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Violette Leduc censurée
Publié le par Marc Escola

Après Écrire à l’encre violette : littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours, publié avec Aurore Turbiau, Margot Lachkar, Camille Islert et Manon Berthier (Le Cavalier bleu, 2022), Alexandre Antolin publie Une censure éditoriale. Ravages de Violette Leduc dans la collection "Des deux sexes et autres" dirigé aux Presses Universitaires de Lyon par Christine Plantié. En 1948, lorsque Violette Leduc commence à rédiger Ravages, roman autobiographique, elle ne sait pas qu’elle se lance dans l’œuvre de toute une vie. Si les premiers conseils prodigués par Simone de Beauvoir sont exigeants mais bienveillants, les relectures des éditions Gallimard sont bien plus sévères. Dans une société qui refuse certaines réalités et où la Commission de censure exerce un pouvoir fort, les scènes d’amour lesbien, de viol ou d’avortement inquiètent la maison d’édition, qui demande à l’autrice d’effectuer de larges coupes. En 1955, l’ouvrage sort enfin aux éditions Gallimard, mais il est amputé d’une grande partie de ce qui fait son identité. Par la suite, certains extraits du texte censuré paraissent ici et là, mais sans jamais redonner sa force et son entièreté à cette œuvre majeure de la littérature française. À travers l’analyse génétique minutieuse des différentes versions de Ravages – manuscrits, dactylographies, textes publiés –, mais aussi de tous les écrits qui l’accompagnent, Alexandre Antolin retrace le parcours littéraire, psychologique et médiatique de Violette Leduc. Il permet également d’appréhender l’œuvre intégrale non censurée et d’en découvrir toute la richesse. Le titre est intégralement accessible en ligne via OpenEdition…

Rappelons le volume publié en 2019 sous la direction d'Anaïs Frantz aux Presses Sorbonne Nouvelle : Violette Leduc : genèse d’une œuvre censurée. À la censure éditoriale qui affecta le roman Ravages (1955) s’ajoutèrent l’autocensure qui s’ensuivit ainsi que les interventions de Simone de Beauvoir dans le projet et l’édition de la trilogie autobiographique : La Bâtarde (1964), La Folie en tête (1970), La Chasse à l’amour (1973). L’étude des manuscrits de Violette Leduc éclaire la genèse de cette œuvre expurgée, des premiers écrits à l’édition posthume du dernier livre. Composé de documents d’archive, de reproductions de manuscrits et de textes inédits accompagnés d’analyses génétiques et littéraires produites par des spécialistes, ce volume entreprend de « reconstruire Violette Leduc » en proposant de la vie et de l’œuvre de l’écrivaine maudite une approche renouvelée. On peut lire dans Acta fabula un compte rendu de l'ouvrage : "La guillotine cachée : Violette Leduc & la censure" par Corentin Zurlo-Truche.