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L’universel et le commun : relations, redéfinitions (Savoirs en lien, n° 2)

L’universel et le commun : relations, redéfinitions (Savoirs en lien, n° 2)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Jean-Luc Martine )

Savoirs en lien, n° 2

L’universel et le commun : relations, redéfinitions

Sous la direction de Jean-Luc Martine et Hugues Galli

https://preo.u-bourgogne.fr/sel/

Pour son deuxième numéro, la revue interdisciplinaire SEL se propose de (re)penser conjointement les notions d’universel et de commun et d’évaluer leur pertinence à l’aune de la recherche actuelle et des changements sociaux.

ARGUMENTAIRE

Il semble que le souci de l’universel soit ce qui anime l’esprit, ce qui forme l’horizon de ses ambitions et de ses espoirs. Comment se satisfaire d’une vérité qui ne serait que locale, d’une beauté qui ne saurait toucher que quelques-uns, d’un bien qui ne vaudrait pas pour tous les hommes ? L’idée d’universel, qui a trouvé ses premières expressions dans l’Antiquité avant d’être reformulée par le christianisme puis par les Lumières, semble être devenue notre horizon de pensée. Cependant, cet universalisme est soumis à de vives critiques, formulées par celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans des conceptions de l’universel qui leur apparaissent comme piégées. L’universel ne serait-il pas le masque d’un projet colonial hégémonique ? Celui de représentations masculines qu’il faudrait questionner à partir de savoirs autrement situés ? N’aurait-il pas pour fonction de réduire au silence les voix minoritaires ? Sans céder à un relativisme facile qui le récuserait, ni à un universalisme qui le réaffirmerait sans le questionner, il convient de (re)penser l’universel, peut-être pour lui préférer la notion de commun, ou d’en-commun, plus horizontale, impliquant réciprocité, coappartenance et partage. Ce questionnement de l’universel et du commun pourra s’attacher aux éléments sémantiques portés par les termes eux-mêmes, en explorant ce qui s’affirme ou ce qui se dissimule dans les relations qu’entretiennent entre eux les champs lexicaux. Il serait alors intéressant de penser la signification de ces notions en fonction des époques et des aires géographiques et culturelles d’emploi, ou encore de les relier à celles dont elles peuvent partager le sens. Les notions d’universel et de commun, proches et distinctes, peuvent être reliées à d’autres, qu’elles entraînent dans leur sillage. Le terme commun par exemple peut être entrevu dans sa proximité avec les notions d’intégralité, voire de totalité. Dans ce cas, il semblerait que ce qui est commun ou universel doive former une totalité englobante. Ce qui est commun, universel, peut aussi être entrevu selon le prisme de la pluralité et des interactions. Dans ce cas, l’Autre au sens large, la relation, les zones d’intersubjectivité offrent de nouvelles pistes. De manière générale, l’universel, le commun interrogent les notions de pluriel et de singulier, celles de totalité et de multitude. On pourra aussi explorer ces idées dans le contexte d’une histoire où les relations entre l’idée d’universel et les communautés nationales font problème. C’est par exemple le cas pour cette spécificité française d’une République comprise comme un universel toujours à construire. Dans ce cadre, c’est, plus largement, le devenir de l’universel, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, qu’il s’agit de saisir de mesurer et de questionner. Dans cette histoire longue, l’héritage contemporain et controversé des Lumières, parfois associées à un universalisme à la fois froidement rationaliste et nettement européocentré, mérite sans doute de recevoir un éclairage nouveau. Sur le plan linguistique, l’examen des notions de « langue de l’universel », « langue universelle », « langue commune » paraît particulièrement pertinent. Les langues universelles construites découlent le plus souvent d’une volonté de surmonter les aléas de l’interprétation de manière à rendre compte de la réalité le plus précisément possible et sans équivoque. On observe cette démarche dans l’élaboration du Basic English au lendemain de la Grande Guerre. Il s’agit d’un exemple de ces périodes où, face à un moment charnière d’une société ou d’une époque, on voit se développer un pessimisme de l’interprétation basé sur possibilité d’une intercompréhension. Apparaissent alors des velléités de transformation de la langue/des habitudes de langage afin de la purifier, la purger, la parfaire. La langue semble dès lors l’objet imparfait par excellence qu’il convint de transformer, de réformer voire de recréer. Les langues universelles construites sont autant d’expériences linguistiques révélatrices de la recherche de l’universel. En linguistique toujours, les études menées sur les universaux linguistiques, les travaux en terminologie et en traductologie, les recherches de la langue originelle sont autant de preuves d’une quête sans cesse renouvelée du commun linguistique. Enfin, les problèmes linguistiques qui se jouent entre les communautés et les individus ouvrent sur la question plus large de l’interprétation et des divergences interprétatives. Existe-t-il des lectures universelles ? Peut-on lire en commun ?

SOUMISSION ET CALENDRIER PRÉVISIONNEL

5 février 2023 : envoi des propositions (2 000 signes max., bibliographie comprise) à Jean-Luc Martine et à Hugues Galli : jean.luc.martine@protonmail.com hugues.galli@u-bourgogne.fr

15 février 2023 : réponse aux auteurs

15 mai 2023 : remise des textes (35 000 signes max.)

15 septembre-15 octobre 2023 : publication en ligne du numéro