
CENTRE DE POETIQUE ET D’ETUDE EN CONCEPTS ET LANGAGES
Appel à contributions
COLLOQUE INTERNATIONAL PLURIDISCIPLINAIRE :
« REINE POKOU, DE LA LEGENDE A L’HISTOIRE »
Dans le cadre des activités académiques du Centre de Poétique et d’Etude en Concepts et Langages (C.P.E.C.L.), un colloque International Pluridisciplinaire sur la Reine Pokou se tiendra les 09, 10 et 11 novembre 2023 à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro/ Côte d'Ivoire
Quel intérêt y a-t-il à accorder une attention particulière à l’icône historique ou légendaire d’un groupe social donné alors même que le principe est de tendre vers l’intégration et la mondialisation qui requièrent aujourd’hui, une ouverture sur le monde ?
En effet, le langage des civilisations est très souvent motivé par des faits saillants. Mais la saillance de l’histoire de la Reine Pokou et des baoulé est non seulement due au miraculeux qui entache les séquences du récit mais aussi les choix et décisions objectifs de la Reine Pokou. L’interprétation tendancieuse de ces faits opacifie leur claire perception. D’autre part, la variété des narratifs au sein du même groupe ethnique complexifie la cohérence desdits faits. Est-il possible d’envisager par exemple une synthèse des versions qui soit la plus proche possible de la réalité ?
Par ailleurs, ce peuple constitue un noyau important de la société ivoirienne autant que dans son commerce avec les autres, il demeure un exemple certain d’interrelations ethniques. Egalement, il est la première communauté nationale en terme numérique selon les derniers chiffres du recensement, avec une population d’environ 5520000 personnes ; soit 23 % de la population ivoirienne. Aussi, le groupe baoulé fonctionne-t-il comme une nation avec une vingtaine de sous-groupes ethniques ayant un système social identique (Aro, Aro bo, wosu, akpassoua…).
Au plan géographique, ce peuple occupe le centre du pays ; ce qui lui permet d’être en interconnexion avec la plupart des groupes ethniques du pays. Sa culture toute aussi foisonnante que dynamique, est recontextualisée par ce récit ; ce qui lui permet de montrer par ailleurs, un savoir-faire aussi bien dans la sculpture, la danse, le tissage de pagnes traditionnels, le travail de l’or et l’agriculture entre autres.
Egalement, ils ont résisté comme la plupart des peuples ivoiriens à la colonisation. On peut même noter que Félix Houphouët-Boigny, chef de tribu dans cette communauté, fut le premier président du pays. Il incarne d’ailleurs aujourd’hui encore, l’un des symboles de la dynamique sociale et l’essor économique de la Côte d’Ivoire.
Au demeurant, en amenant avec elle, le peuple baoulé, Abraha/Abran( ?) Pokou posait des actes que la postérité et, de façon générale, la Côte d’Ivoire actuelle peut et doit revendiquer comme valeurs pérennes de civilité, d’engagement politique, social et idéologique ; ce qui contrasterait avec une certaine glose colonialiste. Pokou demeurent en à ce titre, une figure expressive de l’émancipation féminine négro-africaine d’autant plus que cette histoire exprime la dignité, le sens des valeurs, de l’honneur et une approche sociopolitique de la destinée humaine.
Mais on doit à Maurice Delafosse, administrateur colonial et ethnologue, d’avoir fixé pour la première fois par écrit, dans Essai de manuel de langue agni (1901), une version écrite de cette histoire à laquelle il donne des allures de légende, d’épopée, de conte voire de mythe dégradé. Pourtant la trame du récit demeure, accompagnée de vestiges comme les attributs royaux, une cohérence autour des lieux de transit ou même parfois, sa tombe.
Cette inconstance générique va du reste influencer de nouveau les récits oraux originels et subvertir leur rapport au réel. C’est bien plus tard en 1977 qu’une version écrite retient le nom d’un historien ivoirien en la personne de Jean-Noël Loukou, du reste membre de cette communauté.
