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Dispositifs d'Europe, dispositifs européens ? (colloque GRIPIC/Observatoire des discours de/sur l'Europe)

Dispositifs d'Europe, dispositifs européens ? (colloque GRIPIC/Observatoire des discours de/sur l'Europe)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Juliette Charbonneaux)

 
Appel à communications

Colloque Observatoire des discours de/sur l’Europe

« Dispositifs d’Europe, dispositifs européens ? »

GRIPIC- CELSA Sorbonne Université (France), Paris-Neuilly, 16 & 17 novembre 2023

 
Après cinq conférences internationales réussies (Besançon 2013, Bruxelles 2015, Turin 2017, Bucarest 2019 et Chypre 2021), l’Observatoire des Discours de/sur l’Europe lance son sixième appel à communication. Cette année, le colloque vise à explorer la construction discursive de l’Europe à travers les dispositifs qui la font exister, qu’ils tendent à la promouvoir ou, au contraire, cherchent à s’en distancer voire à la remettre en question. La visée principale est de continuer à forger un espace international et interdisciplinaire de discussion sur les manières d'aborder théoriquement et d'analyser empiriquement le lien entre les discours sur/en Europe et la ou les approches en termes de dispositif(s).

Discours & Dispositif(s)

Dans le champ des sciences humaines et sociales, la notion de dispositif est bien souvent et communément attribuée à Michel Foucault qui l’envisageait comme « un ensemble résolument hétérogène comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques ; bref, du dit aussi bien que du non-dit » (Foucault, 2001a : 299).

On doit notamment à Giorgio Agamben la mise en évidence du potentiel heuristique de cette notion ainsi que la fixation d’une proposition de définition. À la suite de Foucault, il propose ainsi d’appeler « dispositif tout ce qui a, d'une manière ou d'une autre, la capacité de capturer, d'orienter, de déterminer, d'intercepter, de modeler, de contrôler, et d'assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants » (Agamben, 2007).

Ce faisant, il procède à un élargissement de la notion, pour l’étendre à l’appréhension d’usages non seulement liés à l’exercice du pouvoir mais aussi communs, dimension également primordiale dans la conception du dispositif élaborée par Michel de Certeau, sous l’angle de la « tactique » des usagers (Certeau, 1990). Peuvent alors être envisagés comme dispositifs, « le stylo, l'écriture, la littérature, la philosophie, l'agriculture, la cigarette, la navigation, les téléphones portables et, pourquoi pas, le langage lui-même, le plus ancien dispositif... » (Agamben, 2007).

La plasticité croissante du concept peut expliquer sa mobilisation plurielle, dans des acceptions qui, pour être distinctes, ne sont pas pour autant antagonistes. Il permet ainsi, et sans exhaustivité, d’appréhender des logiques politiques et institutionnelles de « gouvernementalité » (Lascoumes, 2004), la dimension sociologique de l’innovation (voir Akrich, Callo, Latour, 1989), des processus d’organisation du discours (Veron, 1983, Angermuller, 2015, Maingueneau), ou encore d’entrer dans l’épaisseur de la « représentation », en sémiologie et en esthétique (Marin, 1981). On le rencontre également en sciences de l’information et de la communication lorsqu’il se voit décliné en « dispositif de médiation » (Caune, 1999) ou « dispositif info-communicationnnel » (Jeanneret, 2014). En 2015, un numéro de la revue française Communication&Langages, relevant de cette discipline, proposait ainsi de « s’intéresser au quotidien de l’Union européenne », entendant « proposer une nouvelle approche de l’utilisation des dispositifs de communication sur Internet (sites de réseaux sociaux et sites Web) par les acteurs politiques pour (la) promouvoir ou non » (Jeanne-Perrier et Roginsky, 2015).

Le focus

C’est de cette diversité disciplinaire qu’entend tirer parti le colloque à venir, afin d’interroger de façon critique la construction dispositive de l’Europe et des discours ou contre-discours qui l’accompagnent.

Les communications proposées peuvent ainsi provenir de l’analyse de discours, de la linguistique, des sciences de l’information et de la communication, des sciences politiques, du droit, de l’histoire… et s’appuyer sur des discussions théoriques, des cas empiriques, des études comparatives et interdisciplinaires qui contribuent au développement des approches et des méthodes pour comprendre la relation entre discours, dispositif(s) et Europe. À cette pluralité d’approches possibles correspond une acception délibérément large d’ « Europe », envisagée comme « être culturel » (Jeanneret, 2007) : peuvent ainsi être proposées des recherches qui l’envisagent sous l’angle institutionnel (UE), géographique, ou encore comme espace d’échanges politiques, culturels, marchands, intellectuels...

