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Le conte musical et l’opéra pour enfants dans le monde anglophone / Musical tale and children’s opera in the English-speaking world

Le conte musical et l’opéra pour enfants dans le monde anglophone / Musical tale and children’s opera in the English-speaking world

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Marcin Stawiarski)

 Appel à communications
 
« Le conte musical et l’opéra pour enfants dans le monde anglophone »

Colloque international à l'Université de Caen Normandie, France

22-23 novembre 2023

Une certaine controverse entoure l’une des premières productions opératiques dans le monde anglophone : l’opéra Dido and Æneas (1689) de Henry Purcell aurait été initialement destiné à être joué par une troupe de jeunes filles devant un jeune public à la Boarding School for Girls, à Chelsea, à Londres. Faudrait-il en déduire que l’opéra anglais est né en tant que genre musical pour la jeunesse ? Les siècles qui suivirent connurent un véritable essor de l’opéra et de l’opérette en Europe, mais ce fut surtout le public adulte qui était courtisé et ce ne fut qu’au XXe siècle qu’émergea l’intérêt croissant pour les jeunes spectateurs. Aux États-Unis, Aaron Copland composait The Second Hurricane (1937), opéra destiné pour les spectacles d’école, alors qu’au Royaume-Uni Benjamin Britten créait son opéra pour enfants The Little Sweep (1949), puis son opéra-oratorio Noye’s Fludde (1957), lequel associait artistes amateurs et jeunes chanteurs. Dans le monde anglophone, vint ensuite le succès du genre de la comédie musicale qui s’est rapidement tourné vers le jeune public avec des productions célèbres telles que Mary Poppins (1964) ou Chitty Chitty Bang Bang (1968). Plus récemment, une jeune prodige anglaise, Alma Elizabeth Deutscher, débutait à l’âge de sept ans avec son premier opéra The Sweeper of Dreams (2012) ; puis, elle écrivait, à l’âge de dix, son deuxième opéra, Cinderella (2016), devançant le jeune Mozart qui avait douze lorsqu’il composa son premier singspiel Bastien und Bastienne (1768).

De son côté, le conte musical, moins spectaculaire que l’opéra, s’est développé au XXe siècle avec l’avènement des grands médias. Ce genre musico-littéraire, proche de l’opéra et de la chanson, permet de problématiser les œuvres utilisant la parole chantée par un jeune public de manière tout à fait singulière. Comme l’opéra, le conte est doté d’une intrigue et il raconte une histoire, mais sa dimension plus réduite se prête à des usages scéniques plus variés, destinés aux petits théâtres ou aux spectacles d’écoles, notamment grâce à la possibilité de mémorisation facile. Le conte permet indubitablement de soutenir l’attention du jeune public plus aisément en raison de sa durée réduite et grâce à la récitation. Même s’il utilise la musique de manière moins centrale et plus utilitaire que l’opéra, restant attaché à la tradition littéraire du texte, le conte musical n’en demeure pas moins une œuvre musicale à part entière qui et reste surtout connu pour sa visée didactique, voire morale.  

C’est à la croisée de ces deux traditions, proches, mais bien distinctes – celle du conte musical et celle de l’opéra pour enfants – que se situe l’argument de ce colloque qui s’intéressera autant aux œuvres conçues pour les enfants qu’au rôle dévolu aux jeunes musiciens dans le monde du spectacle, proposant d’étudier les productions musicales destinées aux jeunes publics.

D’abord, il s’agira d’interroger les spécificités génériques des compositions pour les jeunes publics (conte chanté, opéra, comédie musicale, etc.). On examinera aussi bien les thématiques que les diverses techniques de composition. Les parties chantées par les enfants, par exemple, sont-elles systématiquement mélodiques et simples à mémoriser ? Quels types de texture sont utilisés ? Existe-t-il un formalisme particulier des œuvres pour la jeunesse ? On pourra également aborder la question des modalités discursives utilisées, comme, par exemple, l’humour qui fait partie intégrante des caractéristiques du conte musical. On s’intéressera aussi à la question des visées pédagogiques, politiques et morales de ces compositions, comme dans les contes moralisateurs de Lisa Lehemann, Four Cautionary Tales and a Moral (1909).

