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Seuils et lieux de passage / Thresholds and crossing points (Fantasy Art and Studies)

Seuils et lieux de passage / Thresholds and crossing points (Fantasy Art and Studies)

Publié le par Marc Escola (Source : Viviane Bergue)

(English version below)

Traverser des mondes est récurrent pour les personnages de la Fantasy et, plus particulièrement, de la Low Fantasy (sous-genre fortement exploité par les littératures de jeunesse dans lequel les intrigues se déroulent en totalité ou en partie dans notre monde quotidien). Les œuvres de ce genre sont aussi nombreuses à faire voyager les héros d’un espace à un autre par le biais de portes, de tunnels, de fenêtres, de portails ou de moyens de transport spécifiques.

Que l’on songe au terrier du lapin blanc dans lequel chute Alice avant de découvrir le Pays des merveilles de Lewis Carroll, au livre qui permet à Bastien de plonger au Pays Fantastique de L’Histoire sans fin ou au Poudlard Express qui emmène Harry et ses camarades dans le monde des sorciers chez J. K. Rowling, les espaces du seuil témoignent de formes plurielles. Ils se situent à la frontière entre plusieurs mondes, à un carrefour, et sont d’une importance fondamentale. Grâce à eux, les personnages gagnent un territoire imaginaire, lieu de tous les possibles. Pour les lecteurs et lectrices, l’objet-livre lui-même permet le passage d’un espace premier (notre réalité – le monde primaire) à un espace second (un univers fictif – ou monde secondaire) (voir J. R. R. Tolkien, « On Fairy Stories », in Tree and Leaf, Londres, HaperCollinsPublishers, 2001 [1964, 1975, 1988]). À cette aune, le livre peut être considéré comme un seuil et présenter différentes stratégies qui facilitent le passage, notamment grâce aux annexes.

Certains objets se prêtent de façon très concrète aux traversées et quelques-uns d’entre eux sont utilisés de manière récurrente pour symboliser le passage. Pensons aux moyens de transports conventionnels (train, voiture, etc.) dont l’usage peut être détourné par magie, aux objets qui reflètent ou miment notre réalité (miroir, tableau), mais également à ceux qui comportent une ouverture (porte, fenêtre, armoire, coffre…). Toutefois, les passages peuvent aussi avoir lieu dans des espaces immatériels et intimes. Ainsi Ewilan voyage par le biais d’une dimension mentale, l’Imagination, chez Pierre Bottero (La Quête d’Ewilan), Myri arpente en esprit le monde des songes dans L’Arpenteuse de rêves d’Estelle Faye, tandis qu’Aléa se rend dans celui de Djar dans La Moïra de Henri Lœvenbruck. Des tempêtes, qui génèrent un mouvement considérable, permettent également des traversées, comme dans La Légende des Douze royaumes de Fuyumi Ono ou Le Magicien d’Oz de L. Frank Baum. Les différentes façons de voyager – par l’esprit, un évènement climatique ou grâce à un objet – sont parfois signifiantes et révèlent les pouvoirs d’un personnage. Certains d’entre eux sont ainsi des « passeurs » et ouvrent les portes des différents mondes, à l’instar du mage Loren Mantel d’Argent dans La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay.

En ce qu’ils se situent souvent entre différents mondes, nous pourrions nous demander si les lieux de passage recueillent les caractéristiques des environnements entre lesquels ils créent un pont. La géographie des seuils, comme la configuration de ces lieux par rapport aux autres espaces, se prête à un examen attentif. Comment les représenter, quelles formes prennent-ils ?

Espaces de l’entre-deux, les seuils impliquent un mouvement. Ils constituent bien souvent des étapes, des lieux intermédiaires permettant de se rendre d’un endroit à un autre. Pour autant, sont-ils foncièrement réservés aux traversées ? Peuvent-ils être habités et investis de façon pérenne par des personnages ? Le château mouvant de Diana Wynne Jones (Le Château de Hurle) ou le Pays d’Ys d’Erik L’Homme (Le Livre des étoiles) nous invitent à le penser. En s’établissant dans ces ailleurs, les personnages deviennent-ils alors des figures marginales, hors normes ?

Ce nouveau numéro de Fantasy Art and Studies propose d’interroger les seuils et lieux de passage de la Fantasy, des plus communs aux plus singuliers, et peut-être d’en dégager une typologie.

Les articles pourront, entre autres, explorer les pistes suivantes :

  • la représentation des lieux de passage et leurs relations aux autres espaces d’un univers fictionnel, les objets et moyens de locomotion qui permettent le passage, les Fantasy Maps,
  • le rôle des lieux de passage dans la narration,
  • la symbolique des lieux de passage et leurs rapports au personnage,
  • la récurrence de certains seuils de Fantasy et leur héritage littéraire,
  • les nouveaux seuils : le caractère insolite des passages ou leur détournement humoristique.

Les propositions d’articles en français ou en anglais, d’environ 2.000 signes, seront accompagnées d’une brève présentation bio-bibliographique, et devront être envoyées au format .doc ou .docx au plus tard le 30 juin 2023 à l’adresse suivante : fantasyartandstudies@outlook.com

Après acceptation par le comité de lecture de la revue, les articles complets, d’une longueur de 30.000 signes maximum (espaces et notes comprises), en français ou en anglais, seront attendus pour le 4 septembre 2023. Ils seront rédigés au format .doc, Times New Roman corps 12, interligne simple.

Merci de consulter les consignes détaillées de mise en forme avant tout envoi : https://fantasyartandstudies.files.wordpress.com/2020/05/consignes-de-mise-en-forme.pdf

Bibliographie indicative
Cantrell, Sarah K., « When Worlds Collide: Heterotopias in Fantasy Fiction for Young Adult Readers in France and Britain », Thèse de doctorat, Université de Caroline du Nord, 2010.

