Appel à contributions pour un projet d'ouvrage collectif intitulé "Le sens culturel des choses"
Appel à contributions pour un projet d'ouvrage collectif sur "Le sens culturel des choses"
Argumentaire
Le défi renouvelé d’une humanité qui s’interroge, interroge et évalue les marqueurs de l’univers semble fonder la nécessité d’une prise d’altitude pour transcender les limites du naturel. Ainsi, la conscience d’un vernis, qui densifie la surface des acquis de l’humain, devient un enjeu majeur et d’un enjeu audacieux pour le sujet aussi bien dans sa dimension individualiste que dans son approche collectiviste.
Dès lors, se dessinent, en filigrane, les reliefs saillants de la notion de "culture" dont la résonance référentielle est tout à la fois proche et lointaine, saisissable et labile, unitaire et diffractée, singulière et plurielle, interdisciplinaire et métadisciplinaire, dé-brouillée et em-brouillée...
De Cicéron à Edgar Morin, en passant par le projet humaniste porté par la formule latine « Cultura fabricatur homines », la culture imbibe les arts de vivre, les ordres de savoirs et les horizons de pensée.
En réalité, le mot « culture » procède de deux souches latines à sécrétion variable : d’une part, "cultura" qui charrie l’entendu d’un travail de la terre par lequel l'homme en améliore la production et en tire des résultats qu'elle n'aurait pas donné spontanément et d’autre part, "colere" qui traduit l’idée d’un processus par lequel l'homme développe ses facultés intellectuelles et s'extrait de l'état où il serait spontanément resté, par analogie avec la prime acception.
Les anfractuosités germaniques du concept énoncent l’évidence de ce que la culture revêt le double sens de Bildung (culture individuelle) et de Kultur (patrimoine social, linguistique, artistique, esthétique, économique, philosophique caractérisant l’identité d’un peuple).
Quelle que soit sa trajectoire, individualiste ou collectiviste, la culture apparaît comme un déterminant aussi inévitable qu’ineffable dans la mesure où la marche dynamique de l’humain le destine à un enrichissement, à une acquisition, à un ajout de son existant expérientiel.
Vu sous cet angle, « l'homme est un être culturel par nature parce qu'il est un être naturel par culture. » (Edgar Morin, 1973) Pour le philosophe français, il est vil de disjoindre Nature et Culture d’autant plus que la clé de la culture est dans notre nature et que précisément la clé de notre nature est dans la culture. En d’autres termes, le vernis culturel est consubstantiel à la matrice de l’étant : il l’imbibe profondément.
Il en découle un substrat ou un bassin anthropologique dont la transcendance permet de saisir les lignes universelles du magma culturel. Notre imaginaire anthropomorphique en est marqué. C’est justement cette matrice commune qui structure et modélise le vécu des communautés humaines qu’il est convenu d’appeler « universaux culturels » (Donald E. Brown, 2004).
Cependant, par-delà les schèmes identiques qui nivellent certaines croyances et/ou pratiques des peuples, il est à observer une lecture différentielle ou particularisante des énoncés qui peuplent l’univers de nos anthropophanies.
Ainsi, la symbolique particulariste des couleurs d’un peuple à un autre (le noir, le blanc, le rouge ou le violet convoqués lors des rites funéraires), le versant philique ou la posture phobique d’idéologies/pratiques (regard sur les communautés minoritaires, problématiques sur le genre et ses dérivés), le foyer analytique de nombre d’énoncés qui appellent des pénétrations polyangulaires, même au sein d’une même discipline (valences esthétiques, semiosis idéologiques, approches historiques, regards philosophiques, exploitations sociologiques, décryptages mythiques …), entre autres, achève de convaincre sur le positionnement catégoriel de la création autant que sur l’identité ipséitaire de la réception. Ces deux pôles semblent alors se laisser innerver des courbures de la culture. Au fond, l’approche variable d’interprétation et de pénétration d’un support procède du vernis culturel de l’interprétant. Finalement, les sens, l’intellect, les percepts sont culturogènes.
Au regard de ce qui précède, il paraît idoine d’indiquer qu’il n’est de réalités naturelles, de créations humaines, d’événements, de quelque ordre que ce soit, dont l’herméneutique et le traitement exégétique ne prendraient racine au cœur de l’enveloppe culturelle qui les porte, les conditionne et les féconde.
C’est cela qui sous-tend la philosophie du « sens culturel des choses » comme source, sommet et finalité de tout discours de/sur l’humain. En clair, les problématiques prégnantes de notre humanitude charrient une once culturelle dont la saisie ou la saisine, au gré de leur dynamisme et de leur vitalité, saura éclairer et dompter l’économie discursive de nos entendus.
Quelques pistes de réflexion
Axe 1 : Brachylogie de l’imaginaire et magma culturel
Axe 2 : Substrat culturel des occurrences médiatiques et des défis technologiques
Axe 3 : Intelligibilité des matrices juridique, anthropologique et philosophique à l’aune du phare culturel
Axe 4 : Influence(s), création et identité des produits artistiques : l’empire du culturel
Axe 5 : Le défi culturel de l’altérité
Axe 6 : Praxéologies et figuration du culturel dans la littérature et les arts
Axe 7 : Le dire culturel des mythes
Axe 8 : Géoculturalité des espaces et création littéraire.
Calendrier du projet
Publication de l’argumentaire du projet : 11 Mai 2023
Soumission des résumés au comité scientifique : 30 Juin 2023
Retour de validation des résumés : 10 juillet 2023
Soumission des articles au comité scientifique : 02 septembre 2023
Retour des textes aux auteurs après instruction : 23 septembre 2023
Renvoi définitif des textes au comité scientifique : 30 septembre 2023
Envoi des tirés-à-part et publication de l’ouvrage : 22 novembre 2023
Modalités de soumission
Les propositions de contribution (résumé), de 500 signes maximum, devront être soumises aux adresses suivantes : kmedard3@gmail.com ; ngbofair@gmail.com
Elles devront être accompagnées d’une biobibliographie succincte de l’auteur ou des auteurs de l’article.
Le protocole de rédaction de l’article procède des exigences aux normes éditoriales (NORCAMES).
Bibliographie
Cicéron (trad. du latin par José Kany-Turpin, préf. José Kany-Turpin), De divinatione, Paris, Flammarion, 2004, 388 p.
Edgar Morin, Le Paradigme perdu. La nature humaine, Paris, Seuil,1973, 256 p.
Comité scientifique
COULIBALY Adama (PT) Université Félix Houphouët-Boigny
DIOP Papa Samba (Pr.), Université Paris-Est Créteil
GOUAFFO Albert (PT / HDR), Université de Dschang
KONANDRI Virginie (PT), Université Félix Houphouët-Boigny
KOUAKOU Jean-Marie (PT), Université Félix Houphouët-Boigny
MADEBE Georice Bertin, (DR /HDR), IRSH / Gabon
MAMBENGA-YLAGOU Frédéric (MC / HDR), Université Omar Bongo
MANGEON Anthony (Pr.), Université de Strasbourg
MBONDOBARI Sylvère (MC), Université Omar Bongo
MOUKAGA Hugues (PT), Université Omar Bongo
OBIANG Ludovic (DR/HDR), IRSH Gabon
RENOUPREZ Martine (Pr.), Université de Cadix
ROPIVIA Marc-Louis (PT), Université Omar Bongo
SISSAO Alain (DR), CNRST Ouagadougou
TONDA Joseph (PT / HDR), Université Omar Bongo.