Actualité
Appels à contributions
Revue roumaine d'études francophones, n° 14 :

Revue roumaine d'études francophones, n° 14 : "Les émotions"

Publié le par Marc Escola (Source : Cristina Petras)

Revue roumaine d'études francophones 

Appel à contributions
 
Numéro 14 / 2022

LES ÉMOTIONS
 
Qu’il s’agisse de la « sémiotique des passions » (Greimas et Fontanille, 1991), de la « dimension passionnelle du discours » (Fontanille, 1998), des « émotions dans les interactions » (Plantin et al., 2000), du « lexique des émotions » (Novakova et Tutin, 2009), de la « cartographie des émotions » (Baider et Cislaru, 2013), de l’« expression verbale des émotions » (Chatar-Moumni, 2013), de l’ « émotion, puissance de la littérature » (Bouju et Gefen, 2013), de « l’émotion et l’apprentissage des langues »  (Puozzo Capron et Piccardo, 2013), de « pragmatics of emotion » (Wharton et de Saussure, 2022), on assiste ces dernières décennies à des entreprises systématiques et à une formalisation des démarches portant sur les émotions dans les sciences du langage, dans les approches de la littérature ou en didactique des langues. 
Compte tenu de l’avènement d’une histoire des émotions, la réflexion interdisciplinaire porte sur l’expression publique des émotions dans le cadre des relations sociales dominant une époque (pour un passage en revue des communautés émotionnelles médiévales, voir Rosenwein et al., 2006), et peut s’étendre virtuellement à toutes les époques. La tentative d’autonomisation de la démarche se manifeste avec l’émergence de ce que Stearns et Stearns (1985) appellent emotionology, que Grigoriu (2018) mobilise dans son approche littéraire du Moyen Âge, avec la construction du régime émotionnel par Reddy (2009 [2001]) (reposant sur une néo-pragmatique de l’acte émotif), ou avec le paradigme plus ouvert de l’émotissage dans la l’apprentissage des langues (Berdal-Masuy, 2018).

Quel que soit le modèle théorique adopté, l’approche des émotions ressurgit régulièrement dans les études littéraires (voir le tout récent ouvrage de Ben Rahima, paru en 2023), comme dans les sciences du langage, au gré de l’émergence de genres discursifs nouveaux et des pratiques langagières les plus diverses (voir par exemple l’utilisation de codes alternatifs – les émoticônes dans les écrits numériques ; le discours publicitaire).    

Objet interdisciplinaire par excellence, les émotions seront abordées dans le numéro 14 de la Revue Roumaine d’Études Francophones dans la perspective de leur rapport au discours, telles qu’elles se manifestent ou se laissent déchiffrer (selon leur « sémiotisation », dans les termes de Micheli, 2014) : il s’agit d’interroger les mécanismes discursifs à l’œuvre dans leur émergence / expression et ceux qui déclenchent les émotions chez l’autre (interlocuteur, personnage, lecteur, apprenant). Sera aussi abordée la problématique de la lecture et de l’interprétation de leur signification. Le texte littéraire intéresse dans sa double perspective de discours véhiculant des émotions, mais en même temps de déclencheur d’émotions, car, comme le soulignent Briens et de Saussure (2018 : 80), « [s]i la littérature décrit et met en scène l’émotion, elle suscite elle-même l’émotion ».
Si dans la sphère des affects, la catégorisation et les frontières ne sont pas toujours aussi évidentes, en suivant la distinction proposée par les mêmes Briens et de Saussure (2018) entre émotions et sentiments, les premières seront envisagées dans leur rapport avec l’événement, connaissant une durée limitée, alors qu’aux seconds on reconnaît une dimension durative. 
Tous ces « usages de l’affectivité » (Boquet et Nagy, 2011) invitent à une approche plurielle qui, sans se limiter aux thématiques de la « vie sentimentale », appelle à scruter, sous un jour nouveau, les aléas discursifs de l’intersubjectivité en acte. 
 
