Exils arabes et espaces urbains dans la littérature actuelle
7 mars 2023, Université de Lille – Campus Pont-de-Bois
Force est de constater que ces dernières décennies, les études sur le lieu ont tenu une place prééminente dans tous les champs de recherche, alimentant et questionnant avec plus ou moins de perméabilité les problématiques sociales, anthropologiques ou encore politiques. La littérature, quant à elle, n’est pas en reste, d’autant que tout en se positionnant dans son propre pré carré, elle est aussi en capacité de puiser dans toutes ces réalités. Ainsi les sursauts, les bouleversements, les déchirures, voire même les heures heureuses des sociétés se muent en autant de lieux pour amorcer le récit. Et lorsque l’écriture côtoie le récit de vie, Robert Dion parle de « biographies de lieux » pour des textes où « le lieu, hanté tant par la figure de l’écrivain que par ses mots écrits, qui le préforment et le performent, tend à se situer entre histoire et réactualisation, référent et hypertexte, réel et mythe.»[1]
Les axes des communications de la présente Journée d’étude s'intéressent aux changements dans les rapports entretenus entre l’exil et les lieux, qui ont impacté méthodes et contenus et ce depuis quelques décennies seulement. De fait, en littérature, d’autres formes thématiques sont apparues, liées à la formation de nouvelles identités en exil, ainsi qu'à la question de la réconciliation avec ce processus, son acceptation et la compréhension de ses contradictions. Le style du roman, par exemple, est passé de celui des romans d'exil, largement ancré dans l’autobiographie, aux romans polyphoniques dans lesquels apparaissent les voix de différentes classes sociales, souvent portées dans leurs propres langues. Il montre également le regard unique des femmes. C'est clairement ce que l'on retrouve chez des romanciers contemporains comme l'italo-algérien, Amara Lakhous, le franco-mauritanien Karim Miské, la syrienne Rosa Yassin Hassan, etc.
La présente journée d’étude propose de se focaliser sur les exils arabes et l’expression des espaces urbains dans la littérature actuelle, toutes langues confondues. Les villes seront notamment appréhendées à travers les processus de déconstruction, de recomposition et de translation qui peuvent s’associer aux mouvements migratoires actuels qui s’inscrivent dans les cheminements de l’exil.
Parmi les axes de réflexion possibles:
1) Villes de départ et villes d’arrivées comme lieux « marqués »
- écrire l’exil au départ de la ville en guerre ou depuis des espaces urbains en crise, en révolte ou répressifs
- les écritures de l’urgence et leurs expressions de la violence, du danger, de la mort
- écrire l’exil dans ses errances urbaines (au sein d’une même ville ou dans une superposition d’étapes de ville en ville)
2) Frontières et limites à recréer dans les espaces urbains de l’exil
- une cartographie urbaine de l’exil (segmentations communautaires ; lieux de vie en marge ; exiguïté ; cohabitations)
- les « biographies de lieux »
- les lieux de vie en réseaux (cafés internet et écrans de portable)
3) Villes et écriture de la mémoire et des attentes (villes entre rêves, espoirs, réalités et résurgences des espaces vécus)
4) Villes des identités et des langues (hybridités ; polyphonies ; polyglossie ; code-switching ; jeux de rôles ; traductions et auto traductions)
Langue de la journée d’étude : français
Comité d’organisation
Marie-Andrée GOUTTENOIRE (Université de Lille)
Nawal ALHALAH-Harb (Université de Lille)
Composition du comité scientifique :
Jean-Philippe Bareil (Professeur des universités, Université de Lille)
Zaïneb Ben Lagha (Maîtresse de conférences, Université Sorbonne-Nouvelle)
Marie Bulté (Maîtresse de conférences, Université de Lille)
Camilla Cederna (Maîtresse de conférences HDR, Université de Lille)
Miloud Gharrafi (Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3)
Modalités de participation :Les propositions de communication devront parvenir avant le 15 janvier 2023, en 400 mots maximum, comportant le nom, la fonction, l’institution de rattachement, l’adresse électronique et une biobibliographie sommaire. Les interventions se dérouleront sur 20 minutes suivies de 10 minutes réservées au débat.
La proposition de communication est à faire parvenir à :
Marie-Andrée Gouttenoire : marie-andree.gouttenoire@univ-lille.fr &Nawal Alhalah Harb: nawal.alhalah@univ-lille.fr
Les transports et l’hôtel sont à la charge des participants qui sont invités à solliciter leur centre de recherche pour leur défraiement
[1]- Robert Dion (2013), « Paysages de l’écrivain. Les villes biographiées (Fourvel, Pajak, Germain) », dans Temps zéro, nº 6 [en ligne].
URL :http://tempszero.contemporain.info/document929