Les pratiques scéniques et participatives constituent un champ d’investigation de premier plan. De nombreuses modalités d’implication des jeunes musiciens peuvent être étudiées : rôles d’enfants, rôles de figurants ou encore chœurs d’enfants, etc. The Little Sweep de Britten fait partie d’une production qui repose sur la logique de l’injonction :  Let’s make an Opera est un appel à participation et un vœu de créativité partagée. On a affaire à un public exigeant qui n’est pas simplement engoncé dans son fauteuil, supportant, dans le silence, plusieurs heures de spectacle. Bien au contraire, il sera impliqué dans le spectacle, amené à y prendre une part active, aspect qui constitue sans nul doute l’une des caractéristiques majeures du spectacle pour enfants. Noye’s Fludde de Britten réunit enfants, musiciens amateurs et professionnels ainsi que l’assemblée des fidèles, généralisant ainsi l’aspect performatif et participatif, tradition anglaise qui remonte au XVIIIe siècle quand on pense au Beggar’s Opera souvent joué par des enfants ou aux représentations destinées aux enfants des opérettes de Gilbert et de Sullivan. La théâtralité, la récitation et le jeu d’acteur sont ainsi intimement liés au conte musical et à l’opéra pour enfants, et nombreuses sont les productions mettent la récitation et la narration au premier plan, souvent pour des raisons de compréhension, comme dans Bang! de John Rutter (1975), dont l’intrigue est basée sur l’événement historique de The Gunpowder Plot de 1605.

Il pourra également être question de traditions spécifiques liées aux modes d’exécution et aux lieux de transmission et de création des œuvres destinées aux jeunes publics. À l’époque moderne, beaucoup de productions de contes musicaux ont vu le jour grâce à la télévision et aux programmes télévisés destinés aux enfants. C’est le cas de l’opéra télévisé américain Amahl and the Night Visitors (1951) de Gian Carlo Menotti. Mais de nombreuses œuvres sont aussi créées en tant que genres de spectacle pédagogique ou spectacle d’école, œuvres didactiques et moralisatrices destinées à être jouées dans un cadre restreint et s’inscrivent dans le cadre de projets culturels d’établissements.

On pourra également s’interroger sur le rapport entre texte et musique. Dans le conte musical, il arrive que la musique ne joue qu’un rôle secondaire d’arrière-plan d’atmosphère, comme dans ce qu’on appelle l’incidental music : c’est le terme employé, par exemple, dans le conte de Lisa Lehemann The Selfish Giant: A story by Oscar Wilde (1911), qui réduit la musique au strict minimum pour privilégier la récitation du texte sur un fonds musical. Du côté du conte musical, quelles sont les modes privilégiés de la relation texte-musique ? Du côté de l’opéra, quel est le rapport entre texte et musique ? Quelles sont les sources des livrets ? Aura-t-on tendance à reprendre des contes ou des histoires bien connus du jeune public comme celle de Pinocchio dans The Adventures of Pinocchio (2007) de Jonathan Dove ? Ou encore, s’agira-t-il de sources documentaires originales comme dans A Place To Call Home (1993) de Edward Barnes, dont le livret prend sa source dans une série d’interviews autour de réfugiés aux États-Unis ?

Enfin, on se penchera aussi sur l’univers du spectacle contemporain et celui des créations actuelles qui parsèment les territoires anglophones. Quelles sont les productions en vogue et comment ont-elles évolué au cours des dernières décennies ? Quelles sont les structures d’accueil et les associations qui viennent en appui aux spectacles pour jeunes publics ? Quels médias sont privilégiés pour la transmission et la vulgarisation de ces productions ? Quelles contraintes doivent être prises en considération dans le travail avec les enfants ? Enfin, quels sont les enjeux financiers et idéologiques de ces productions ?

Ce colloque international est proposé en collaboration entre l’ERIBIA, Équipe de recherche interdisciplinaire sur la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Amérique du Nord de l’Université (UR 2610) de Caen Normandie et l’IDEA, Interdisciplinarité Dans les Études Anglophones (UR 2338) de l’Université de Lorraine. Les problématiques abordées concernent surtout le monde anglophone, mais les communications interdisciplinaires sont également encouragées.

Les propositions de communication peuvent porter sur les aspects suivants :

—    Œuvres chantées pour/par enfants : opéra pour enfants et conte musical

—    Spécificités et techniques des genres musicaux destinés aux jeunes publics

—    Questions de territoires culturels et de géographies des genres musicaux pour enfants

—    Problématiques liées à la didactique et à la pédagogie musicale

—    Questions de moralisation dans les œuvres pour enfants et de récupération politique et idéologique des spectacles pour jeunes publics

—    Questions de mise en scène et de modalités de participation de jeunes musiciens.