Deschênes-Pradet, Maude, Duret, Christophe (dir.), Habiter les espaces autres de la fiction contemporaine : Utopies, dystopies, hétérotopies, Sherbrooke, Éditions de l’Inframince, 2022.

Foucault, Michel, « Des espaces autres ». Conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967, Architecture, Mouvement, Continuité, n° 5, 1984, p. 46-49.

Jourde, Pierre, Géographies imaginaires, Paris, José Corti, 1991.

Tally, Robert T., Geocritical Explorations. Space, Place, and Mapping in the Literary and Cultural Studies, New York, Palgrave Macmillan, 2011.

 
For Fantasy fiction characters, crossing worlds is rather common, especially in Low Fantasy which is heavily featured in children’s literature, where plots take place wholly or partly in our everyday world. Many works in this genre also have the heroes travel from one space to another through doors, tunnels, windows, portals or specific means of transport.

Threshold spaces display a variety of forms: think of the white rabbit hole into which Alice falls before discovering Lewis Carroll’s Wonderland, the book that allows Bastien to dive into the Fantastic Land of The Neverending Story, or the Hogwarts Express that takes Harry and his friends into the Wizarding World in J. K. Rowling’s work. They are located at the border between several worlds, at a crossroads, and are of fundamental importance. Through them, the characters enter an unchartered territory, a place of all possibilities. For readers, books themselves allow the passage from a primary space (our reality – the primary world) to a secondary space (a fictional universe – or secondary world) (see J. R. R. Tolkien, « On Fairy Stories », in Tree and Leaf, London, HaperCollinsPublishers, 2001 [1964, 1975, 1988]). In this respect, books can be seen as a threshold and offer different strategies that smooth the crossing, especially through their appendices.

Some objects are particularly suitable for crossing, and some of them are used repeatedly to symbolise the passage. Think of conventional means of transport (train, car, etc.) whose use can be magically diverted, of objects that reflect or mime our reality (mirror, painting), but also of those that have an opening (door, window, cupboard, chest, etc.). However, thresholds can also take place in immaterial and intimate spaces. Thus Ewilan travels through a mental dimension, the Imagination, in Pierre Bottero’s La Quête d’Ewilan, Myri wanders in spirit through the world of dreams in Estelle Faye’s L’Arpenteuse de rêves, while Aléa goes to Djar’s world in Henri Lœvenbruck’s La Moïra. Storms, which generate considerable movement, also allow crossings, as in Fuyumi Ono’s The Twelve Kingdoms or L. Frank Baum’s The Wizard of Oz. The different ways of travelling – through the mind, a climatic event or an object – are sometimes significant and reveal a character’s powers. Some of them are thus able to open doors to different worlds, like the mage Loren Silvercloak in Guy Gavriel Kay’s The Tapestry of Fionavar.

Because they are often located between different worlds, we might wonder whether threshold places take on the characteristics of the environments between which they create a bridge. The geography of thresholds, like the configuration of these places in relation to other spaces, requires careful examination. How can they be represented, what forms do they take?

As spaces of the in-between, thresholds imply movement. They often serve as stages, as intermediate places for getting from one place to another. However, are they fundamentally dedicated to crossings? Can they be inhabited and occupied in a permanent way by characters? Diana Wynne Jones’s moving castle (Howl’s Moving Castle) or Erik L’Homme’s Land of Ys (Le Livre des étoiles) invite us to think so. By settling in these other places, do the characters then become marginal figures, outside the norm?

This new issue of Fantasy Art and Studies aims to question the thresholds and places of passage in Fantasy fiction, from the most common to the most singular, and possibly to identify a typology.

Papers may explore (but not be restricted to) the following areas:

  • the representation of threshold spaces and their relations to other spaces in a fictional universe, objects and means of locomotion that allow crossing, Fantasy Maps,
  • the role of thresholds in the narration,
  • the symbolism of the thresholds and their relationship to the character,
  • the recurrence of certain thresholds in Fantasy fiction and their literary heritage,
  • new thresholds: the unusual character of the passages or their humorous diversion.

Paper proposals of approximately 2.000 signs, written in English or French, will be accompanied by a short biography and sent in .doc or .docx format by 30 June 2023, to fantasyartandstudies@outlook.com

The complete papers will not exceed 30.000 signs (space and endnotes included). They will be written in English or French, and sent in .doc format, Times New Roman 12pts, single-line spacing, by 4 September 2023.

Please check our submission guidelines before forwarding your paper: https://fantasyartandstudies.files.wordpress.com/2020/05/submission-guidelinesen.pdf

Informative bibliography
Cantrell, Sarah K., « When Worlds Collide: Heterotopias in Fantasy Fiction for Young Adult Readers in France and Britain », Thèse de doctorat, Université de Caroline du Nord, 2010.

Deschênes-Pradet, Maude, Duret, Christophe (dir.), Habiter les espaces autres de la fiction contemporaine : Utopies, dystopies, hétérotopies, Sherbrooke, Éditions de l’Inframince, 2022.

Foucault, Michel, « Des espaces autres ». Conférence au Cercle d’études architecturales, 14 March 1967, Architecture, Mouvement, Continuité, n° 5, 1984, p. 46-49.

Jourde, Pierre, Géographies imaginaires, Paris, José Corti, 1991.

Tally, Robert T., Geocritical Explorations. Space, Place, and Mapping in the Literary and Cultural Studies, New York, Palgrave Macmillan, 2011.