Appel à communications
Représentations des origines dans la pensée des Lumières
Trinity College Dublin – 29-30 juin 2023
Depuis le XVIIe siècle, la critique biblique a remis en question le statut historique des origines chrétiennes de l'humanité - tant la Création que le Déluge - ébranlant ainsi les anciennes certitudes de la vision théologique du monde et amenant spécialistes de l’Antiquité, linguistes, philosophes et autres penseurs à poser la question des origines de l'homme selon différentes manières. Du milieu du XVIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ce questionnement sur les origines s'est développé, passant d'approches dominées par la question de la valeur historique des fables de l'Antiquité (doublée d'actives spéculations sur les chronologies bibliques adaptées à l’histoire du monde profane) à des méthodes hypothético-déductives, en trouvant en outre constamment des points d’appui tels que les comparaisons avec le monde extra-européen, la philosophie empiriste de la connaissance et le domaine émergent de l'histoire naturelle.
De nombreux penseurs de l'époque ont cherché à situer les origines de la société civile dans un hypothétique état de nature (Hobbes, Locke, Rousseau, Diderot, Kant) ; d'autres ont émis des hypothèses sur les origines de notre planète et de la vie humaine en contradiction directe avec le récit biblique de la Genèse (Du Maillet, Buffon, Diderot) ; certains ont débattu des origines du langage (Condillac, Rousseau, abbé de L'Epée). Ces récits des origines questionnaient celles de l'humanité et aussi la racine de ce que cela signifie qu’être humain. La recherche des origines semble donc avoir été une caractéristique prédominante de la pensée moderne dès sa formation même et dans des domaines très divers.
Ainsi, au cœur de la « science de l'homme » d’alors furent forgées des représentations et spéculations qui reposaient sur l'imagination des penseurs les plus novateurs de l'époque. L'objectif de ce colloque est d'étudier de manière ouverte et interdisciplinaire la question de savoir comment les origines ont été imaginées, inventées et instrumentalisées dans la pensée des Lumières. Bien que le centre d'intérêt principal retenu soit les penseurs français de cette période, il serait souhaitable d’accueillir aussi des communications portant sur la représentation des origines dans les œuvres d'autres cultures et langues au cours de la même période ainsi que leur traduction d’une culture à l’autre. Les propositions qui thématisent le dialogue entre les cultures seront également particulièrement bienvenues.
Sans être exhaustives, les approches décrites ci-dessous indiquent des pistes potentielles d'exploration.
- Méthodes philosophiques/scientifiques/historiques/comparatives utilisées pour accéder aux représentations des origines ;
- Expériences de pensée comme représentations des origines ;
- Échanges et emprunts d'images et de représentations des origines entre différents domaines intellectuels (par exemple, l'histoire naturelle et la pensée politique) ;
- Débats au sein de réseaux intellectuels interrogeant les origines ;
- Évolution du questionnement sur les origines à travers le long XVIIIe siècle ;
- Images genrées des origines dans le discours des Lumières ;
- Instrumentalisation de l'« indigène » ou du « sauvage » dans les approches comparatives des origines de la société et de l’état politique ;
- Les origines dans les premières conceptions modernes relevant d’une sensibilité plus ou moins « proto-écologiste » ;
- - Les représentations des origines dans les théories de l’histoire admettant des stades successifs de la société (« stadial history ») ;
- Origines et temporalité.
Organisateurs :
James Hanrahan (Trinity College Dublin)
Jean-Luc Guichet (Université de Picardie Jules Verne)
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Les résumés de 250 mots maximum (en anglais ou en français) doivent être envoyés à James Hanrahan (hanrahaj@tcd.ie) avant le 12 février 2023.
Les participants seront informés au plus tard le 13 mars 2023.