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Intersections. Avatars et péripéties d’espaces en interaction (Macerata)

Intersections. Avatars et péripéties d’espaces en interaction (Macerata)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Luca Pierdominici)

Appel à communications

Intersections. Avatars et péripéties d’espaces en interaction

Macerata, les 4-5 avril 2024


Intersection, mot amphibologique, veut dire à la fois rencontre et conflit, adjonction et soustraction, conjointure et disjonction : appréhender les espaces culturels francophone et italophone, à la lumière de cette notion somme toute assez neutre – dans cette sphère conceptuelle intermédiaire qu’ouvre la possibilité de « mises en résonance » multiples –, signifie interroger sous des angles variés (culturel, sociétal, linguistique, philosophique, littéraire, artistique et historique, pour les différentes époques), les moments d’une confrontation permanente qui prend conscience d’elle-même, qui s’interroge progressivement et qui alimente un métadiscours sur l’interférence, souvent implicite, parfois explicite. 

Intersection implique également d’interroger des processus, des courants et des tendances dont le point de départ se situe en deçà ou au-delà de la frontière. La France et l’Italie, ces « astres rivaux », pour faire écho au mot d’Yves Hersant, géographiquement si proches, offrent tout au cours de l’histoire la riche palette de miroitements féconds, faits d’influences et de pillages, d’affrontements ou d’inspirations, qui aboutissent tantôt à la rivalité, tantôt à l’hommage : question de regards encore une fois « croisés », entre cultures qui se guettent, scandant les étapes d’un parcours entremêlé, toujours en devenir.

S’émancipant progressivement d’une dépendance et en affirmant leur originalité, ces développements sont à considérer aussi bien dans leur aboutissement que dans le processus d’absorption et de métamorphose d’éléments étrangers. En même temps, l’enrichissement réciproque, bien que souvent sous-tendu et sous-entendu, est plus complexe que l’influence d’un courant littéraire ou artistique sur le pays avoisinant. Il s’étend aux pratiques culturelles au sens large du mot, par le biais des échanges commerciaux depuis le Moyen Âge, des séjours d’étudiants favorisés par les politiques européennes, des flux de travailleurs des deux côtés de la frontière. 

Intersection signifie aussi malentendu, parfois sciemment entretenu et dérivant vers une affirmation de supériorité, une distanciation à plusieurs niveaux, politique, social, linguistique.

Au Moyen Âge, la France et l’Italie participent en parallèle, dans la longue durée, de mouvements socio-culturels amples, tout en se situant dans un cadre « européen » avant la lettre. Les moments de contact matériel à l’intérieur de cet espace élargi – où les différentes langues s’affranchissent du latin pour se doter, au fil des siècles, d’une légitimité croissante (dans le domaine littéraire avant que dans celui des administrations) – déterminent les voyages, les pèlerinages, les guerres, l’exil et les persécutions politiques, les relations diplomatiques, les transferts d’une cour à l’autre, la politique matrimoniale des aristocraties, la différente perception de la Renaissance en deçà et au-delà des Alpes. Voyageurs, exilés, hommes de lettres, artistes et scientifiques s’entrecroisent autour d’une frontière encore mouvante au cours de l’âge moderne.  

Après le déferlement napoléonien en Italie et l’arrivée en France de trésors artistiques italiens, l’unité d’Italie met à rude épreuve les relations franco-italiennes sous l’angle de la politique et de la diplomatie, tandis que les maîtres de la musique italienne règnent à Paris. Les patriotes italiens qui trouvent refuge en France laissent une trace durable dans l’imaginaire et la culture littéraire française. Ils précèdent les centaines de milliers d’immigrés économiques italiens, dont le flux est ininterrompu jusqu’à nos jours, avec leur cohorte de transferts culturels et d’échanges. La distanciation permet aussi de mieux se voir ou de se comprendre davantage au prisme de l’autre. La Grande guerre, l’antifascisme permettent une variation intéressante dans les regards réciproques des deux Pays. Après la deuxième guerre mondiale, le Miracle économique et les Trente glorieuses alimentent une phase de développement et de prospérité dont on comprendra plus tard les affinités, avant que les deux Pays ne soient rattrapés par les révoltes de 1968. Des années 70 à nos jours, les bouleversements sociaux, les vagues plurielles de la crise économique, l’évolution, voire la disparition des idéologies politiques, les nouveaux domaines du développement économique, la démocratisation du sport dans la société post-moderne, les effets de la révolution numérique, se traduisent par des formes de collaboration et d’interaction, mais aussi de confrontation se situant à plusieurs niveaux, depuis les campagnes de publicité qui nourrissent les stéréotypes des deux côtés aux guerres commerciales jusqu’aux oscillations des relations politiques, entre entente et incident diplomatique récurrent. 