Les contributions pourront emprunter les pistes de recherche suivantes, non-exhaustives :
 
Littérature 
 
·      Description des émotions en accord avec les codes de l’époque et l’ancrage culturel (voir les voies ouvertes par Briens et de Saussure, 2018)
·      Construction discursive des émotions dans le texte littéraire
·      Formes et manifestation des émotions selon les genres littéraires
·      Lecture des émotions
·      « Émotions littéraires »

Linguistique et traductologie 
 
·      Analyse des émotions dans les interactions verbales
·      Émotions et genres discursifs
·      Lexique des émotions
·      Impact des émotions dans la construction du sens (par exemple, dans le cas des noms d’événements)
·      Traduire les émotions
 
Didactique 
 
·      Mobiliser les émotions dans l’apprentissage des langues 
·      Type de méthode d’enseignement et manifestation des émotions
·      Apprendre les expressions linguistiques des émotions, des affects, des sentiments
·      Types d’émotions et spécificités culturelles 
·      Discours didactique et émotions
 
Références bibliographiques
 
Baider, Fabienne, Cislaru, Georgeta (dir.) (2013), Cartographie des émotions. Propositions linguistiques et sociolinguistiques, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle.
Ben Rahima, Fériel (2023), Passions de femmes et théories des humeurs. Balzac analyste des émotions féminines, Paris, Classiques Garnier.
Berdal-Masuy, Françoise (dir.) (2018), Émotissage. Les émotions dans l’apprentissage des langues, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain.
Boquet, Damien, Nagy, Piroska (2011), « Une histoire des émotions incarnées », Médiévales, 61, p. 5-24.
Bouju, Emmanuel, Gefen, Alexandre (textes réunis et présentés par) (2013), L’émotion, puissance de la littérature ?, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux.
Briens, Sylvain, de Saussure, Louis (2018), « Littérature, émotion et expressivité. Pour un nouveau champ de recherche en littérature », Revue de linguistique comparée, 365, p. 67-82. 
Chatar-Moumni, Nizka (éd.) (2013), Langue française (« L’expression verbale des émotions »). 
Fontanille, Jacques (1998), Sémiotique du discours, Limoges, Presses Universitaires de Limoges.
Greimas, Algirdas J., Fontanille, Jacques (1991), Sémiotique des passions : des états de choses aux états d’âme, Paris, Éditions du Seuil.
Grigoriu, Brîndușa (2018), Talent/Maltalent. La culture des émotions au seuil de la littérature française, Turnhout, Brepols. 
Micheli, Raphaël (2014), Les émotions dans les discours. Modèle d’analyse, perspectives empiriques, Louvain-la-Neuve, De Boeck Duculot.
Novakova, Iva, Tutin, Agnès (éds) (2009), Le lexique des émotions, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.
Plantin, Christian, Doury, Mariane, Traverso, Véronique (2000), Les émotions dans les interactions, Lyon, Presses Universitaires de Lyon.
Puozzo Capron, Isabelle, Piccardo, Enrica (dir.), (2013), Lidil. Revue de linguistique et de didactique des langues (« L’émotion et l’apprentissage des langues »).
Reddy, William M. (2019 [2001]), La traversée des sentiments – Un cadre pour l'histoire des émotions (1700-1850), Dijon, Les Presses du Réel (trad. de l’anglais pas Sophie Renaut).
Rosenwein, Barbara H., Debiès, Marie-Hélène, Dejois, Catalina (2006), « Histoire de l’émotion : méthodes et approches », Cahiers de civilisation médiévale, 49 / 193, p. 33-48.
Stearns, Peter N., Stearns, Carol Z. (1985), « Emotionology: Clarifying the History of Emotions and Emotional Standards », American Historical Review, 90, p. 813-836.
Wharton, Timothy, de Saussure, Louis (2022), « The Pragmatics of Emotion: Love, Argument and Conflict », dans Schiewer, G. L., Altarriba, J., Chin Ng, B. (dir.), Language and Emotion. An Interational Handbook, vol. 1, Berlin, New York, De Gruyter. p. 664-680.
 
