Actualité
Appels à contributions
Les voix des textes: littérature, fiction, interprétation, traduction (Pérouse)

Les voix des textes: littérature, fiction, interprétation, traduction (Pérouse)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Dr Nina Nazarova)

Les voix des textes: littérature, fiction, interprétation, traduction

Colloque international organisé par

l’Association Européenne François Mauriac 

Pérouse (Italie), 13-17 avril 2023

 

 

Chaque texte écrit et publié, quels que soient sa forme, son genre, son sujet, n’est que la transposition écrite des traits stylistiques et culturels d’un auteur, liés à une identité personnelle que le lecteur est chargé de pénétrer et de comprendre.  Le texte écrit traduit donc les caractères, les pensées, les doutes d’une personnalité qui essaie de se comprendre, de se faire comprendre et de réfléchir sur les différents problèmes de  la vie sociale et/ou communautaire. Chaque texte parle donc au lecteur en adoptant un langage, un style et des sujets qui traduisent une personnalité et une sensibilité, celles de l’auteur, mais qui en même temps provoquent et demandent au lecteur de s’y impliquer. 

De là naissent les différentes pratiques d’une écriture littéraire et d’une lecture et/ou analyse critique qui essaie de déchiffrer et de saisir la voix que l’auteur confie à son texte. La fiction narrative permet à l’auteur de situer dans une structure précise les sujets sur lesquels faire évoluer sa pensée; l’interprétation permet au lecteur de partager le chemin de l’écriture de l’auteur, de pénétrer dans son monde secret et de le connaître; la traduction permet de faire entendre la voix du texte dans la langue de l’Autre.

Mais qu’est-ce que traduire?

On a fréquemment considéré le processus de traduction comme le simple passage de la langue source à la langue cible, mais la traduction représente un phénomène plus complexe. L’herméneutique textuelle, les procédés de lecture, d’écriture-réécriture et les dynamiques de l’interculturalité, ainsi que le processus de réception littéraire sont, parmi d’autres, des facteurs essentiels qui nous permettent de comprendre toutes les dimensions qui se mettent en rapport avec l’acte de la traduction. 

Selon Roman Jakobson, il existe trois types de traduction: la traduction intralinguale, la traduction interlinguale et la traduction intersémiotique. Dans la cadre de la traduction intralinguale, on pourrait aborder l’étude des différentes versions d’une même œuvre, c’est le cas des Exercices de style (1957), de Raymond Queneau, un exemple extrême. Les variations textuelles d’un roman, l’intervention de l’auteur dans l’actualisation du texte ou bien l’adaptation d’un récit pour le théâtre seraient aussi des recherches liées au concept de traduction intralinguale. 

La traduction interlinguale serait, selon Jakobson, la réécriture d’un texte dans une autre langue, c’est-à-dire ce qu’on considère traditionnellement comme traduction. Parmi les facteurs qui influencent ce processus on peut souligner l’herméneutique textuelle. Est-ce- qu’il existe une lecture «correcte» du texte littéraire? Quelle serait-elle? La lecture d’un texte se caracterise par sa subjectivité, car la lecture univoque n'existe pas (Barthes). On pourrait donc définir la traduction comme un exercice de lectures multiples et, au même temps, d’écritures multiples. Cette subjectivité de l’ interprétation justifie la présence de plusieurs traductions d’un même texte, qui peuvent être analysées à partir de différentes perspectives traductologiques (stratégies, équivalence ou finalité du texte dans la langue cible, parmi d’autres). 

La traduction intersémiotique consiste à interpréter des signes linguistiques au moyen des systèmes de signes non linguistiques. C’est le cas des adaptations cinématographiques. La présence d’un personnage comme Madame Bovary dans la culture contemporaine nous permet d’établir le rapport qui existe entre le roman de Gustave Flaubert (1856) et les versions de Jean Renoir (1933), Vincente Minnelli (1949) ou Claude Chabrol (1991).

La traduction, enfin, peut être comprise et étudiée comme faisant partie des processus de réception, un champ d’étude qui ne pourrait pas être abordé sans avoir compris les dynamiques des systèmes culturels (Jauss), ainsi que les mécanismes de codification et décodification du texte artistique (Lotman). La réception des traductions et des œuvres littéraires est largement conditionnée par des événements historiques comme la censure (qui s’impose pour des raisons politiques, idéologiques, religieuses ou simplemente esthétiques), par les dynamiques de la production éditoriale ou par le goût des lecteurs. Ce cadre analytique ouvre de nombreux champs de recherche, comme l’étude comparée d’une même œuvre littéraire et des ses éditions au fil du temps, ainsi que la réflexion sur la réception d’un auteur (ou de ses traductions) à un moment donné de l’histoire. Il reste enfin un argument d’intérêt particulier très lié à cette méthode de recherche: la réinterprétation, la persistence et la transformation des mythes d’origine gréco-latine à l’époque contemporaine (Sartre, Camus, Yourcenar). 

