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Appels à contributions
Reine Pokou, de la légende à l’histoire (Yamoussoukro, Côte-d'Ivoire)

Reine Pokou, de la légende à l’histoire (Yamoussoukro, Côte-d'Ivoire)

Publié le par Marc Escola (Source : Professeur LANGUI Konan Roger )

CENTRE DE POETIQUE ET D’ETUDE EN CONCEPTS ET LANGAGES

Appel à contributions

COLLOQUE INTERNATIONAL PLURIDISCIPLINAIRE : 

« REINE POKOU, DE LA LEGENDE A L’HISTOIRE »

Dans le cadre des activités académiques du Centre de Poétique et d’Etude en Concepts et Langages (C.P.E.C.L.), un colloque International Pluridisciplinaire sur la Reine Pokou se tiendra les 12, 13 et 14 septembre 2024 à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro/ Côte d'Ivoire.

Quel intérêt y a-t-il à accorder aujourd'hui, une attention particulière à l’icône historique ou légendaire d’un groupe social donné -alors même que le principe est de tendre vers l’intégration et la mondialisation qui requièrent aujourd’hui, une ouverture sur le monde ? 

En effet, le langage des civilisations est très souvent motivé par des faits saillants. Mais la saillance de l’histoire de la Reine Pokou et des baoulé est non seulement due au miraculeux qui entache les séquences du récit mais aussi aux choix et décisions objectifs de la Reine Pokou, personnage politique, personnage social et culturel. L’interprétation tendancieuse de ces faits opacifie leur claire perception tout en créant une confusion sur la portée et les valeurs pérennes à déduire pour construire les nouvelles sociétés. D’autre part, la variété des narratifs au sein du même groupe ethnique complexifie davantage la cohérence des faits en nuisant parfois à leur objectivité. Est-il possible d’envisager par exemple une synthèse des versions qui soit la plus proche possible de la réalité ?  

Par ailleurs, ce peuple constitue un noyau important de la société ivoirienne autant que dans son commerce avec les autres, il demeure un exemple certain d’interrelations ethniques. Egalement, il est la première communauté nationale en terme numérique selon les derniers chiffres du recensement, avec une population d’environ 5520000 personnes ; soit 23 % de la population ivoirienne. Aussi, le groupe baoulé fonctionne-t-il comme une nation avec une vingtaine de sous-groupes ethniques ayant un système social identique (Aro, Aro bo, wosu, akpassoua…). 

Au plan géographique, ce peuple occupe le centre du pays ; ce qui lui permet d’être en interconnexion avec la plupart des groupes ethniques du pays. Sa culture toute aussi foisonnante que dynamique, est recontextualisée par ce récit ; ce qui lui permet de montrer par ailleurs, un savoir-faire aussi bien dans la sculpture, la danse, le tissage des pagnes traditionnels, le travail de l’or et l’agriculture entre autres.  

Egalement, les baoulé ont résisté comme la plupart des peuples ivoiriens à la colonisation. On peut même noter que Félix Houphouët-Boigny, chef de tribu dans cette communauté, fut le premier président du pays. Il incarne d’ailleurs aujourd’hui encore, l’un des symboles de la dynamique sociale et l’essor économique de la Côte d’Ivoire.

Au demeurant, en amenant avec elle, le peuple baoulé, Abraha/Abran( ?) Pokou posait des actes que la postérité et, de façon générale, la Côte d’Ivoire actuelle peut et doit revendiquer comme valeurs pérennes de civilité, d’engagement politique, social et idéologique ; ce qui contrasterait avec une certaine glose colonialiste. Pokou demeure en à ce titre, une figure expressive de l’émancipation féminine négro-africaine d’autant plus que cette histoire exprime la dignité, le sens des valeurs, de l’honneur et une approche sociopolitique de la destinée humaine. 

Mais on doit à Maurice Delafosse, administrateur colonial et ethnologue, d’avoir fixé pour la première fois par écrit, dans Essai de manuel de langue agni (1901), une version écrite de cette histoire à laquelle il donne des allures de légende, d’épopée, de conte voire de mythe dégradé. Pourtant la trame du récit demeure, accompagnée de vestiges comme les attributs royaux, une cohérence autour des lieux de transit ou même parfois, sa tombe. 

Cette inconstance générique va du reste influencer de nouveau, les récits oraux originels et subvertir leur rapport au réel. C’est bien plus tard en 1977 qu’une version écrite retient le nom d’un historien ivoirien en la personne de  Jean-Noël Loukou, du reste membre de cette communauté. 

Au plan littéraire, des auteurs comme Bernard Dadié, Charles Nokan ou Véronique Tadjo ont tenté de faire de cette figure historique, une figure littéraire qui codifie et esthétise le récit. Au-delà de ces cas isolés, quelle est la responsabilité individuelle et collective des Ivoiriens (en général) dans la consécration d’une société nouvelle ?

