Actualité
Appels à contributions
La beauté (Congrès 2023 de la Société Française d'Esthétique)

La beauté (Congrès 2023 de la Société Française d'Esthétique)

Publié le par Marc Escola (Source : Maud Pouradier)

La beauté

Appel à communications pour le congrès 2023 de la Société Française d'Esthétique

24 juin 2023, en Sorbonne, Salle des actes

L’actuelle discipline philosophique nommée « esthétique » est l’héritière de deux questions : celle sur la nature de l’œuvre imitative (qu’évoquent la République de Platon et la Poétique d’Aristote), dont le centre de gravité est notre relation éthique et cognitive aux œuvres imitatives, et celle sur la beauté (dont traitent le Banquet, le Phèdre, et quelques pages du livre M de la Métaphysique d’Aristote), dont le centre de gravité est plus nettement métaphysique. S’opposent la conception platonicienne, puis néoplatonicienne et médiévale, selon laquelle la beauté est une Idée, voire un transcendantal, et la conception aristotélicienne, puis stoïcienne, selon laquelle la beauté peut être pensée mathématiquement comme une forme de proportion ou d’harmonie.

C’est à la faveur du concept de bel art que la théorie de l’art devient une métaphysique du beau (ce dont Panofsky a rendu compte dans Idea). L’opposition entre la production du beau et l’imitation de la nature est surmontée grâce au concept d’idéal. On passe de la Renaissance classique au maniérisme lorsque cette synthèse ne paraît plus convaincante. L’idéal de beauté est alors l’intuition créatrice d’un génie. Il n’a plus d’ancrage dans la réalité naturelle.

Comme le souligne Jacques Rancière dans Le Partage du sensible, le paradigme esthétique naît lorsque la beauté et l’art ne sont pas seulement associés dans la théorie du bel art, mais sont associés à un certain mode du sentir : selon l’abbé Du Bos, le beau est un sentiment, et l’art est identifié grâce à la qualité de ce sentiment. Sur le plan ontologique, la beauté n’est plus une Idée ou la proportion réelle d’un objet, mais une qualité seconde. Sa réalité devient problématique, et il convient de la distinguer d’autres sentiments plaisants. La beauté devient alors une catégorie plus large, incluant l’élégant, le joli, le grâcieux, ou encore le spirituel.

On passe à la Modernité lorsque la beauté devient « bizarre », selon le mot de Baudelaire, ou tout simplement facultative. Sa bizarrerie peut reposer sur son extrême formalisme – on songe à Flaubert, à Mallarmé – ou sur sa parenté avec le fantastique. Dans les deux cas, la beauté n’est plus vraiment plaisante. Sa relation à l’ornement devient problématique : William Morris tente de la défendre, tandis qu’Adolf Loos conçoit la beauté de manière non décorative.

La postmodernité se caractérise quant à elle par une relation ironique à la beauté, aisément rabaissée au rang de kitsch. La philosophie de l’art n’est plus une théorie du bel art. L’esthétique a pour objet un type d’expérience, dont la beauté n’est qu’une possibilité parmi d’autres, et pas nécessairement la plus intéressante. Il est remarquable que Langages de l’art de Goodman soit silencieux sur la beauté.

Désormais libérée de l’art et de l’esthétique, la beauté a suscité un nouvel intérêt théorique. Est-ce une projection subjective, ou une propriété ? Dans ce dernier cas, est-elle intrinsèque ou relationnelle ? Si elle est relationnelle, cela signifie-t-il que le goût pour la beauté a un intérêt adaptatif pour l’espèce humaine, voire pour d’autres espèces ?

Ces grandes césures masquent cependant une histoire plus complexe. Un contemporain de Du Bos comme Crousaz maintient que le beau peut être saisi par la seule raison, et de sang-froid. Diderot propose une synthèse entre l’imitation de la nature et la recherche du beau à la faveur d’un idéal conçu de manière matérialiste. À maints égards, les Cours d’esthétique de Hegel sont moins une esthétique, stricto sensu, qu’une métaphysique phénoménologique du beau. La Modernité n’est pas monolithique : la modernité formelle d’Ingres puise dans l’idéal de la beauté. L’avant-garde spiritualiste incarnée par Kandinsky n’abandonne nullement la beauté. Quant à la postmodernité, elle ne se réduit pas à Jeff Koons, et il serait excessif de ne voir dans l’art postmoderne qu’une dévaluation de la beauté en kitsch.

Les axes du congrès 2023 de la SFE seront les suivants :

·      La métaphysique et l’ontologie du beau.

·      L’histoire de l’idée de beau et de l’idée de bel art.

·      La beauté et ses autres : on s’intéressera tout autant aux modalités du beau (le grâcieux, le joli, le mignon, etc.) qu’aux contraires du beau (le laid, l’horrible, etc.).

·      Les nouvelles formes de beauté : quelles formes prend l’éventuelle recherche de la beauté chez les artistes contemporains ?

·      Les nouvelles approches philosophiques et théoriques du beau : esthétique évolutionniste, neuroesthétique, sciences cognitives, etc.
 
Comité scientifique :

Marc Cerisuelo, Pr. U. de Paris-Est Marne-la- Vallée

Alexandre Gefen, Directeur de recherche, CNRS – U. Paris 3

Maud Pouradier, Mcf, U. de Caen

Carole Talon-Hugon, Pr. Sorbonne Université

Modalités de soumission

Les propositions, rédigées en anglais ou en français, doivent comprendre :

·       la thématique retenue

·       le nom de l’auteur ou des auteurs

·       une présentation succincte de l’auteur ou des auteurs (100 mots maximum)

·       le titre

·       un résumé de 300 mots maximum

·       une liste de mots clés (5 maximum)

·       une bibliographie essentielle

·       l’engagement écrit et signé à s’acquitter des droits d’inscription de 50 euros au cas où la proposition serait retenue. Ils donnent droit à la participation au colloque et à la gratuité des déjeuners. NB : Les droits d’inscription des membres de la Société française d’esthétique à jour de leur cotisation sont de 25 euros.   

Elles seront envoyées au format pdf à Talon-Hugon : c.talonhugon@gmail.com

Date limite d’envoi des propositions : 25 mai 2023

Les réponses seront communiquées le : 30 mai 2023

Les communications, d’une durée de 30 minutes, seront tenues en anglais ou en français.

Aucun service d’interprétariat ou de traduction ne pourra être fourni.

Les frais d’hébergement et de transport sont à la charge des participants.