Responsables du numéro : 
 
Brîndușa Grigoriu, Université Alexandru Ioan Cuza, Iași
Cristina Petraș, Université Alexandru Ioan Cuza, Iași


Modalités de soumission 
 
Le texte de l’article, rédigé en français, comportera entre 25 000 et 30 000 signes (notes et espaces y comprises). Il sera impérativement accompagné
- du titre de l’article et du résumé en anglais (100-125 mots) ;
- de 7-10 mots-clés, en anglais ;
- d’une bio-bibliographie (100-125 mots).
 
Les textes seront envoyés aux personnes de contact ci-dessous.
 
Personnes de contact : 
 
Marina Mureșanu Ionescu : marina.muresanu@yahoo.fr
Cristina Petraş : petrasac@yahoo.com
Brîndușa Grigoriu : brindusagrigoriu@yahoo.fr
 
Calendrier
 
Date limite de soumission des textes : 1er juillet 2023
Date d’envoi des notifications aux auteurs : 1er septembre 2023
Date de parution du numéro : novembre 2023
 
Consignes aux auteurs  
 
Présentation générale de l’article
 
• Fichier attaché, texte saisi sous Word, police Times New Roman, taille 11 ; le fichier doit porter votre nom.  
• Le texte comportera entre 25 000 et 30 000 signes (notes et espaces y comprises).
• Les notes (taille de caractères 10) seront faites en numérotation continue, en bas de page. Commencez le texte de la note par majuscule, en intercalant une espace après la référence de note en bas de page.
• On utilisera le système traditionnel de renvoi bibliographique (appel de note dans le texte, référence en note de bas de page), ainsi que les notations usuelles (op. cit., art. cit., éd. cit., ibid.).
Les références seront reprises dans la bibliographie à la fin de l’article. 
 
Corps de texte
 
• Les caractères italiques sont réservés aux titres d’ouvrages, aux titres de revues (par convention éditoriale) et aux mots en langues étrangères (y compris a fortiori, a priori, etc.). 
• Les majuscules seront accentuées. 
• Les vers pourront soit garder leur disposition originale, soit être juxtaposés et séparés d’un trait oblique : / 
• Le soulignement est à proscrire.
• Les caractères gras seront réservés aux sous-titres.
• Citations toujours entre guillemets à la française («... »), quelle que soit la longueur. Utiliser des guillemets à l’anglaise ("...") dans un passage déjà entre guillemets. Pour les guillemets à la française ne pas oublier de créer des espaces insécables entre les guillemets et le mot. 
• Les citations de plus de 200 signes, espaces comprises, seront isolées du corpus du texte sans guillemets. 
• Toute modification d’une citation (suppression, adjonction, remplacement de mots ou de lettres, etc.) par l’auteur du texte est signalée par des crochets droits [...].
• Toutes les citations dans une langue autre que le français doivent être traduites dans le texte ou en notes.
• Toujours utiliser des espaces insécables avant les signes doubles (; : ? ! %).
 
Bibliographie (placée à la fin de l’article) :
 
• Nom, Prénom, Titre (en italiques), lieu d’édition, éditeur, année d’édition [et si nécessaire : volume (vol.), tome (t.)].
Ex. Deroy, Louis, L’emprunt linguistique, Paris, Les Belles Lettres, 1956.
 
• Nom, Prénom, « Titre de l’article » (entre guillemets), Titre de la revue (en italiques), n° (espace avant le chiffre), date, page (s).
Ex. Dumont, Paul : « Francophonie, francophonies », Langue française, 85, 1990, p. 35-47.
 
• Nom, Prénom, « Titre de l’article » (entre guillemets), dans Nom, Prénom (éd.), Titre du volume collectif (en italiques), lieu d’édition, éditeur, année d’édition, page (s).
Ex. Flikeid, Karin, « Origines et évolution du français acadien à la lumière de la diversité contemporaine », dans Mougeon, Raymond, Beniak, Edouard (éd.), Les origines du français québécois, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1994, p. 275-326.