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Les deux sœurs
Publié le par Marc Escola

L'une fut une féministe engagée, fondatrice de Sur, la revue littéraire la plus importante d’Amérique latine, traductrice de Virginia Woolf, amie d'Albert Camus, Rabindranath Tagore et Jorge Luis Borges. L'autre étudia le dessin et la peinture à Paris avec Giorgio de Chirico et Fernand Léger avant de se consacrer à la littérature aux côtés de son époux, Adolfo Bioy Casares et donc non loin du même (?) Jorge Luis Borges… Les deux sœurs Ocampo se tiennent ce mois-ci côte à côte dans les vitrines de toutes les librairies francophones.

Pour Victoria, avec une édition du Vert Paradis (Vendémiaire), préfacée par Silvia Baron Supervielle, qui a réuni la plupart des textes rédigés directement en français où l'éditrice argentine témoigne avec une rare finesse de la façon dont les lectures de son enfance – Emily Brontë, Dickens, Verne, Racine, la comtesse de Ségur, Poe… – ont marqué sa sensibilité, mais aussi de sa passion constante pour T.E. Lawrence.

Pour Silvina, avec un nouveau volume punlié par les éditions des femmes-Antoinette Fouque qui depuis 2017 ont entrepris de mieux la faire connaître en France, avec la complicité d'Anne Picard : après La promesse (2017), Sentinelles de la nuit (2018) et Inventions du souvenir (2021), voici Les répétitions et autres nouvelles inédites, rédigées entre la fin des années 1930 et 1980 ; on y retrouve ses obsessions fécondes, toujours insondables, inquiétantes : le mystère des maisons et des jardins, les cruautés et les artifices de l’enfance, la prédestination d’un nom, les amours fantasmées… Rappelons la publication l'an passé, par les éditions Cambourakis, de Ceux qui aiment, haïssent, unique œuvre écrite à quatre mains par Silvia Ocampo et Adolfo Bioy Casares, roman policier qui tient dans un huis clos aussi astucieux qu'efficace…