Sur le plan littéraire, après l’unité d’Italie en 1861, la culture française, qui avait constitué un point d’ancrage dans le processus d’indépendance, continue d’exercer une influence profonde, que ce soit au niveau de courants littéraires ou de personnalités poétiques individuelles à travers la présence persistante de Baudelaire et du symbolisme dans la poésie italienne entre la fin du XIXe siècle et la moitié du XXe siècle. Inversement, c’est dans les pages du « Figaro » que Marinetti publie le Manifesto du futurisme. La poésie de Montale sous-tend les philosophies existentialistes tandis qu’on doit à V. Larbaud et B. Crémieux la « découverte » de Svevo. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, les interférences culturelles entre France et Italie se déplacent vers le versant philosophique et méthodologique (v. par exemple la collaboration entre Vittorini et Sartre ou la proximité entre Calvino et l’Oulipo), mais d’autres influences se dégagent, telle l’expérience poétique d’Edmond Jabès et d’Yves Bonnefoy. 

Le domaine de la traduction aussi, lieu de dialogue entre deux ou plusieurs langues-cultures et de la « célébration du pluriel » (S. Bachir Diagne, 2022), est fortement intéressé par le phénomène de l’intersection au vu de sa spécificité intrinsèque. À cheval entre vulgarisation, commentaire et réécriture, la traduction est au Moyen Âge le lieu d’échange qui, tout en véhiculant la culture de l’autre, la remet en question, la réinterprète, tandis qu’au XVIe siècle, dans la Deffence et illustration de la langue françoyse, Du Bellay finit par théoriser l’impossibilité de la traduction, ouvrant d’une certaine manière la voie aux « belles infidèles ». En réalité, la traduction est un espace de négociation particulièrement riche qui a toujours inspiré la réflexion scientifique. Après s’être attachée aux aspects morphosyntaxiques, sémantiques et stylistiques, celle-ci se penche aujourd’hui sur les espaces les plus éloignés, ceux de la francophonie, ainsi que sur les espaces linguistiques en interaction, dont l’espace franco-italien. Et c’est dans ces espaces caractérisés par l’hybridité et le croisement de cultures que le traducteur est mis fortement à l’épreuve, car il doit repérer les éléments qui appartiennent à la fois à deux ou plusieurs cultures, maîtriser leur complexité linguistico-culturelle tout en arrivant à la « résoudre » dans le texte cible. Les solutions sont à chercher parmi les options possibles, selon des voies déjà tracées au fil des siècles (d’une perspective plus « naturalisante » à une approche plus « exotisante »), ou bien en explorant de nouvelles voies, entre créativité du sujet traduisant et mobilisation de la psychologie cognitive. 

Le colloque Intersections, dont les travaux seront publiés dans la collection « Regards Croisés », accueillera des contributions en mesure d’éclairer certains passages-clés de l’histoire littéraire, politique, sociale et artistique (y compris celle du théâtre et des différentes formes de spectacle), de la pensée philosophique entre France et Italie et de l’échange linguistique entre la langue française et la langue italienne (dans toute leur palette au-delà des frontières nationales).

Plus particulièrement, sur la période qui va du Moyen-Age à l’époque contemporaine seront pris en compte des travaux portant sur :

a)      Auteurs et courants littéraires et non littéraires montrant une interaction réciproque entre francophonie et italophonie ;

b)      Traductions, vulgarisations, réécritures ; 

c)      Échanges épistolaires ;

d)      Transferts de débats (philosophiques, linguistiques, littéraires, artistiques, politiques, sociétaux…) ;

e)      Journaux de voyage ;

f)       Biographies et productions d’artistes ;

g)      Questions d’actualité (migrations, relations diplomatiques, enjeux européens…) ;

h)      Productions franco-italiennes (cinéma, fictions, documentaires, bandes dessinées…)

i)       Politique éditoriale : publications et traductions de textes en langue italienne dans l’espace francophone et de textes en langue française en Italie.



