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Ouvrage collectif sur Françoise Sagan : Bonjour tristesse 1954-2024

Ouvrage collectif sur Françoise Sagan : Bonjour tristesse 1954-2024

Publié le par Esther Demoulin (Source : Flavien Falantin)

Appel à contributions


Ouvrage collectif sur Françoise Sagan : Bonjour tristesse 1954-2024

Études réunies par Flavien Falantin (Colby College, États-Unis) et Céline Hromadova (membre associé à Paris 3-Sorbonne Nouvelle).

L’année 2024 invite à réfléchir aux 70 ans de la publication de Bonjour tristesse. Mais qu’en est-il de la postérité et de l’héritage de ce roman ? 

Du point de vue sociétal, Bonjour tristesse provoque un scandale mondial. Paru la même année que Les Mandarins de Simone de Beauvoir, il se retrouve mis à l’Index par le Vatican pour son immoralité. Les grands noms de la littérature se saisissent du roman et de la romancière pour attiser les braises de la polémique, notamment Cocteau, Giono, Céline, Robbe-Grillet ou Mauriac. D’autres auteurs, à l’image de Romain Gary, de Raymond Queneau, de Boris Vian ou de Tennessee Williams, voient dans cette nouvelle littérature un élan salvateur d’émancipation et de libération.

Sagan inspire les premiers romans d’hommes de lettres comme Jean d’Ormesson, Philippe Sollers ou Michel Déon. Bonjour tristesse séduit surtout le clan des romanciers Hussards, et plus particulièrement Bernard Frank, qui l’utilise pour alimenter sa querelle avec Sartre. 

Nombreuses furent également les romancières à s’inspirer de Françoise Sagan. Annie Ernaux, Brigitte Giraud, Nina Bouraoui, Maïssa Bey, Solveig Vialle, Chantal Thomas ont témoigné de l’influence littéraire de Sagan sur leurs œuvres (Le Monde, 19 juin 2008). Cet engouement pour l’écriture du roman parfait, couronné de succès, a très tôt fait des émules et les « nouvelles Sagan » se sont multipliées jusqu’aux États-Unis (Pamela Moore) et au Japon (Seiko Tanabe). De nombreuses autrices ont récemment mis Sagan en fiction, qu’il s’agisse d’Annick Geille, d’Anne Berest, de Brigitte Kernel, de Marie-Ève Lacasse, Danièle de Saint-Bois ou de Geraldine Maillet.

Relativement à la Francophonie, Bonjour tristesse intervient à la fin de la guerre d’Indochine et au début de la guerre d’Algérie. Il est saisissant d’observer que le contexte des indépendances le transforme en texte libérateur, presque paradigmatique, qui trouve une résonnance dans les premiers romans d’Assia Djebar (La Soif), de Leïla Baalbaki, de Colette Khoury ou de Dany Laferrière (Le Goût des jeunes filles). 

L’enjeu est aussi cinématographique, les droits de Bonjour tristesse sont rachetés par Hollywood qui décide d’en faire une adaptation avec Jean Seberg, Deborah Kerr et Mylène Demongeot en actrices principales. Si Sagan émet des doutes sur ce film, François Mauriac, dans l’un de ses Blocs-notes, rend compte de la sensibilité de son réalisateur. Les contributions sur l’analyse cinématographique du film d’Otto Preminger seront les bienvenues. 

Au niveau des études psychanalytiques et genrées, Bonjour tristesse devient un roman analysé par de nombreux universitaires qui s’emparent des thématiques du lesbianisme (Jean Lignière), du complexe d’Œdipe (Jacques Lacan, Philippe Hellebois) ou de la disparition de la masculinité (Alexandre Kojève, « Le dernier monde nouveau »). En effet, Sagan brouille les pistes dès son premier livre en recourant aux prénoms épicènes ou neutres qui proposent des analyses polyphoniques. Comme le suggère Bernard Frank dans Mon Siècle : « On relisait Bonjour tristesse, comme le policier retourne sur les lieux du crime dans l’espoir de trouver un indice. On refaisait à pas comptés le chemin de la faute. Chaque mot désormais était un signe. » (p. 118.)

Concernant la réception critique, on reproche paradoxalement à Sagan ses aphorismes moralistes, ainsi qu’une plume cruelle qui renoue avec le beau style. À l’époque, cette calliépie aristocratique tranche avec l’élan insufflé par le Nouveau Roman ou le Sartre de Qu’est-ce que la littérature ? Les contributions portant sur l’étude stylistique et linguistique de Bonjour tristesse sont encouragées, ainsi que celles portant sur l’ethos de l’écrivain et son image médiatique.

