objectifs pédagogiques que pour les méthodes et les techniques de l’apprentissage et de l’évaluation ?


Telles seront les questions auxquelles nos invités, issus de divers horizons, essentiellement du monde de la recherche universitaire pourront apporter leur expertise.

 
Les propositions de communication, d’environ une demi page, (titre et résumé) accompagnées d'une courte notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique avant le 15 juillet 2023 aux trois adresses suivantes

mustapha.trabelsi@flshs.usf.tn

Inscription :
Frais de participation :
·         100 euros pour les non-Maghrébins
·         200 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins 
Les frais d’inscription couvrent les pauses café, le déjeuner et le pack du colloque. Le déplacement et l’hébergement resteront à la charge des communicants.

Calendrier

15 juillet 2023 : réception des propositions de communication

30 juillet 2023 : notification aux auteurs

19-21 octobre 2023 : Colloque international
Juin 2024 : publication 

Bibliographie : 

-Patrick Charaudeau, « Pour une interdisciplinarité focalisée dans les sciences humaines et sociales », Questions de communication, n°17, 2010.

-Frédéric Darbellay, « Vers une théorie de l’interdisciplinarité ? Entre unité et  diversité », Nouvelles perspectives en sciences sociales, décembre 2011. 

-Said Ghezal et Ameur Lahoual (direction), « Enseignement d’une matière par l’intégration d’une langue étrangère : recherche et pédagogie », Contexte et didactique, 15, 2020.  

-Said Ghezal, « Enseignement du français dans les sections scientifiques et techniques universitaires en Algérie. EMILE serait-il une solution ? » Contexte et didactique, 15, 2020.  

-Yves Lenoir et Lucie Sauvé (direction), « L’interdisciplinarité et la formation à l’enseignement primaire et secondaire : quelle interdisciplinarité pour quelle formation », Revue des sciences de l’éducation, Volume 24, numéro 1, 1998. 

-Edgar Morin, « Sur l’interdisciplinarité », Kourilsy F, dir. Carrefour des sciences, éditions CNRS, 1990.

-George Vaideanu, « L’interdisciplinarité dans l’enseignement : essai de synthèse », Perspectives, vol. XVII, n° 4, 1987. 


Responsable :

Ecole doctorale en Lettres, Arts et Humanités (ED08FLSHS01) 

Comité scientifique : Samir Abidi, Mohamed Ben Ayed, Ali Baklouti, Emna Beltaief, Mohamed Bouattour, Mohamed Ben Hammouda, Ali Ben Nasr, Jamil Chaker, Najiba Chekir, Ali Elloumi, Néji El Ounelli, Moncef Gabsi, Fayez Gargouri, Pierre Garrigues, Mohamed Jarraya, Mohamed Jerbi, Bessem Jmal, Ahmed Hadj Kacem, Mohamed Kharrat, Abdelwahed Mabrour, Chokri Memni, Abdelwahed Mokni, Fathi Rekik, Chokri Rhibi, Abdellah Romli, Akila Sallami-Baklouti, Mourad Siala, Kamel Skander, Abderrahman Tenkoul, Mustapha Trabelsi, Mounir Triki, Khaled ZGhal, Lassaad Zouari. 

Comité d’organisation : Helmi Ben Ncir, Wafa Ben Salah, Mariem Kallel, Emna Ladhar, Mouna Sassi, 

Adresse :   Faculté des Lettres et Sciences Humaines - Sfax (Tunisie)

 


 
[1] Patrick Charaudeau, « Pour une interdisciplinarité focalisée dans les sciences humaines et sociales », Questions de communication, n°17, 2010, p. 147.
[2] Edgar Morin, « Sur l’interdisciplinarité », Kourilsy F, dir. Carrefour des sciences, éditions CNRS, 1990, pp21-31
[3] Georges Vaideanu, « L’interdisciplinarité dans l’enseignement : essai de synthèse, Perspectives, vo. XVII, n° 4, 1987
[4] Ibid., p. 531.