Appel à communications : les propositions doivent être envoyées avant le 30 juin 2023 à :

-          Donatella Bisconti : donatella.bisconti@uca.fr
-          Cristina Schiavone : cristina.schiavone@unimc.it

 Organisateurs du colloque : 

-          Donatella Bisconti – UCA – IHRIM
-          Daniela Fabiani – Università degli Studi di Macerata
-          Luca Pierdominici – Università degli Studi di Macerata
-          Cristina Schiavone – Università degli Studi di Macerata


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Convegno Intersections. Metamorfosi e peripezie di spazi in interazione

Macerata, 4-5 aprile 2024


Intersezione, parola anfibologica, significa insieme incontro e conflitto, addizione e sottrazione, congiunzione e disgiunzione: comprendere gli spazi culturali francofoni e italofoni alla luce di questa nozione in fin dei conti neutra – sfera concettuale intermedia, aperta dalla possibilità di molteplici, reciproche “risonanze" – significa interrogare sotto diverse angolature (culturale, sociale, linguistica, filosofica, letteraria, artistica e storica, per le diverse epoche), i momenti di un confronto permanente che prende coscienza di sé, che si interroga progressivamente e che alimenta un metadiscorso sull'interferenza, spesso implicito, talvolta esplicito. 

Intersezione implica anche porre interrogativi su processi, correnti e tendenze il cui punto di partenza è situato al di qua o al di là del confine. La Francia e l'Italia, questi "astri rivali", per dirla con Yves Hersant, geograficamente così vicini, offrono nel corso della storia una ricca tavolozza di fecondi rispecchiamenti, fatta di influenze e saccheggi, di scontri o ispirazioni, che a volte sfociano nella rivalità, a volte nell'omaggio: una questione di sguardi ancora una volta "incrociati", tra culture che si guardano l'un l'altra, segnando le tappe di un percorso intrecciato, sempre in divenire.

Emancipandosi gradualmente da una interdipendenza e affermando la propria originalità, questi sviluppi vanno considerati sia nel loro esito, sia nel processo di assorbimento e metamorfosi di elementi stranieri. Allo stesso tempo, l'arricchimento reciproco, sebbene spesso sotteso e sottinteso, è più complesso dell'influenza esercitata da una tendenza letteraria o artistica sul Paese vicino. Esso si estende alle pratiche culturali nel senso più ampio del termine, attraverso gli scambi commerciali fin dal Medioevo, i soggiorni di studenti incoraggiati dalle politiche europee e il flusso di lavoratori da entrambi i lati del confine.

Intersezione significa anche incomprensione, a volte consapevolmente ricercata e sfociante nell’affermazione di una superiorità, in una presa di distanze a più livelli: politico, sociale, linguistico.

Nel Medioevo, Francia e Italia partecipano, parallelamente e sul lungo termine, ad ampi movimenti socioculturali, pur rimanendo in un quadro "europeo" ante litteram. I momenti di contatto materiale all'interno di questo spazio allargato – dove le diverse lingue si affrancano dal latino per acquisire, nel corso dei secoli, una crescente legittimità (in campo letterario prima che amministrativo) – determinano viaggi, pellegrinaggi, guerre, esili e persecuzioni politiche, relazioni diplomatiche, trasferimenti da una corte all'altra, politiche matrimoniali delle aristocrazie, diverse percezioni del Rinascimento al di qua e al di là delle Alpi. Viaggiatori, esuli, letterati, artisti e scienziati si incrociano e confrontano, nell'età moderna, attorno a una frontiera ancora in evoluzione.  

Dopo l'invasione napoleonica dell'Italia e l'arrivo in Francia dei tesori artistici italiani, l'unità d'Italia mette a dura prova le relazioni franco-italiane in termini di politica e diplomazia, mentre a Parigi regnano i maestri della musica italiana. I patrioti italiani che trovano rifugio in Francia lasciano un segno duraturo nell'immaginario e nella cultura letteraria francese. Essi precedono le centinaia di migliaia di immigrati economici italiani, il cui flusso è tuttora ininterrotto, con il loro corteo di trasferimenti e scambi culturali. Il distanziamento permette anche di vedere o capire meglio se stessi attraverso la lente dell'altro. La Grande Guerra e l'antifascismo consentono un interessante modificarsi degli sguardi reciproci tra i due Paesi. Dopo la Seconda guerra mondiale, il miracolo economico e i “Trenta Gloriosi” hanno alimentato una fase di sviluppo e di prosperità, le cui affinità saranno meglio comprese in seguito, prima che i due Paesi vengano coinvolti nelle rivolte del 1968. Dagli anni Settanta a oggi, gli sconvolgimenti sociali, le molteplici ondate della crisi economica, l'evoluzione o addirittura la scomparsa delle ideologie politiche, le nuove aree di sviluppo economico, la democratizzazione dello sport nella società postmoderna, gli effetti della rivoluzione digitale, si riflettono in forme di collaborazione e interazione, ma anche di scontro a più livelli, dalle campagne pubblicitarie che alimentano gli stereotipi di entrambe le parti alle guerre commerciali, fino alle oscillazioni delle relazioni politiche tra intese e ricorrenti incidenti diplomatici.