Une rubrique « varia » prendra en compte les thèmes suivants : 

-       l’œuvre de Sagan dans son intégralité (romans, chroniques, théâtre, récits), 
-       le dialogue entre les œuvres et les mentions littéraires à Sagan (chez Houellebecq, Beigbeder etc.), 
-       la place de l’intertextualité dans l’œuvre, 
-       la bande dessinée Bonjour tristesse de Frédéric Rébéna (2018), 
-       le traitement littéraire de la nature, de l’amitié, du jeu, de la vitesse...
-       Sagan parolière...


Calendrier : 

Merci d’adresser vos propositions de communication en 200-300 mots, accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique à Flavien Falantin (ffalanti@colby.edu) et Céline Hromadova (celinehromadova@gmail.com

Remise de vos propositions de 200-300 mots : 21 juin 2023.

Réponse : 15 juillet 2023

Remise des articles : 1er décembre 2023

Retour aux auteurs après expertise : 15 janvier 2024

Publication : septembre 2024

Langues des articles acceptées : français et anglais


Bibliographie indicative :

·      SAGAN, Françoise, Œuvres, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1993.
·      ADLER, Aurélie, « Bonjour tristesse : fête ou défaite du monde moderne ? » Revue critique de Fixxion française contemporaine, n° 5, 2012.
·      BECK, Béatrix, « Une certaine jeunesse », Marginales, n° 55-56, octobre 1957, p. 1-5.
·      BIEBER, Hélène, Études sur Françoise Sagan. Bonjour tristesse, Paris, Ellipses, 2007.
·      COUTANT-DEFER, Dominique, « Bonjour tristesse, Françoise Sagan », Le Petit Littéraire, 2013.
·      DELASSEIN, Sophie, Aimez-vous Sagan ? Paris, Fayard, 2002.
·      FALANTIN, Flavien, Faut-il brûler Sagan ? Paris, Classiques Garnier, 2022.
·      FALANTIN, Flavien, « Du poison au palfium 875. Françoise Sagan ou le roman sous influence », The French Review, vol. 90.2, p. 24-35.
·      FOURASTÉ, Raymond, « Commuer l’existant par l’écrit : Françoise Sagan : 1935-2004 », dans Exclusions et art-thérapie, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 111-123.
·      FRANK, Bernard, « Le phénomène Sagan », Le Nef, 14e année, n° 10, octobre 1958, p. 65-70.
·      FRANK, Bernard, « Cette cousine de l’Amérique », France Observateur, 15e année, n° 717, 30 janvier 1964, p. 13.
·      GIARDINO, Alessandro, « Françoise Sagan : La naissance des idées comme retour à la mer/mère », Mnemosyne, o la costruzione del senso, n° 9, 2016, p. 77-92.
·      GRAVES MILLER, Judith, Françoise Sagan, Boston, MA, Twayne, 1988.
·      GUGGENHEIM, Michel, « Françoise Sagan devant la critique », The French Review, vol. 32.1, octobre 1958, p. 3-13.
·      HOURDIN, Georges, Le Cas Sagan, Paris, Éditions du Cerf, 1958.
·      HROMADOVA, Céline, Françoise Sagan à contre-courant, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2017. 
·      HROMADOVA, Céline, « La traversée de Paris dans les romans de Françoise Sagan », Figures de l’art : l’art des villes, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l’Adour, n° 31, mai-juin 2016.
·      HROMADOVA, Céline, « À la recherche du personnage de la mère dans l’œuvre de Françoise Sagan », No children, no cry, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2020, p. 37-50.
·      LIGNIÈRE, Jean, Françoise Sagan et le succès, Paris, Les Éditions du Scorpion, 1957.
·      MIRARCHI, Valérie, Françoise Sagan ou l’ivresse d’écrire, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2018.
·      MORELLO, Nathalie, Françoise Sagan : une conscience de femme refoulée, Berne, Lang, 2002.
·      MORELLO, Nathalie, Sagan : Bonjour tristesse, London, Grant & Cutler, 1998.
·      MOURGUE, Gérard, Françoise Sagan, précédé de « Le Secret de Françoise Sagan », Paris, Éditions Universitaires, 1958.
·      ROUSTANG, Ève-Alice, Françoise Sagan, la générosité du regard, Paris, Classiques Garnier, 2016.