Les propositions de communication doivent être envoyées à marcin.stawiarski@unicaen.fr avant le 31 août 2023.

Les réponses seront envoyées aux participants avant le 15 Septembre 2023.

Responsable : Marcin Stawiarski



Adresse de l’événement : Université de Caen, Amphithéâtre de la MRSH (Campus I, Caen, Esplanade de la Paix)

Date de l’événement : 22-23 novembre 2023

Date limite pour envoi de contributions : 31 août 2023

Frais d’inscription : €60 / doctorant : €30

Projet de publication :

Une sélection d’articles sera publiée dans un numéro thématique de la revue anglophone en ligne LISA (LISA e-Journal).

URL des équipes de recherche porteuses :

https://eribia.unicaen.fr/ 

https://idea.univ-lorraine.fr/



Comité scientifique :

Cécile AUZOLLE, Université de Poitiers, musicologie

Gilles COUDERC, Université de Caen Normandie, études anglophones

Pierre DEGOTT, Université de Lorraine, études anglophones

Coralie FAYOLLE, Conservatoire de Paris, écriture, musicologie

Jean-Philippe HEBERLÉ, Université de Lorraine, études anglophones

Stéphane LELIEVRE, Université Paris-Sorbonne, Littérature Comparée

Maud POURADIER-GENDREL, Université de Caen Normandie, philosophie 

Theresa SCHMITZ, EHESS, musicologie

Marcin STAWIARSKI, Université de Caen Normandie, études anglophones

Nathalie VINCENT-ARNAUD, Université de Toulouse II, études anglophones




 Call for Papers
 
“Musical tale and children’s opera in the English-speaking world”

International Conference

University of Caen Normandy, France

22-23 November 2023

Some controversy surrounds one of the earliest operatic productions in the English-speaking world: Henry Purcell’s opera Dido and Æneas (1689) was supposedly performed by young pupils at the Boarding School for Girls, in Chelsea, in London. English opera may thus have been born as a musical genre for young audiences. The following centuries saw a spectacular boom in opera and operetta in Europe, but mainly adult audiences were targeted and it was not until the 20th century that producers started currying favor with younger spectators. In the United States, Aaron Copland composed The Second Hurricane (1937), an opera specifically designed for school performances, while in the United Kingdom Benjamin Britten created his children’s opera The Little Sweep (1949), then his opera-oratorio Noye’s Fludde (1957), which brought together amateur artists and young singers. The twentieth century also saw the emergence of the musical comedy genre, which soon engaged with young audiences with well-known works such as Mary Poppins (1964) or Chitty Chitty Bang Bang (1968). Lately, a young English prodigy, Alma Elizabeth Deutscher, made her debut at the age of seven with her first opera The Sweeper of Dreams (2012), then, at the age of ten, wrote her second opera Cinderella (2016), outshining the young Mozart who was twelve when he composed his first singspiel Bastien und Bastienne (1768). 

The musical tale, less spectacular than the opera, developed in the 20th century especially with the appearance of new mass media. This specific genre, akin to both song and opera, requires a unique approach to word and music interrelations in works destined for young audiences. Like opera, the musical tale hinges on a plot and tells a story, but its smaller size, enabling easier rote learning, lends itself better to a greater variety of stage uses, including small theaters or school shows. Its concise structure makes it possible to hold the audience’s attention more easily. Even if it depends on music in a less central and more utilitarian way than opera, remaining attached to the literary tradition of text recitation, the musical tale remains a musical work in its own right and is undoubtedly best known for its didactic or moral purposes.

This conference’s main argument lies at the crossroads of these two somewhat similar yet different traditions, offering specialists an opportunity to discuss a vast array of topics in relation to the musical tale and the opera for children, with a particular focus on the role of young audiences and young musicians in the field of musical entertainment and musical productions intended for young audiences in the contemporary world.

First, this conference sets out to explore the generic specificities of compositions for young audiences (sung tale, opera, musical comedy, etc.). Emphasis will be laid on the themes and the specific composition techniques used in works for young audiences. How is melody conducted? What type of texture is used? Are there any specific structural patterns? The question of specific discourse can be addressed as well, such as, for instance, humor which is part and parcel of the musical tale. Moreover, the issue of educational, political and moral underpinnings behind these compositions can also be broached, as in Lisa Lehemann’s moralistic work Four Cautionary Tales and a Morale (1909).

