Langue et culture françaises au Venezuela et aux Amériques / L’art et l’intelligence artificielle
Appel à contributions pour la revue Synergies Vénézuéla Nº 9/2024
Langue et culture françaises au Venezuela et aux Amériques.
L’art et l’intelligence artificielle
Numéro coordonné par
Mariella Aïta (Université Simón Bolívar, Caracas, Venezuela) et Malissa Conseil (Université des Antilles)
Les mots sortent de la bouche de l’homme, les idées de son esprit et son écriture de ses mains. Cette logique tautologique n’est plus vraie depuis que l’intelligence artificielle est devenue l’outil obligatoire des rapports, des thèses et des manuscrits. La mémoire devient ainsi celle de cette intelligence et par conséquent celle des autres. Mais où est-elle véritablement ? Peut-on s’y référer pour faire face à l’oubli ? À qui appartient-elle ? La transmission est l’héritage de l’humain. Le ministre français délégué chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot rassurait sur l’inquiétude de son potentiel en la comparant au perroquet. L’intelligence artificielle ne serait qu’un perroquet capable de remplacer l’humain? Les artistes s’interrogent…il suffit d’y mettre des données et elle les reproduit à la perfection. Pourrait-elle écrire un roman ? Sans aucun doute, la réponse est oui puisqu’il s’agit de fictions narratives et de représentations imaginées ou inspirées de faits réels. Sa difficulté, s’il n’en existe qu’une, serait de pouvoir écrire le fragment car elle devrait se comprendre et s’imaginer, voire se créer, impossible ?
L’écriture du fragment, inscrite dans la dialectique de l’achèvement et du commencement par ce qu’il est de cette mémoire vivante que l’artiste produit dans son œuvre, pourrait-elle constituer un algorithme ? Certainement, quand l’artiste l’aura finalisée donc oui, il s’agit bien d’un perroquet et d’une reproduction. Il s’agira encore une fois d’en limiter la diffusion indirecte ou d’en interdire sa reproduction.
Mais l’œuvre d’art n’appartient plus à l’humain qui l’a créée, elle devient patrimoine universelle et de ce fait elle est dématérialisée donc fragmentée.
L’intelligence artificielle deviendra cet ensemble dispersé qui reprend forme quand on lui réclame du sens. Les artistes caribéens, des Amériques, issus de la ruine de l’histoire traumatique historique et en quête d’une histoire durable et d’ancrage malgré l’écrasement recherché de tous les fragments, tentent encore de fournir des œuvres plus riches et plus diverses en exprimant leur auto-identification. Voici encore là le supra de l’artiste, être connecté à ce qu’il est.
En vous invitant à cette réflexion de l’artiste caribéen et de son œuvre, nous cherchons cette synergie d’énergies de l’humain et de son expérience sur cette terre américaine où la Négritude a d’ores et déjà inscrit le fragment comme le signe de la création.
Les propositions d’analyses littéraires, didactiques et culturelles issues de la dialectique de ce fragment porteront leur contribution pour que l’humain transcende l’humanité qui nous divise dans ces questionnements qu’il a provoqués, dont il se nourrit et qui le bloque. Ces œuvres dont les fragments nous libèrent et nous font voyager dans l’univers, du réel irréel tout autant que l’intelligence artificielle, voire du dépassement parce qu’il est création. Ces propositions composeront sans aucun doute le nouveau deep learning (apprentissage profond) de Synergies Venezuela.
Modalités de soumission : Les propositions et articles sont à envoyer à l’adresse synergies.venezuela.redaction@gmail.com jusqu’au 30 décembre 2023.