En somme, dans l’histoire de la Reine Pokou, il y a d’un côté, l’attachement d’un peuple à sa Reine, et de l’autre, la conscience politique et humaniste d’une Reine qui va au-delà du sacrifice ultime en jetant dans les eaux en furie, son fils-ou son neveu- pour assumer le destin de ce peuple. Baouli ou Baoulè, un enfant mâle ou une fillette, son ‘’propre’’ fils ou son neveu peu importe ; que pouvons-nous tirer de ce pan de notre histoire au-delà de toute polémique ?

Voici l’objectif scientifique de ce colloque qui n’exclut pas des fouilles archéologiques. Il comprendra trois panels (le panel des universitaires, des gardiens de la tradition et des arts en général) et comprendra cinq (5) éditions consécutives. A part cette édition, les prochaines auront lieu lors des fêtes pascales pour muer par la suite en festivités culturelles et touristiques. 

Cette première édition invite les chercheurs des sciences humaines et sociales, des sciences juridiques, des mathématiques et de la médecine entre autres, autour de quelques axes de réflexion suggérés ici :

Axe 1 : Le baoulé au cœur de la confédération ashanti/au cœur de la société ivoirienne ;
Axe 2 : Le peuple baoulé : migration, reconstitution et la société ivoirienne moderne ;
Axe 3 : Le peuple baoulé et la Reine Pokou d’hier à aujourd’hui ;
Axe 4 : Chants, danses, rites, sculptures et cultures baoulé ;
Axe 5 : Le peuple baoulé à travers ses mythes, contes, proverbes et légende ;
Axe 6 : Le peuple baoulé, une conception du droit et de l’économie traditionnelle ;
Axe 7 : La médecine traditionnelle baoulé ;
Axe 8 : Le peuple baoulé entre histoire témoignages, légende et épopée;

CALENDRIER ET MODALITÉS DE SOUMISSION DES COMMUNICATIONS

     Réception des propositions de communications : jusqu'au 08 août 2024.
     Remise des communications jusqu’au 30 août 2024. 
     Les propositions de communications devront être envoyées en version word aux adresses suivantes : klangui@yahoo.com / assimica2@gmail.com
     La langue du colloque est le français. 
    Tenue du colloque : les 12, 13 et 14 septembre  2024 à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro.

BIBLIOGRAPHIE 

ALLOU Kouamé René, Les akan peuples et civilisations, Harmattan Côte-d'Ivoire, 2015 ;
Les populations akan de côte d'ivoire, Brong, Baoulé Assabou, Agni , L’Harmattan Côte d’Ivoire , 2012
DELAFOSSE Maurice, Essai de manuel de la langue agni, Paris, Librairie 
Africaine et Coloniale, 1900.
EFFIMBRA Georges, Manuel de baoulé, Paris, Nathan, 1959, 314 p
LOUCOU Jean-Noël (1982), « La mathématique chez les Baoulé de Côte d’Ivoire », Annales de l’université d’Abidjan, série I (Histoire), tome X : 60-86.
MONA Etienne, Etienne Pierre, Salverte-Marnier P., Fride B. (1965). 
L'organisation sociale des Baoulé. In : Etude régionale de Bouaké 1962-1964 : 1. Le peuplement. Abidjan : Bureau de Conception, de Coordination et d'Exploitation des Etudes Régionales de la République de Côte d'Ivoire, p. 121-194.
 N’GUESSAN Kouadio Jérémie, « Systèmes de numération et de calcul en 
baoulé et en yacouba et leur application dans l’alphabétisation », communication faite au stage-étude sur la post-alphabétisation à Port-auPrince (Haïti) du 2 au 28 juin 1980, 24 p. ; p. 3
VITI Fabio, L'esclavage au Baoulé précolonial. In: L'Homme, 1999, tome 39 
n°152. Esclaves et « sauvages ». pp. 53-88.

Call for contributions

INTERNATIONAL MULTIDISCIPLINARY CONFERENCE:

“QUEEN POKOU, FROM LEGEND TO HISTORY”

As part of the academic activities of the Center for Poetics and Study in Concepts and Languages (C.P.E.C.L.), an International Multidisciplinary Conference on Queen Pokou will be held on September 12, 13 and 14, 2024 at the Félix Houphouët Boigny Foundation for Research in the Peace of Yamoussoukro/Ivory Coast.

What interest is there in paying particular attention today to the historical or legendary icon of a given social group - even though the principle is to tend towards the integration and globalization which require today today, an opening to the world?

Indeed, the language of civilizations is very often motivated by salient facts. But the salience of the story of Queen Pokou and the baoulé is not only due to the miraculous which taints the sequences of the story but also to the objective choices and decisions of Queen Pokou, political character, social and cultural character. The tendentious interpretation of these facts clouds their clear perception while creating confusion about the scope and lasting values to be deduced to build new societies. On the other hand, the variety of narratives within the same ethnic group further complicates the coherence of the facts, sometimes harming their objectivity. Is it possible to envisage, for example, a synthesis of the versions which is as close as possible to reality?

Furthermore, this people constitutes an important core of Ivorian society as much as in its trade with others, it remains a certain example of ethnic interrelations. Also, it is the first national community in numerical terms according to the latest census figures, with a population of approximately 5,520,000 people; or 23% of the Ivorian population. Also, the Baoulé group functions as a nation with around twenty ethnic subgroups having an identical social system (Aro, Aro bo, wosu, akpassoua, etc.).