Besides, scenic and participatory practices constitute an interesting field of investigation. Ways of involving young musicians can be studied: children’s roles or children's choirs, for example. Britten’s The Little Sweep encourages participative creation: Let’s make an Opera is a call for participation and shared creativity. Children are a demanding audience who will not stay put for hours on end but would much sooner engage in the show, which undoubtedly constitutes one of the major characteristics of children’s productions. Britten’s Noye’s Fludde brings together youngsters, amateurs and professional musicians as well as the church congregation, thus relying on the performative tradition that dates back to the 18th and 19th centuries, with The Beggar’s Opera, often played by children, or Gilbert and Sullivan’s comic operas matinees for children. Numerous performances rely on recitation and narration to enhance understanding, as in Bang! by John Rutter (1975), whose plot is based on The Gunpowder Plot of 1605.


There may also be a question of specific traditions linked to the trends in performance practices of works intended for young audiences. Recent productions of musical tales have drawn on television and children’s television programs. Likewise, some opera productions, such as the American televised opera Amahl and the Night Visitors (1951) by Gian Carlo Menotti, have resorted to television broadcasting as well. But many works are also created as educational shows for school performances, endowed with didactic and moralizing purposes and intended to be performed in a specific context and circumstances.

Furthermore, we would like to explore word and music interrelations in works for children. In musical tales, music may play only a secondary role of illustrative background, or ‘incidental music’, as, for instance, in Lisa Lehemann’s tale The Selfish Giant: A story by Oscar Wilde (1911), where music solely lends support to the recitation of the text. What are the main types of text-music relationship? What are the sources of lyrics and librettos? As far as the textual source is concerned, are the works based on tales or well-known stories like that of Pinocchio in The Adventures of Pinocchio (2007) by Jonathan Dove, or perhaps original sources such as A Place To Call Home (1993) by the American composer Edward Barnes, whose libretto is based on a series of interviews with refugees?

Finally, we will also look at the world of contemporary entertainment in the English-speaking territories. What are the trends in contemporary productions and how have they evolved over the last few decades? What are the organizations which encourage such shows for young audiences? What media are favored for the transmission and popularization of these productions? Also, what constraints should be taken into consideration when working with children and what are the financial and ideological stakes of contemporary performances?

This international conference will be held at the University of Caen Normandy. It is hosted by ERIBIA research group and coorganized by IDEA (Interdisciplinarité Dans les Études Anglophones, UR 2338). This conference is mainly dedicated to subjects arising in English-speaking countries, but contributions from diverse contexts and interdisciplinary fields are welcome.

Relevant topics may include (but are by no means limited to):
·       musical works sung for/by children, namely children’s opera and musical tales

·       representations of children in opera

·       specificities and technicalities of musical genres intended for young audiences

·       questions of cultural territories and geographies of vocal musical genres for children

·       topics related to didactics and musical pedagogy

·       moral and ethical issues

·       political and ideological questions

·       methods of staging and participatory for young musicians.


Submissions should include a title, a 250-300-word summary, a short biographical note, your academic affiliation, and should be sent to marcin.stawiarski@unicaen.fr by August, 31, 2023.

Deadline for submissions: August 31, 2023

Registration fee for participants: €60 / Ph.D. students: €30 

Contact email: marcin.stawiarski@unicaen.fr

Organiser: Marcin STAWIARSKI

Location: Université de Caen, Amphithéâtre de la MRSH (Campus I, Caen, Esplanade de la Paix)

Dates: 22-23 November 2023

Publication of conference proceedings:

A selection of submissions will be published in a special issue of LISA e-Journal

Research teams hosting the event:

https://eribia.unicaen.fr/ 

https://idea.univ-lorraine.fr/

 

Scientific committee:

 

Cécile AUZOLLE, Université de Poitiers, musicology

Gilles COUDERC, Université de Caen Normandie, English studies

Pierre DEGOTT, Université de Lorraine, English studies

Coralie FAYOLLE, Conservatoire de Paris, écriture, musicology

Jean-Philippe HEBERLÉ, Université de Lorraine, English studies

Stéphane LELIEVRE, Université Paris-Sorbonne, comparative literature

Maud POURADIER-GENDREL, Université de Caen Normandie, philosophy 

Theresa SCHMITZ, EHESS, musicology

Marcin STAWIARSKI, Université de Caen Normandie, English studies 

Nathalie VINCENT-ARNAUD, Université de Toulouse II, English studies