Actualité
Appels à contributions
Faut-il brûler Voltaire ? (Cerisy-la-Salle)

Faut-il brûler Voltaire ? (Cerisy-la-Salle)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Gerhardt Stenger)

Faut-il brûler Voltaire ?

Appel à contributions pour un Colloque international

27 juin - 3 juillet 2024

Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle

Responsables :

Linda Gil et Gerhardt Stenger

Comité d’organisation :

Stéphanie Gehanne-Gavoty (CELLF, Sorbonne-Université), Gilles Montègre (LUHCIE, Université Grenoble-Alpes), Stéphane Pujol (PLH, Université Toulouse-Jean Jaurès), Alain Sandrier (LASLAR, Université Caen-Normandie).

 
Dans le prolongement de la préparation d’un volume consacré aux rééditions des écrits de Voltaire et d’une enquête annuelle consacrée à Voltaire au Panthéon, publiée depuis trois ans dans les Cahiers Voltaire, nous souhaitons explorer les aléas de la réception des écrits et de la pensée du philosophe de Ferney. La réception, l’image et l’héritage de Voltaire sont toujours aussi problématiques aujourd’hui qu’en 1778 ou en 1874, date à laquelle Eugène Labiche lançait cet anathème provocateur à travers une comédie désopilante (Brûlons Voltaire !). L’histoire de cette réception polémique se confond avec l’histoire politique de la France. Voltaire est devenu, davantage qu’un auteur classique, une icône, un nom que l’on invoque lors des manifestations au lendemain des meurtres des journalistes de Charlie Hebdo ou des attentats du 13 novembre, pour rappeler les valeurs de justice, de laïcité, de tolérance et de liberté d’expression qui sont celles de la République française. Cette rencontre souhaite d’abord revenir sur l’histoire de cette réception complexe ainsi que des manipulations de l’image de Voltaire qui font dire aujourd’hui à un journaliste historien qu’« à scruter certains de ses écrits, comme son Dictionnaire philosophique, soigneusement épuré depuis, on découvre un être cupide, misogyne, homophobe, hostile aux Juifs et à Mahomet » (Jean-Marc Albert, Valeurs actuelles, 8 août 2020). Comment retrouver l’unité dans cette œuvre, dans la trajectoire de cet homme, qui permette de le lire sans le dénaturer, sans l’amputer, sans le dévitaliser ?

Au-delà de cette réception polémique que nous désirons interroger et informer, et des possibilités de lire tout Voltaire aujourd’hui, ce colloque souhaite revenir, à travers le cas de cet écrivain emblématique, sur la formation de l’image de l’intellectuel au 18e siècle, c’est-à-dire aux fondements de notre modernité, par l’intermédiaire des relectures de textes peu connus aujourd’hui. Comment Voltaire est-il devenu le maître à penser de la génération des encyclopédistes et, après eux, de tant de « gens de bien », pour reprendre une expression qui revient régulièrement dans sa correspondance avec Diderot ? Comment a-t-il construit l’autorité de sa parole, proposant à son lecteur une éducation au questionnement critique et à l’émancipation intellectuelle par l’usage de la raison, revendiquant le droit du philosophe à « oser avoir une opinion » sur la res publica, instaurant l’usage du rire politique conçu comme poétique et comme éthique, et posant cette question toujours si actuelle : « La philosophie peut-elle réparer les maux affreux qu’a faits la superstition ? »

