David Bowie - Lector in fabula dresse un portrait de David Bowie en lecteur omnivore et vorace. Cet essai part de la constatation que la lecture n’accompagne pas seulement sa création artistique mais présage aussi des grands mouvements de sa vie.
Au milieu des années 1970, sur le tournage du film L’Homme qui venait d’ailleurs, David Bowie avait emporté avec lui plus d’une centaine de livres pour couvrir les onze semaines à venir. Entre chaque scène, il se plongeait dans la lecture. Le découvrant ainsi, le cinéaste Nicolas Roeg lui aurait dit, ironiquement: «Ton gros problème, David, c’est que tu ne lis pas assez.» Bowie lui aurait naïvement répondu: «Que devrais-je lire d’autre?»
David Bowie - Lector in fabula dresse un portrait de David Bowie en lecteur omnivore et vorace. Cet essai part de la constatation que la lecture n’accompagne pas seulement sa création artistique mais présage aussi des grands mouvements de sa vie. Il explore principalement, mais pas exclusivement, la liste des cent titres préférés de Bowie qu’il établit à l’occasion de l’exposition David Bowie Is en 2013. On y retrouve Kerouac, Anthony Burgess, Evelyn Waugh, Yukio Mishima et des auteurs moins connus comme Anatole Broyard ou Muriel Spark. La littérature est au centre de la vie de l’artiste qui en réponse au questionnaire de Proust sur son idée du bonheur parfait, dit tout simplement: la lecture.
Jim Jarmusch disait à propos du cinéma, qu’autrefois, lorsqu’un personnage montait dans un taxi, il en redescendait déjà à la scène suivante. Il manquait quelque chose et cette omission était justement ce qui intéressait Jarmusch! J’ai eu la même frustration lorsque j’ai appris que David Bowie avait été un «lecteur vorace». Je ne pouvais me satisfaire de l’information un peu superficielle que «David Bowie aimait Jack Kerouac». Ici aussi, il manquait des scènes au film. Je voulais savoir ce qu’il s’était passé lorsque David Bowie était monté dans le taxi conduit par l’auteur de Sur la route. Après tout, la lecture est un véhicule. David Bowie nous a laissé une liste de livres, et cette liste de voyages littéraires avait des histoires à raconter, j’en avais le pressentiment. Il n’était pas «simplement» un lecteur de Jack Kerouac, de Nabokov, d’Orwell, de Chatwin et un fervent admirateur de Mishima, non, il lisait des auteurs comme John Rechy, Anatole Broyard, Sarah Waters, Muriel Spark ou encore Keith Waterhouse pour de très bonnes raisons. David Bowie s’éduquait par la lecture, c’était le lieu où il éprouvait sa liberté: car lire est une aventure, une conquête, c’est aussi une manière de répondre à nos inquiétudes ou parfois d’accentuer de manière vertigineuse certains de nos fantasmes (et Bowie en avait pas mal en réserve!)