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La pensée et l’écriture critiques de Diderot (Sousse-Tunisie)

La pensée et l’écriture critiques de Diderot (Sousse-Tunisie)

Publié le par Marc Escola (Source : Nizar Ben Saad)

La pensée et l'écriture critiques de Diderot

Les Lumières passent par le crible la raison, les pouvoirs, les institutions et les croyances et mettent en examen toutes les idées admises. C’est cette dimension critique de la pensée des Lumières que nous nous proposons d’étudier, telle qu’elle se manifeste chez Diderot à travers divers aspects de son œuvre, de sa philosophie à sa critique d’art, de son théâtre ou ses romans à sa correspondance et à sa contribution à l’Encyclopédie.

1-    Champs d’application de la critique de Diderot.

Champ politique :

 On peut, entre autres, penser à la critique de l’esclavage, à celle de l’absolutisme ou du despotisme, fût-il éclairé, dans l’Histoire des deux Indes, les Mélanges pour Catherine II, ou les Observations sur le Nakaz ou encore la Réfutation d’Helvétius.

  Champ religieux :

 Il est inutile d’insister sur cet aspect, présent dans beaucoup d'œuvres de Diderot. La critique de Diderot concerne aussi bien le phénomène de la croyance que la théologie et les dogmes chrétiens, une certaine morale chrétienne, ou les institutions ecclésiastiques (par exemple les couvents dans La Religieuse et ailleurs).

Champ esthétique :

 On pourra par exemple examiner quel type de théâtre critique Diderot propose dans les Entretiens sur le Fils naturel ou De la poésie dramatique, quel type de peinture il critique dans les Salons. Mais aussi envisager les critiques qui portent sur une œuvre particulière, littéraire, théâtrale ou plastique.

Champ Philosophique :

- La critique du dualisme (séparation de l’âme et du corps) et du spiritualisme par exemple dans les Pensées philosophiques, les Pensées sur l’interprétation de la nature, Le Rêve de D’Alembert.

- Le paradoxe et la contradiction qui sont les moteurs de l'acte de philosopher chez Diderot, ainsi que son refus de la méthode. 

2-    Ambivalence de la critique

La dimension proprement critique des propos de Diderot, disons l’aspect négatif de sa critique, n’est pas séparable de son aspect positif, c’est-à-dire les valeurs qui la fondent. Ainsi la critique du dualisme est conduite au nom d’un monisme matérialiste, la critique du théâtre au nom d’une nouvelle conception du théâtre, (le drame), la critique de la religion au nom de la raison, la critique du despotisme et de l’absolutisme est l’envers de l’exaltation de la liberté, etc. etc.

 Linguistique et pragmatique de la critique

Si la critique de Diderot peut être considérée à partir des domaines où elle s’exerce ou des valeurs qui la fondent, elle peut aussi l’être à partir des formes ou des styles qui l’expriment. Formes et styles divers se côtoient au sein d’une même œuvre, quel que soit le genre de celle-ci. On pourra les aborder dans une perspective linguistique et pragmatique, et notamment envisager :

-La fiction romanesque qui se trouve bien sûr dans les romans et les contes (Jacques le fataliste, La Religieuse, Les Bijoux indiscrets, Les Deux amis de Bourbonne…), mais aussi dans bien d’autres types d’œuvres (théâtrales, philosophiques, esthétiques, épistolaires…). « L’indirection » du romanesque permet de contourner un tabou, d'anticiper une contestation, ou d'échapper à d’éventuelles poursuites.

-L’argumentation (elle aussi présente dans des œuvres de genres divers). On pourra examiner ses divers aspects : l'« éthos » de l'argumentateur, les schémas et mouvements argumentatifs, le type d’arguments qui les illustrent, les traits linguistiques (termes utilisés, présupposés, sous-entendus, etc.)

-L’éloquence passionnée, qu’il s’agisse de pathétique face à des êtres ou des situations qui suscitent la pitié ou l’indignation face à des actes ou des comportements scandaleux.

-Le comique, dont la force agressive discrédite la cible et qui est présent notamment dans la satire des mœurs qui émaille de nombreux textes de Diderot (Le Neveu de Rameau est sous-titré Satire seconde). Et le rire, comme la fiction romanesque, présentent l’avantage de se préserver des éventuelles représailles.

-Le dialogue. C’est la forme dominante des textes de Diderot, celle de la plupart de ses œuvres majeures (Le Neveu d Rameau, Le Rêve de d’Alembert, Le Supplément au Voyage de Bougainville, etc.). Il sous-tend pratiquement tous ses textes, par exemple sa correspondance ou ses Salons. 

La forme dialogique est par excellence l’instrument de la critique, car elle permet l’exposé d’une thèse en même temps que sa contestation.

 On pourra envisager des communications à partir de chacune des « entrées » que nous avons distinguées (les champs de la critique, les valeurs qui la sous-tendent, le langage qui l’énonce) Mais la critique de Diderot n’est à distinguer, ni des styles qui l’expriment, ni des valeurs qui la fondent.

Le colloque aura lieu du 02 au 04 novembre 2023 à la faculté des Lettres et des sciences humaines de Sousse (Université de Sousse - Tunisie) Laboratoire de recherche "Ecole et Littératures" LR.22MS22. Les propositions de communication (une page maximum, accompagnée d’une brève note bio-bliographique) doivent être envoyées avant le 30 juin 2023, à l’adresse MSsuivante :

bensaadnizou@yahoo.fr 

Comité scientifique 

Kamel Gaha (Université de Tunis)

Michel Delon (Sorbonne, Paris IV)

Ibtissem Bouslama (Université de Sousse)

Marc Buffat (Université Denis Diderot, Paris 7)

Khaled Abida (Université de Monastir)

Dominique Gauthiez-Rieucau (Nouvelliste-Montpellier) 

Jean-Marie Kouakou (Université Houphouët Boigny-Abidjan)

Nizar Ben Saad (Université de Sousse)

Comité d'organisation 

Faten Ben Lazrez 

Amine Ben Jaballah 

Nouri Mbarek 

Arwa Ouannes 

Saida Boukamcha 

Salah Hmida
Chiraz Ghariani 

Mohamed Ali Ben Saïd 

Mouna Hajlaoui 

Aïda Bouhani