Sul piano letterario, dopo l'unità d'Italia del 1861, la cultura francese, che era stata un punto di riferimento nel processo di indipendenza, continua a esercitare una profonda influenza, sia a livello di correnti letterarie che di singole personalità poetiche, attraverso la persistente presenza di Baudelaire e del Simbolismo nella poesia italiana tra la fine dell'Ottocento e la metà del Novecento. Inversamente, è proprio sulle pagine del Figaro che Marinetti pubblicò il Manifesto del Futurismo. La poesia di Montale è sottesa dalle filosofie esistenzialiste, mentre si deve a V. Larbaud e B. Crémieux la "scoperta" di Svevo. Nella seconda metà del Novecento, le interferenze culturali tra Francia e Italia si spostano sul versante filosofico e metodologico (si veda, ad esempio, la collaborazione tra Vittorini e Sartre o la vicinanza tra Calvino e l'Oulipo), ma emergono altre influenze, come l'esperienza poetica di Edmond Jabès e Yves Bonnefoy. 

Anche il campo della traduzione, luogo di dialogo tra due o più lingue-culture e di "celebrazione del plurale" (S. Bachir Diagne, 2022), è fortemente interessato al fenomeno dell'intersezione per la sua intrinseca specificità. A cavallo tra divulgazione, commento e riscrittura, nel Medioevo, la traduzione è il luogo di scambio che, pur veicolando la cultura dell'altro, la mette in discussione e la reinterpreta, mentre nel Cinquecento Du Bellay, nella sua Deffence et illustration de la langue françoyse, finisce per teorizzare l'impossibilità della traduzione, aprendo in un certo senso la strada alle "belle infedeli". In realtà, la traduzione è un ambito di trattativa particolarmente ricco, che ha sempre ispirato la riflessione scientifica. Dopo essersi concentrata sugli aspetti morfosintattici, semantici e stilistici, quest’ultima guarda ora agli spazi più lontani della francofonia e agli spazi linguistici interagenti, tra cui quello italo-francese. Ed è in questi spazi caratterizzati dall'ibridazione e dall'incrocio di culture che il traduttore è messo alla prova, dovendo individuare gli elementi che appartengono a due o più culture, padroneggiarne la complessità linguistico-culturale e riuscire a "risolverla" nel testo di arrivo. Le soluzioni vanno ricercate tra le possibili opzioni, seguendo percorsi già tracciati nel corso dei secoli (da una prospettiva più "naturalizzante" a un approccio più "esotizzante"), oppure esplorando nuove strade, tra creatività del soggetto traduttore e mobilitazione della psicologia cognitiva. 

Il convegno Intersections, i cui lavori saranno pubblicati nella collana « Regards Croisés », comprenderà contributi che fanno luce su passaggi chiave della storia letteraria, politica, sociale e artistica (compreso il teatro e le varie forme di spettacolo), del pensiero filosofico tra la Francia e l'Italia e dello scambio linguistico tra la lingua francese e quella italiana (in tutta la sua gamma al di là dei confini nazionali).

In particolare, sul periodo che va dal Medioevo ai giorni nostri, saranno presi in considerazione:

a) Autori e correnti letterarie e non, che mostrano una reciproca interazione tra il mondo francofono e quello italofono;

b) Traduzioni, divulgazioni, riscritture; 

c) scambi epistolari;

d) Trasferimento di dibattiti (filosofici, linguistici, letterari, artistici, politici, sociali...);

e) Diari di viaggio;

f) Biografie e produzioni di artisti;

g) Temi di attualità (migrazioni, relazioni diplomatiche, questioni europee, …)

h) Produzioni italo-francesi (cinema, fiction, documentari, fumetti...).

i) Politica Editoriale: pubblicazioni e traduzioni di testi in lingua italiana nel mondo francofono e di testi in lingua francese in Italia.


 
Le proposte di contributo vanno inviate entro il 30 giugno 2023 a:

-          Donatella Bisconti : donatella.bisconti@uca.fr
-          Cristina Schiavone : cristina.schiavone@unimc.it

 Organizzatori del convegno:

-          Donatella Bisconti – UCA – IHRIM
-          Daniela Fabiani – Università degli Studi di Macerata
-          Luca Pierdominici – Università degli Studi di Macerata
-          Cristina Schiavone – Università degli Studi di Macerata.