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La francité : une mosaïque d’emblèmes esthétiques et culturels (Riga)

La francité : une mosaïque d’emblèmes esthétiques et culturels (Riga)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Nadège Langbour)

Institut de littérature, de folklore et d'art de l’Université de Lettonie
Département des langues, littératures et cultures de l’Université Métropolitaine de Toronto 
Laboratoire 3L.AM - Langues, Littératures, Linguistique des Universités d’Angers et du Mans.

 
Les 25 et 26 avril 2024

Colloque international bilingue à Riga, en Lettonie

à la Maison de l'Union européenne, 28 boulevard Aspazijas

 
La francité : une mosaïque d’emblèmes esthétiques et culturels 

Franciskums: estētisko un kultūras emblēmu mozaīka

 


Dans un esprit d’ouverture et de partage, ce colloque invite à se pencher sur le concept polysémique de francité en s’intéressant à la représentation et à la réception des emblèmes et mythes de la francité dans la littérature générale et de jeunesse, les arts, la philosophie… Sans prétendre à une définition exhaustive de ce concept mouvant, sans cesse construit, déconstruit et reconstruit par les historiens, sociologues, artistes, écrivains et autres créateurs, la question est de savoir ce qu'est et ce qu'a été la francité, comment elle a été imaginée, représentée et perçue, et comment elle continue à être diffusée à partir d’une variété de perspectives dans un contexte de globalisation qui est aussi celui de la valorisation d’identités transnationales. 

La francité, initialement définie par l'écrivain, penseur et homme politique sénégalais Léopold Senghor comme « l'esprit » de la culture et de la civilisation françaises (1968), est un concept complexe qui s’étend dans divers espaces francophones à l’« ensemble des traits spirituels et affectifs qui marquent la culture dont se réclament ceux qui parlent en français » (Martin Henry, 1976 : 134). Alors que des concepts similaires tels que la nordicité ou la lettonité reposent chacun sur un ensemble de caractéristiques plutôt homogènes liées à la position géographique voire à la culture nationale – la francité inclut le passé colonial, ce qui élargit ainsi ses frontières et inclut des individus d'autres origines et cultures. Cela diversifie et enrichit la notion de francité qui se décline au pluriel dans les expressions artistiques et littéraires.

Liée profondément à la langue française et son emploi au-delà de l’ancrage dans la Métropole, la francité peut être pensée en termes esthétiques d’une « recherche passionnée de formes nouvelles » (Andreï Makine, 2006 : 46) ou encore, comme certains chercheurs l’ont déjà avancé, en termes d’un domaine quasi-spirituel. De plus, si créer en français en France paraît aller de soi, la création dans la langue de Molière dans les pays tels que le Canada ou dans les Caraïbes ou ailleurs pose des problèmes qui situent la réflexion sur la francité dans un contexte socio-culturel et historique dans la mesure où le choix linguistique des auteurs relève souvent des préoccupations autres qu’esthétiques, reflétant le statut minoritaire de leur langue de préférence, voire sa réalité post-coloniale. Dans les pays dans lesquels le français n’est pas une langue parlée voire officielle et qui ne sont pas historiquement et/ou directement liés à l'espace francophone, la langue française et la culture qui l'accompagne attirent non seulement les individus, mais stimulent également la formation de microsociétés, à travers lesquelles la francité est popularisée dans la société au sens large, créant ainsi un produit spécifique de réception. 

Or, la migration des cultures et l'intégration de porteurs de la francité dans un espace exogène engendrent des récits qui révèlent des expériences diverses de l'interaction de la francité et d’autres cultures dans les expressions artistiques. La francité apparaît alors comme un processus d'hybridation reposant sur un ensemble de traits culturels en constante évolution.

 
Les axes possibles pour les contributions incluent, sans s’y limiter :

 Axe 1 : Constructions françaises de la francité

Quelles représentations de la France les artistes français proposent-ils dans leurs œuvres ? Ces représentations sont-elles en décalage par rapport aux représentations exogènes ou se nourrissent-elles mutuellement les unes les autres ? En quoi ces représentations endogènes contribuent-elles à la construction de la francité et au rayonnement culturel et patrimonial de la France d’hier et d’aujourd’hui ? Comment la francité philosophique intègre-t-elle ou rejette-t-elle les idées des autres cultures ?

Comment, d’autre part, les représentations endogènes déconstruisent-elles la notion d’une francité historiquement idéologisée destinée à promouvoir une certaine image de la France ? Comment la francité et le nationalisme culturel interagissent-ils, quels aspects controversés cette interaction crée-t-elle ? De quelle façon les artistes français évoquent-ils la mise au pluriel de la francité hexagonale en parlant plutôt des francités de la France, celle du Midi et celle du Nord ? Une francité parisienne ? Le rôle du terroir dans l’élaboration d’une francité à la française ? 
 
Axe 2 : Réception de la francité dans l’espace exogène

Comment est représentée la francité dans les arts et la littérature ? Quels mythes ces représentations construisent ou déconstruisent-elles ? En quoi ces représentations constituent-elles en creux un miroir de la culture réceptrice ? En quoi la traduction des œuvres françaises peut-elle apparaître comme l'héritière des "belles infidèles" dans la mesure où le linguiste se fait passeur de textes et de cultures en explicitant parfois des références pour ses lecteurs ? Comment appréhender d’un point de vue diachronique l’évolution de la francité dans les arts et la littérature propres à un pays ou à une zone culturelle ? Comment les traductions de textes littéraires et théoriques et de lexiques adoptés et assimilés de la langue française participent-ils à la représentation de la francité ? 

