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Penser la connectivité de l’espace méditerranéen (Toulon)

Penser la connectivité de l’espace méditerranéen (Toulon)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Sara Izzo)

Conférence internationale

« Penser la connectivité de l’espace méditerranéen »

28-30 juin 2023, Université de Toulon



Qu’est-ce que la Méditerranée et combien de Méditerranées y a-t-il ? Depuis les travaux du pionnier des études méditerranéennes Fernand Braudel, les multiples visages de l’espace méditerranéen ont maintes fois été peints. Considérée par ce dernier comme une « série de péninsules » et un « complexe de mers » qui s’étend entre le désert au Sud et l’Europe au Nord et qui tient une frontière liquide avec l’Atlantique, la Méditerranée forme, dans sa diversité, une unité à la fois physique et humaine (cf. Braudel 2017 [1949], 33). Bien que le terme de ‘connectivité’ n’y apparaisse pas, il est question de la construction d’un « espace-mouvement » (ibid., 268), créé à travers des réseaux de routes, d’échanges et de transferts notamment entre les villes, les côtes et les îles méditerranéennes toujours renouvelés. Selon des modalités spatiales comparables, les historiens Peregrine Horden et Nicholas Purcell introduisent la notion de ‘connectivité’ dans le domaine des études méditerranéennes afin de promouvoir une image de la Méditerranée en tant que réseau de communications (« network of communications » (Horden/Purcell 2000, 24)). Issu de la théorie mathématique des graphes, le concept de connectivité se trouve donc ici appliqué à la géo-histoire dans l’intention de décrire « l’environnement méditerranéen et […] la manière dont l’humanité interagit avec lui » (Horden 2016, 281) dans une perspective historique. Cette vision de réseau de communication implique donc le lieu, le temps et l’humain qui par les circulations et les migrations trace des frontières toujours nouvelles et multiples – réelles et mentales. Car outre le système de routes concrètes, la notion de connectivité désigne aussi le mode abstrait de circulation de savoir et d’échange culturel à l’intérieur du bassin méditerranéen. De ce point de vue, il s’agit d’une figure de pensée exprimant également les concepts de transfert et de médiation culturels basés sur la circulation d’objets, de pratiques, d’héritages, de discours, d’informations, de textes et d’images entre les différentes cultures du pourtour méditerranéen. Ce qui est en jeu c’est l’écriture d’une « histoire de nœuds et de lignes droites » (ibid., 282). « Mer de communication », la Méditerranée est également « une mer de conflits » (Morin 2016, 3) qui, depuis l’aube des temps, se caractérise par des affrontements de peuples et de communautés riverains. Cela devient évident de manière accentuée au moment du grand essor des nationalismes et impérialismes européens quand la Méditerranée devient un mythe consubstantiel à la création de différentes identités nationales. Ainsi, le terme de connectivité ne revêt pas seulement l’idée de communication mais aussi celle de conflit entre les mémoires et entre les imaginaires de différentes nations (cf. Crivello 2017, 5). Espace « bicéphale » (cf. Audisio 2002 [1949], 91) par excellence, la Méditerranée, à la fois fragmentée et interconnectée, est formée par des relations ainsi que des lignes de forces qui créent une tension constante entre différents centre(s) et périphérie(s) (cf. Nordman 2013, 2). Afin d’envisager une ‘histoire croisée’ de la Méditerranée, l’objectif principal est de développer des approches théoriques et d’entreprendre des études de cas qui permettent de penser le concept de connectivité de l’espace méditerranéen dans les diverses disciplines et, ce faisant, d’instaurer un dialogue inter- et transdisciplinaire convoquant aussi bien l’histoire, l’économie, le droit, la géographie, les lettres, les arts, les sciences de communication et de média et la philosophie.

 
Chaque participant disposera de 25 minutes pour la communication. Les langues de la conférence sont le français et l’anglais.

Le titre et un bref résumé d’environ 250 mots en langue française ou anglaise sont à envoyer au plus tard le 15 mars à :

laure-leveque@wanadoo.fr ; marcella.leopizzi@unisalento.it ; sizzo@uni-bonn.de


Une publication des contributions, en ligne et sur papier, est prévue sous la forme d’un dossier thématique dans la revue BABEL Littératures plurielles.

 
Bibliographie sélective

Braudel, Fernand : La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, 1. La Part du milieu, Armand Colin 2017 [1949].

Crivello, Maryline/Dirèche, Karima : Traversées de mémoires en Méditerranée. La réinvention du ‘lien’. XIXe-XXe siècle, Presses Universitaires de Provence 2017.    

Horden, Peregrine : « Connectivité ». Albera, Dionigi et al (ed.): Dictionnaire de la Méditerranée, Arles : Actes Sud 2016, pp. 281-283.

Horden, Peregrine/Purcell, Nicholas : The Corrupting Sea. A Study of Mediterranean History, Malden/Oxford: Blackwell Publishing 2000. 

Nordman, Daniel : « Cité, enclave et continent en Méditerranée (XVIe-XIXe siècle) ». Cahiers de la Méditerranée 86, 2013.