C’est cette modernité, cette actualité de Voltaire dont nous souhaitons débattre lors de ce colloque, à travers des approches de son usage de la langue, des mots, des styles, pour en jouer, pour rire et pour penser. Inépuisable inventeur de formes, de fictions, de personnages, de postures, de pseudonymes et de marionnettes, Voltaire a été et s’est voulu avant tout un poète, épique, tragique, mondain et intime à la fois. Ce mélange des genres, sans cesse combiné dans de nouvelles propositions littéraires et éditoriales, médiatisé par une correspondance et des textes d’escorte tous plus facétieux les uns que les autres, reste encore méconnu du grand public. Nous chercherons à redécouvrir cette modernité de l’artiste et du penseur. Éditions, réception, images, lectures, réécritures, usages culturels et politiques de Voltaire d’hier à aujourd’hui constitueront un second axe de nos discussions. Les questions sociales et économiques, religieuses et philosophiques les plus actuelles formeront le troisième temps, et ce sera certainement l’enjeu crucial de ces rencontres, avec le programme d’une traversée de l’œuvre qui permettra, tout en explorant les aspects conservateurs de sa pensée, faits de préjugés personnels et culturels de son temps, de mettre au jour des visages méconnus de Voltaire, poète emprisonné, voyageur clandestin sous mandat d’arrestation, européen, altruiste, féministe, laïc, entrepreneur, écologiste, végétarien, penseur de la condition animale, tenté par le matérialisme, et peut-être même athée et républicain, un Voltaire « indéfiniment actuel », pour reprendre les mots de Paul Valéry.

Pour parler de ces questions, nous invitons les chercheurs et universitaires français et étrangers spécialistes de Voltaire (historiens, philosophes, littéraires), mais aussi des artistes et des intellectuels (écrivains, éditeurs, avocats, journalistes, hommes politiques, hommes de théâtre) à nous adresser leurs propositions qui pourront prendre la forme d’une conférence, d’une communication, d’une participation à une table ronde ou encore d’une performance théâtrale ou musicale. 

Les colloques de Cerisy : une tradition centenaire

À la différence des colloques universitaires habituels, ce colloque privilégiera les échanges et la convivialité, dans un cadre historique particulièrement agréable, comme c’est l’habitude pour les colloques de Cerisy. C’est pourquoi il accueillera, non seulement les chercheurs dont la proposition de communication aura été retenue, mais également des auditeurs et des étudiants, qui pourront ainsi bénéficier eux aussi des conférences proposées et des rencontres, mais également du cadre exceptionnel de ce château, comme de la campagne normande alentour.

Pour voir les lieux et apprécier l’ambiance des colloques de Cerisy, voici le lien vers le site du Centre culturel international de Cerisy La Salle, où vous trouverez un film de la réalisatrice Valeria Lumbroso, qui présente l’histoire maintenant centenaire de l’aventure culturelle et familiale Pontigny-Cerisy et donne un aperçu de la vie quotidienne lors des colloques.

La vie collective et les échanges prolongés accroissant la qualité du travail et favorisant des liens durables, il est recommandé que, selon l’heureuse formule de Cerisy, les contributeurs participent à la totalité du colloque ou, si cela leur est vraiment impossible, au moins à trois journées.

Modalités pratiques et calendrier

Les propositions (une page environ) accompagnées d’une bio-bibliographie, sont attendues au plus tard le 1er septembre 2023 et sont à adresser conjointement à linda.gil@univ-montp3.fr et gerhardt.stenger@univ-nantes.fr.

Le nombre de communications étant limité dans cette formule de colloque, seules une quinzaine de propositions, parmi toutes celles que nous aurons reçues, seront retenues pour leur qualité scientifique.

Les inscriptions proprement dites au CCIC (pour les contributeurs comme pour les auditeurs libres) seront ouvertes le 15 mars 2024 au moyen du bulletin d’inscription que vous trouverez sur le site web de Cerisy (www.ccic-cerisy.asso.fr) et sur le programme papier qui vous sera adressé. Il conviendra alors d’adhérer à l’Association, le paiement du séjour devra être effectué un mois avant le colloque.

Participation aux frais

Forfait tarif plein (six jours en pension complète) : 690 € 
Réduction de 50% pour les doctorants.
Contributeurs (auteurs des conférences et communications retenues) : Le montant d’une journée en pension complète sur six (115 € pour les contributeurs de plus de 28 ans, 58 € pour les contributeurs doctorants) est déduit du forfait. Les participants devront également financer leurs frais de transport. En outre, l’adhésion à l’Association des amis de Pontigny-Cerisy (AAPC) est obligatoire (Membre actif : 50 € ; étudiant(e) de moins de 28 ans : 10 €).

Pour les doctorants, il est rappelé qu’ils peuvent être pris en charge partiellement par le laboratoire ou l’École doctorale dont ils dépendent, conformément à la Charte qu’ils y ont signée.