La philosophie française, de la philosophie rationnelle de Descartes à la déconstruction du poststructuralisme, a considérablement influencé le développement de la pensée intellectuelle mondiale. Comment la francité philosophique nous incite-t-elle à penser la contemporanéité et à conceptualiser la situation actuelle et le présent ?

Le français utilisé dans la diplomatie a-t-il laissé sa marque de francité dans ce domaine d'activité ? L'art/les compétences des relations diplomatiques et de la communication dans l'espace international ont-ils été influencés par la tradition française et la francité ?

Quel rôle jouent les institutions et les microsociétés basées sur l'initiative des intéressés dans le rayonnement de la francité ? Quels aspects spécifiques de la francité sont privilégiés et promus ?

 Axe 3 : Mythes et stéréotypes constitutifs de la francité 

Comment certaines figures littéraires, artistiques ou historiques françaises sont-elles transformées en personnages ou érigées en mythes dans les productions littéraires ? En quoi certaines pratiques culturelles françaises (ex : la gastronomie), certains événements stéréotypés par leur réception médiatique ou historique (ex : la Révolution française, les grèves) ou certaines représentations stéréotypées de la France (ex : pays du goût raffiné, du parfum, de la mode, du « French kiss ») participent-elles à la construction de la francité ?

Si l’exemple ci-dessus signale la francité hexagonale, il va sans dire que du Carnaval de Martinique au Ti’ punch, du drapeau fleurdelisé québécois au joual, en passant par la Frite belge, Tintin et les Schtroumpfs, la mise au pluriel de l’hétérogénéité francophone invite à considérer une variété de mythes et stéréotypes constitutifs propres à toute francité (belge, acadienne, louisianaise, québécoise, sénégalaise, antillaise, etc.) 
 
Axe 4 : Formes et enjeux de la francité dans la littérature de jeunesse 

Champ complexe dont les héros et les héroïnes migrent avec facilité d’une culture à une autre, la littérature de jeunesse est souvent pensée en termes de son potentiel d’inspirer aux lecteurs le sens d’appartenance à une culture et un patrimoine spécifiques. Les héros et héroïnes des livres de jeunesse du passé ou contemporains reflètent à la fois les préoccupations esthétiques et socio-politiques de leur pays d’origine, alors que les tensions constitutives de ce champ littéraire transnational participent à la construction d’une francité contemporaine à multiples visages. Or, quelles représentations de la francité les écrivains pour la jeunesse élaborent-ils en dans leurs œuvres ? En quoi ces représentations contribuent-elles à la construction culturelle et patrimoniale des jeunes lecteurs ? Dans quelle mesure ces créations perméabilisent le marché international et, inversement, quel est l’apport des ouvrages allochtones pour les jeunes lecteurs, citoyens en herbe ?

 
Modalités de contribution :

Nous accueillons des contributions qui s’appuient sur une gamme d’approches théoriques et méthodologiques, y compris la critique littéraire, l’histoire de l’art, les études cinématographiques et les études culturelles. 

Les propositions inédites d’environ 250 mots sont à envoyer à colloqueRiga2024@gmail.com en français ou en letton.  

Les propositions doivent indiquer le titre, le nom de l’auteur, l’affiliation académique et l’adresse électronique de correspondance.

Les communications ne devront pas excéder 20 minutes.

À l’issue du colloque, une sélection de textes fera l’objet d’une publication dans un volume collectif ou dans un numéro spécial d’une revue.
 

Langues de travail : letton et français avec traduction simultanée


Dates clés :

Date limite pour l’envoi des propositions : 1er novembre 2023.

Date d’acceptation : 11 décembre 2023.

Colloque : 25 et 26 avril 2024.

Envoi du texte de la communication pour la publication : 30 septembre 2024

 
Comité organisateur : Elisabeth Lamothe, Nadège Langbour, Lara Popic, Simona Valke, Kinga Zawada

 
Comité scientifique :

Dace Bula (Université de Lettonie)

Bokra Charnay (Université de Lille)

Thierry Charnay (Université de Lille)

Igors Gubenko (Université de Lettonie)

Elisabeth Lamothe (Université du Mans)

Nadège Langbour (Université du Mans)

Lara Popic (Université Métropolitaine de Toronto)

Simona Valke (Université de Lettonie)

Mirella Witek (Université Métropolitaine de Toronto)

Kinga Zawada (Université Métropolitaine de Toronto)


 
Ouvrages cités :

Henry, Albert. 1976. « Francophonie et Francité, autrefois... aujourd'hui ». Bulletin de la Classe des lettres et des sciences morales et politiques (Bulletins de l’Académie Royale de Belgique). Tome 62, pp. 132-154.

Makine, Andreï. 2006. Cette France qu’on oublie d’aimer. Paris : Points.

Senghor, Léopold Sédar. (1966) 1968. « La francophonie comme culture ». Études littéraires. Vol. 1, nº1, avril. Québec : Presses de l’Université Laval.