Geographically, this people occupies the center of the country; which allows it to be interconnected with most ethnic groups in the country. Its culture, as abundant as it is dynamic, is recontextualized by this story; which also allows him to show know-how in sculpture, dance, weaving traditional loincloths, gold working and agriculture among others.

Also, the Baoulé, like most Ivorian peoples, resisted colonization. We can even note that Félix Houphouët-Boigny, tribal leader in this community, was the first president of the country. Today, it still embodies one of the symbols of the social dynamics and economic growth of Côte d’Ivoire.

Moreover, by bringing with her, the Baoulé people, Abraha/Abran(?) Pokou carried out acts that posterity and, in general, current Ivory Coast can and must claim as lasting values of civility, commitment political, social and ideological; which would contrast with a certain colonialist gloss. Pokou remains in this respect, an expressive figure of black African female emancipation, especially since this story expresses dignity, a sense of values, honor and a socio-political approach to human destiny.

But we owe it to Maurice Delafosse, colonial administrator and ethnologist, to have recorded for the first time in writing, in Essai de livre de langue agni (1901), a written version of this story to which he gives the appearance of legend, d epic, tale or even degraded myth. Yet the framework of the story remains, accompanied by vestiges such as royal attributes, a coherence around the places of transit or even sometimes, his tomb.

This generic inconsistency will further influence the original oral stories and subvert their relationship to reality. It was much later in 1977 that a written version retained the name of an Ivorian historian in the person of Jean-Noël Loukou, who was also a member of this community.

On a literary level, authors like Bernard Dadié, Charles Nokan or Véronique Tadjo have attempted to make this historical figure a literary figure who codifies and aestheticizes the story. Beyond these isolated cases, what is the individual and collective responsibility of Ivorians (in general) in the consecration of a new society?

In short, in the story of Queen Pokou, there is on the one hand, the attachment of a people to their Queen, and on the other, the political and humanist consciousness of a Queen who goes beyond beyond the ultimate sacrifice by throwing his son - or his nephew - into the raging waters to assume the destiny of this people. Baouli or Baoulè, a male child or a little girl, his “own” son or his nephew, it doesn’t matter; what can we learn from this part of our history beyond all controversy?

This is the scientific objective of this conference which does not exclude archaeological excavations. It will include three panels (the panel of academics, guardians of tradition and the arts in general) and will include five (5) consecutive editions. Apart from this edition, the next ones will take place during the Easter holidays and will subsequently turn into cultural and tourist festivities.

This first edition invites researchers from the human and social sciences, legal sciences, mathematics and medicine, among others, around some areas of reflection suggested here:

Axis 1: The Baoulé at the heart of the Ashanti confederation/at the heart of Ivorian society;

Axis 2: The Baoulé people: migration, reconstitution and modern Ivorian society;

Axis 3: The Baoulé people and Queen Pokou from yesterday to today;

Axis 4: Songs, dances, rites, sculptures and Baoulé cultures;

Axis 5: The Baoulé people through their myths, tales, proverbs and legend;

Axis 6: The Baoulé people, a conception of law and traditional economy;

Axis 7: Traditional Baoulé medicine;

Axis 8: The Baoulé people between history, testimonies, legend and epic;

CALENDAR AND CONDITIONS FOR SUBMISSION OF COMMUNICATIONS

     Reception of communication proposals: until August 8, 2024.

     Submission of communications until August 30, 2024.

     Communication proposals must be sent in word version to the following addresses: klangui@yahoo.com / assimica2@gmail.com

     The language of the conference is French.

    Conference held: September 12, 13 and 14, 2024 at the Félix Houphouët Boigny Foundation for Peace Research in Yamoussoukro.

BIBLIOGRAPHY

ALLOU Kouamé René, The akan peoples and civilizations, Harmattan Ivory Coast, 2015;

The Akan populations of Ivory Coast, Brong, Baoulé Assabou, Agni, L’Harmattan Ivory Coast, 2012

DELAFOSSE Maurice, Essay on a manual of the agni language, Paris, Librairie

African and Colonial, 1900.

EFFIMBRA Georges, Manuel de baoulé, Paris, Nathan, 1959, 314 p

LOUCOU Jean-Noël (1982), “Mathematics among the Baoulé of Ivory Coast”, Annals of the University of Abidjan, series I (History), volume X: 60-86.

MONA Etienne, Etienne Pierre, Salverte-Marnier P., Fride B. (1965).

The social organization of the Baoulé. In: Regional study of Bouaké 1962-1964: 1. The population. Abidjan: Office of Design, Coordination and Operation of Regional Studies of the Republic of Côte d'Ivoire, p. 121-194.

 N’GUESSAN Kouadio Jérémie, “Numeration and calculation systems in

Baoulé and Yacouba and their application in literacy”, communication made at the study course on post-literacy in Port-auPrince (Haiti) from June 2 to 28, 1980, 24 p. ; p. 3

VITI Fabio, Slavery in precolonial Baoulé. In: Man, 1999, volume 39

No. 152. Slaves and “savages”. pp. 53-88.