Au plan littéraire, des auteurs comme Bernard Dadié, Charles Nokan ou Véronique Tadjo ont tenté de faire de cette figure historique, une figure littéraire qui codifie et esthétise le récit. Au-delà de ces cas isolés, quelle est la responsabilité individuelle et collective des Ivoiriens (en général) dans la consécration d’une société nouvelle ?
En somme, dans l’histoire de la Reine Pokou, il y a d’un côté, l’attachement d’un peuple à sa Reine, et de l’autre, la conscience politique et humaniste d’une Reine qui va au-delà du sacrifice ultime en jetant dans les eaux en furie, son fils-ou son neveu- pour assumer le destin de ce peuple. Baouli ou Baoulè, un enfant mâle ou une fillette, son ‘’propre’’ fils ou son neveu peu importe ; que pouvons-nous tirer de ce pan de notre histoire au-delà de toute polémique ?
Voici l’objectif scientifique de ce colloque qui n’exclut pas des fouilles archéologiques. Il comprendra trois panels (le panel des universitaires, des gardiens de la tradition et des arts en général) et comprendra cinq (5) éditions consécutives. A part cette édition, les prochaines auront lieu lors des fêtes pascales pour muer par la suite en festivités culturelles et touristiques.
Cette première édition invite les chercheurs des sciences humaines et sociales, des sciences juridiques, des mathématiques et de la médecine entre autres, autour de quelques axes de réflexion suggérés ici :
Axe 1 : Le baoulé au cœur de la confédération ashanti/au cœur de la société ivoirienne ;
Axe 2 : Le peuple baoulé : migration, reconstitution et la société ivoirienne moderne ;
Axe 3 : Le peuple baoulé et la Reine Pokou d’hier à aujourd’hui ;
Axe 4 : Chants, danses, rites, sculptures et cultures baoulé ;
Axe 5 : Le peuple baoulé à travers ses mythes, contes, proverbes et légende ;
Axe 6 : Le peuple baoulé, une conception du droit et de l’économie traditionnelle ;
Axe 7 : La médecine traditionnelle baoulé ;
Axe 8 : Le peuple baoulé entre histoire témoignages, légende et épopée;
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CALENDRIER ET MODALITÉS DE SOUMISSION DES COMMUNICATIONS
Réception des propositions de communications : de fin avril au 08 octobre 2023.
Remise des communications jusqu’au 30 octobre 2023
Les propositions de communications devront être envoyées en version word aux adresses suivantes : klangui@yahoo.com / assimica2@gmail.com
La langue du colloque est le français.
Tenue du colloque : les 09, 10 et 11 novembre 2023 à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro.
BIBLIOGRAPHIE
ALLOU Kouamé René, Les akan peuples et civilisations, Harmattan Côte-d'Ivoire, 2015 ;
Les populations akan de côte d'ivoire, Brong, Baoulé Assabou, Agni , L’Harmattan Côte d’Ivoire , 2012
DELAFOSSE Maurice, Essai de manuel de la langue agni, Paris, Librairie
Africaine et Coloniale, 1900.
EFFIMBRA Georges, Manuel de baoulé, Paris, Nathan, 1959, 314 p
LOUCOU Jean-Noël (1982), « La mathématique chez les Baoulé de Côte d’Ivoire », Annales de l’université d’Abidjan, série I (Histoire), tome X : 60-86.
MONA Etienne, Etienne Pierre, Salverte-Marnier P., Fride B. (1965).
L'organisation sociale des Baoulé. In : Etude régionale de Bouaké 1962-1964 : 1. Le peuplement. Abidjan : Bureau de Conception, de Coordination et d'Exploitation des Etudes Régionales de la République de Côte d'Ivoire, p. 121-194.
N’GUESSAN Kouadio Jérémie, « Systèmes de numération et de calcul en
baoulé et en yacouba et leur application dans l’alphabétisation », communication faite au stage-étude sur la post-alphabétisation à Port-auPrince (Haïti) du 2 au 28 juin 1980, 24 p. ; p. 3
VITI Fabio, L'esclavage au Baoulé précolonial. In: L'Homme, 1999, tome 39
n°152. Esclaves et « sauvages ». pp. 53-88.