Tout en restant ouverts à la diversité des propositions qui cherchent à contribuer à l’analyse de dispositifs relatifs à l’Europe, nous espérons notamment recevoir des contributions autour des perspectives suivantes :
-       épistémologique : En quoi la notion même de dispositif s’avère-t-elle opératoire pour penser l’Europe aujourd’hui ? Quelle place donner à l’analyse de discours ? 
-       méthodologique : Comment aborder empiriquement l’amplitude des dispositifs d’Europe et en Europe ? 
-       stratégique et tactique : Quels sont les acteurs à l’origine de dispositifs européens ? Quels sont leurs motifs d’action et/ou de mobilisation ? Et, en regard, quels sont ceux qui proposent des voies alternatives ? Qui cherchent à se les approprier ou à s’y opposer, plus ou moins ouvertement ? Qui « braconne » avec l’Europe pour proposer des formes inventives et dissidentes ? Et comment ?
-       représentationnelle : Comment est donnée à voir l’Europe ? Par quels types de mise(s) en scène(s) et en signe(s) ou encore de récit(s)? Par quels moyens techniques, symboliques, sémiotiques, peut se manifester et se constituer une « sémiosphère européenne » (Bal, 2023) ? 

Conférencière invitée

Professeure Mieke Bal (Université d’Utrecht, Pays-Bas)

Modalités de contribution

Les propositions, en français ou en anglais, sont à envoyer à l’adresse suivante : colloqueeurope2023@gmail.com
Ces propositions de 350 mots maximum doivent indiquer un titre, le nom de l'auteur, l'affiliation académique, l'adresse électronique de correspondance, et un résumé expliquant la pertinence du sujet proposé au regard des thèmes de la conférence, l'approche méthodologique utilisée et les résultats principaux/préliminaires espérés.
Les propositions seront soumises à un examen en double aveugle effectué par les membres du comité scientifique.
La date limite pour la soumission des propositions est le 15 mai 2023.

Dates clés

Date limite de soumission des propositions : 01.06.23
Notification d’acceptation : 20.06.2023
Conférence : 16 &17 novembre 2023

Frais d’inscription

Il n’y a pas de frais d’inscription. Les frais de déplacement et de logement ne sont pas pris en charge par l’organisation du colloque.  

Comité scientifique

Julien Auboussier (Université Lumière Lyon 2)
Francesca Bisiani (Université Catholique de Lille)
Lisa Bolz (Sorbonne Université)
Juliette Charbonneaux (Sorbonne Université)
François Fecteau (Université Libre de Bruxelles)
Marie-Hélène Hermand (Université Bordeaux Montaigne)
Valentina Pricopie (Académie Roumaine)
Rachele Raus (Université de Bologne)
Sandrine Roginsky (Université Catholique de Louvain) 
Florian Tixier (Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine)
Dimitris Trimithiotis (Université de Chypre)

Responsables de l’organisation

Juliette Charbonneaux (GRIPIC, Sorbonne Université)
Lisa Bolz (GRIPIC, Sorbonne Université)
Johanna Cappi (GRIPIC, Sorbonne Université)
Claudia Marson (GRIPIC, Sorbonne Université)
Anita Saleh (GRIPIC, Sorbonne Université)

Call for papers
Conference - Observatory of the discourses of/on Europe
"Europe's devices, European devices?"
GRIPIC- CELSA Sorbonne Université (France), Paris-Neuilly, 16&17 novembre 2023
 

After five successful international conferences (Besançon 2013, Brussels 2015, Turin 2017, Bucharest 2019 and Cyprus 2021), the Observatory of Discourses of/about Europe launches its sixth call for papers. This year, the conference aims to explore the discursive construction of Europe through the devices that make it exist, whether they tend to promote it or, on the contrary, seek to distance themselves from it or even to question it. The main aim is to continue to forge an international and interdisciplinary space for discussion on the ways in which the link between discourses on/in Europe and the approach(es) in terms of device(s) can be theoretically addressed and empirically analysed.

