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Traduire le récit de voyage aux XVIIIe et XIXe siècles : perspectives franco-britanniques

Traduire le récit de voyage aux XVIIIe et XIXe siècles : perspectives franco-britanniques

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Catherine Songoulashvili)

Colloque international « Traduire le récit de voyage aux XVIIIe et XIXe siècles : perspectives franco-britanniques » organisé par le Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS-UR 4280) en collaboration avec l'Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM) et la Société d’étude de la Littérature de Voyage du Monde Anglophone (SELVA), les 19 et 20 octobre 2023 à la Maison de Sciences de l’Homme de  Clermont-Ferrand (4, rue Ledru).

On a souvent tracé des similitudes entre traducteurs et voyageurs, habitués aux interstices des espaces géographiques et textuels. Comme l’écrit Tim Youngs, « translators and travellers may be seen as liminal figures moving between cultures, not quite or wholly belonging to any one exclusively[1] », alors que Susan Pickford identifie la traduction et l’écriture du voyage comme deux lieux où se joue une « manipulation textuelle aux motivations idéologiques » (« ideologically motivated textual manipulation »[2]). Cela explique qu’il soit impossible d’étudier la traduction de récits de voyage en des termes étroitement nationaux, ce que relève Jeff Morrison[3]. 

Depuis quelques années, des points de vue théoriques et transnationaux ont bien sûr été largement développés dans les études retraçant l’histoire de la traduction, avec notamment les travaux de Michael Cronin. À partir entre autres des perspectives adoptées par Alison E. Martin et Susan Pickford[4], ce colloque se propose d’aborder le sujet à partir d’un point de vue binational, afin de confronter les pratiques et les théories des deux côtés de la Manche dans le domaine du récit de voyage, que celui-ci soit authentique ou fictionnel ; les traités et les brochures qui traitent de l’acte de voyager ou de la nécessité ou de la nature du voyage, sont également au cœur du sujet.

Nous souhaitons mettre l’accent sur la façon dont ces traductions de récits de voyage ont contribué à forger les relations internationales entre la France et la Grande-Bretagne aux XVIIIe et XIXe siècles, et au rôle qu’elles ont joué dans les liens créés par les transferts culturels. Les relations entre les voyageurs et leurs traducteurs, s’il y en a ; leur identité, leurs expériences littéraires, scientifiques ou professionnelles ; leur vision de l’acte traduisant ; ce que les flux de traduction (« translation flows »[5]) révèlent de l’équilibre des relations culturelles, voilà quelques pistes que nous espérons explorer. Il y en a bien d’autres ; on pourra par exemple réfléchir à la façon dont les femmes ont peu à peu pris leur place dans le domaine de la traduction. L’étude très riche qu’Alison E. Martin a consacrée en 2010 aux Européennes qui se posent en figures d’autorité dans leurs traductions (« cast themselves as intellectually enquiring, knowledgeable and authoritative figures in their translations »[6]) de récits de voyage à visée scientifique à la fin du XVIIIe siècle peut ainsi trouver des prolongements dans divers types de récits de voyage, fictionnels, philologiques, récits d’exploration ou d’entreprises mercantiles, etc. 

Nous accueillerons aussi volontiers des perspectives portant sur l’histoire du livre et de la réception ; qui publiait ces traductions, comment circulaient-elles (bibliothèques ambulantes, souscriptions...), qui les lisait ? Témoignent-elles des mêmes problématiques que les autres types de traduction à l’époque, peut-on relever une évolution entre les XVIIIe et XIXe siècles alors que se dessine une réaction venue d’Allemagne contre les fameuses « Belles Infidèles » ? 

Des propositions émanant de traducteurs ou traductrices d’aujourd’hui qui souhaitent évoquer leur expérience lors de leur travail sur des ouvrages de cette période seraient particulièrement bienvenues.

Les conférences plénières seront assurées par Ruth Menzies (Aix-Marseille Université) et Marius Warholm Haugen (Norwegian University of Science and Technology).

Merci d’envoyer vos propositions de communication (titre et résumé d’environ 250 mots) ainsi qu’une brève notice biographique à Sandhya Patel et à Anne Rouhette avant le 30 avril. 


Comité d’organisation :
Anne Rouhette (CELIS) : anne.rouhette@uca.fr
Sandhya Patel (IHRIM) : sandhya.patel@uca.fr

Comité scientifique :
Gabor Gelleri, Université d’Aberystwyth
Pierre Lurbe, Université Paris Sorbonne
Susan Pickford, Université de Genève
Jean Viviès, Université Aix-Marseille

 

 
[1] Tim Youngs, The Cambridge Introduction to Travel Writing, Cambridge, Cambridge University Press, 2013, p.10.
[2] Susan Pickford, “Travel Writing in Translation” in Barbara Schaff, Handbook of British Travel Writing, De Gruyter, 2020.
[3] Alison Martin and Susan Pickford, Travel Narratives in Translation, 1750-1830: Nationalism, Ideology, Gender, Routledge, 2012, p.51.
[4] See Travel Narratives in Translation, 1750-1830, op. cit.; “Translating 18th and 19th-Century European Travel Writing,” InTRAlinea, 2013.
[5] See Christopher Rundle, The Routledge Handbook of Translation History, 2021.
[6] Alison E. Martin, “Outward bound: women translators and scientific travel writing, 1780–1800,” Annals of Science, 73, 2, 2016, p.1.