En conclusion  la traduction en tant que pratique transculturelle est la possibilité de mettre en relation deux mondes différents: comment la voix d’un texte peut-elle s’insérer dans un système culturel différent et surtout être comprise et appréciée? Le traducteur, premier interprète de cette voix unique qu’est le texte littéraire, doit établir un parallélisme, basé sur la créativité, entre deux systèmes culturels différents pour favoriser un dialogue fructueux entre eux. Et quels sont les choix qu’il fait pour moduler, adapter, trouver des équivalences, rester fidèle au texte source ? Comment et en quoi le texte traduit devient-il un enrichissement pour le système culturel où il s’insère?

Nous pensons que la traduction a une fonction fondamentale et de plus en plus indispensable pour la survie des différentes cultures, pour leur diffusion, pour la compréhension entre les peuples, et que sans traduction la survie des cultures anciennes et modernes serait impossible, elles imploseraient. 

            La problématique de ce colloque pourra s’articuler autour de quatre axes :

Axe 1:Traduction et pratique littéraire

·      La langue comme facteur d’ enrichissement et de développement de la langue et de la culture maternelles du récepteur d’une œuvre littéraire étrangère.

·      La traduction d’une œuvre littéraire comme processus transculturel d’adaptation à l’étrangeté de l’Autre.

·      Retraduction et multiculturalité.


Axe 2: La traduction intersémiotique d’une œuvre littéraire.

·      Fiction : Les adaptations cinématographiques d’une œuvre littéraire. (Par exemple Madame Bovary et ses divers versions)

·      La traduction d’une œuvre littéraire en œuvre musicale. (par exemple un opéra).

·      La traduction d'une œuvre littéraire ou religieuse en œuvre picturale. (Par exemple, le cycle de fresques avec des scènes de la Bible dans la basilique d'Assise).

·      La traduction d’une œuvre littéraire  sous forme en Bande dessinée (par exemple I Promessi sposi d’ Alessandro Manzoni, ou Tartarin de Tarascon, ou Les Misérables ou Notre-Dame de Paris de Victor Hugo)

Axe 3: Traduction pédagogique et traduction profesionnelle 

·      La traduction à des fins pédagogiques dans l'enseignement des langues.

·      Les fonctions sociales et culturelles des transposition interlinguistiques dans l’apprentissage d’une langue étrangère. 

·      Les textes comme matériel didactique

·      Traduction générale et spécialisée 

Axe 4 : Interprétation du texte

 •    Théorie de la réception textuelle. 

 •    Intertextualité.

 •    Processus de lecture et d’écriture.           

 •    Texte et système.

 

Adresser aux organisateurs un résumé avant le 15 février 2023.

Réferences bibliograhiques

Barthes, R., «La mort de l’auteur» [1968], in Essais citiques IV, Paris, Éditions du Seuil, 1987. 

Barthes, R., Le plaisir du texte, Paris, Éditions du Seuil, 1973. 

Berman, A. Berman, Antoine, «La retraduction comme espace de la traduction», enin   in Retraduire. Palimpsestes, nº 4, 1999, Paris, Publications de la Sorbonne Nouvelle, pp. 1-7.

Chartier, R. Éditer et traduire, Paris, Éditions du Seuil/Gallimard, 2021.

Eco. U., Lector in fabula, traduction de Myriem Bouzaher. Paris, Livre de Poche, 1989.

Génette, G., Palimpsestes. La littérature su second dégré. Paris, Seuil, 1982.

Jakobson, R. «On Linguistic Aspects of Translation», in Venuti, L. (ed.), The Translation Studies Reader. London & New York, Routledge, 2000. 

Jauß, H. R., Pour une esthétique de la réception, trad. de Claude Maillard. Paris, Gallimard, 1978. 

Lotman, I., La structure du texte artistique, trad. d’ Anne Fournier. Paris, Gallimard. 

Ricœur, P., Sur la traduction, Paris, Les Belles Lettres, 2016.

Serceau, M., L’adaptation cinématographique des textes littéraires. Théories et lectures. Liège, Cefal, 1999.

Todorov, T., «Les deux principes du récit», in La notion de littérature et autres essais. Paris, Seuil, 1987. 


Langue de communication : Français
Durée de la communication : 20 minutes