Discourse & Device(s)
In the field of the humanities and social sciences, the notion of 'device' is often and commonly attributed to Michel Foucault, who envisaged it as 'a resolutely heterogeneous whole comprising discourses, institutions, architectural arrangements, regulatory decisions, laws, administrative measures, scientific statements, philosophical, moral and philanthropic proposals; in short, the said as well as the unsaid' (Foucault, 2001a: 299). 
Giorgio Agamben is notably responsible for highlighting the heuristic potential of this notion and for establishing a proposed definition. Following Foucault, he proposes to call 'a device anything that has, in one way or another, the capacity to capture, orientate, determine, intercept, model, control and ensure the gestures, conducts, opinions and discourses of living beings' (Agamben, 2007). 
In so doing, he broadens the notion to include uses that are not only linked to the exercise of power but also common, a dimension that is also primordial in Michel de Certeau's conception of the dispositif, from the point of view of users’ "tactics" (Certeau, 1990). « The pen, writing, literature, philosophy, agriculture, cigarettes, navigation, mobile phones and, why not, language itself, the oldest device », can be considered as devices. (Agamben, 2007).
The growing plasticity of the concept can explain its plural mobilisation, in meanings which, although distinct, are not antagonistic. It thus allows us, without being exhaustive, to understand the political and institutional logics of 'governmentality' (Lascoumes, 2004), the sociological dimension of innovation (see Akrich, Callo, Latour, 1989), the processes of organising discourse (Veron, 1983, Angermuller, 2015, Maingueneau), or even to enter into the depths of 'representation', in semiology and aesthetics (Marin, 1981). It is also encountered in information and communication sciences when it is declined as a 'mediation device' (Caune, 1999) or 'info-communication device' (Jeanneret, 2014). In 2015, an issue of the French journal Communication&Langages proposed to 'take an interest in the daily life of the European Union', intending to 'propose a new approach to the use of communication devices on the Internet (social networking sites and websites) by political actors to promote or not to promote it' (Jeanne-Perrier and Roginsky, 2015).

The focus
The upcoming conference intends to take advantage from this disciplinary diversity, in order to critically question the dispositive construction of Europe and the discourses or counter-discourses that accompany it.  
The proposed papers may thus come from discourse analysis, linguistics, information and communication sciences, political science, law, history, etc. and be based on theoretical discussions, empirical cases, comparative and interdisciplinary studies that contribute to the development of approaches and methods for understanding the relationship between discourse, device(s) and Europe. This plurality of possible approaches is matched by a deliberately broad understanding of 'Europe', seen as a 'cultural being' (Jeanneret, 2007): research can thus be proposed that considers it from an institutional (EU) or geographical angle, or as a space for political, cultural, commercial or intellectual exchanges...
While remaining open to the diversity of proposals that seek to contribute to the analysis of devices related to Europe, we hope to receive contributions from the following perspectives : 
- Epistemological: In what way does the very notion of device prove to be operative for thinking about Europe today? What place should be given to discourse analysis? 
- Methodological: How can we empirically approach the scope of the devices of and in Europe? 
- Strategic and tactical: Who are the actors at the origin of European mechanisms? What are their motives for action and/or mobilisation ? And, in relation to this, who are those who propose alternative paths? Who are trying to appropriate or oppose them, more or less openly? Who is 'poaching' with Europe to propose inventive and dissident forms? And how?
- Representational: how is Europe presented? Through what kind of staging and signage or narrative? By what technical, symbolic and semiotic means can a 'European semiosphere' (Bal, 2023) be manifested and constituted?

Guest speaker
Professor Mieke Bal (University of Utrecht, The Netherlands)

How to contribute
Proposals, in English or French, should be sent to the following address: colloqueeurope2023@gmail.com
Proposals should be no longer than 350 words and should include a title, author's name, academic affiliation, e-mail address, and an abstract explaining the relevance of the proposed topic to the conference themes, the methodological approach used and the main/principal results.
Proposals will be subject to a double-blind review by members of the scientific committee.
The deadline for submission of proposals is 1 juin 2023.

Key dates
- Deadline for submission of proposals: 1.06.23
- Notification of acceptance: 20.06.2023
- Conference: 16 &17 November 2023

Registration fees
There is no registration fee. Travel and accommodation costs are not covered by the conference organisation.  

Scientific Committee
Julien Auboussier (University Lumière Lyon 2)
- Francesca Bisiani (Catholic University of Lille)
- Lisa Bolz (Sorbonne University)
- Juliette Charbonneaux (Sorbonne University)
- François Fecteau (Université Libre of Brussels)
- Marie-Hélène Hermand (Bordeaux Montaigne University)
- Valentina Pricopie (Romanian Academy)
- Rachele Raus (University of Bologna)
- Sandrine Roginsky (Catholic University of Louvain) 
- Florian Tixier (Bordeaux Aquitaine Institute of Journalism)
- Dimitris Trimithiotis (University of Cyprus)

Responsible for the organisation
- Juliette Charbonneaux (GRIPIC, Sorbonne University)
- Lisa Bolz (GRIPIC, Sorbonne University)
- Johanna Cappi (GRIPIC, Sorbonne University)
- Claudia Marson (GRIPIC, Sorbonne University)
- Anita Saleh (GRIPIC, Sorbonne University)