Questions de société
Günther Anders, Vue de la Lune

Günther Anders, Vue de la Lune

Publié le par Marc Escola

Traduction Annika Ellenberger, Christophe David, Perrine Wilhelm

Préface d’Alexandre Chollier

Ce recueil de textes – qu’Anders dit avoir longtemps songé à intituler « L’Obsolescence de la Terre » – prolonge la réflexion sur le rapport de l’homme au monde technique initiée par le premier tome de L’Obsolescence de l’homme (1956). Il porte sur un projet particulier : les vols spatiaux à destination de la Lune. S’intéressant de près à l’histoire des vols spatiaux et à la dimension mythique de la conquête spatiale, Anders montre que ce qui est décisif dans ces vols, ce n’est pas tant qu’ils aient permis de voyager dans l’espace et d’aller sur la Lune mais qu’ils aient offert « pour la première fois à la Terre la chance de se voir, de se rencontrer ». En réduisant le décalage entre ce dont l’Homme avait rêvé (de Cyrano de Bergerac à Hergé en passant par Jules Verne) et ce qu’il peut désormais faire, ces vols spatiaux ont créé un nouveau « décalage prométhéen », touchant aux limites de son imagination.

Vue de la Lune invite à porter un regard critique et renouvelé sur notre condition humaine et terrestre. Alors que la conquête spatiale revient à l’ordre du jour, Anders pose en filigrane cette question : à quoi cela peut-il bien servir d’aller sur la Lune ?

On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :

"Günther Anders : philosophie des vols spatiaux", par Christian Ruby (en ligne le 12 janvier 2023).

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"La Lune n’est pas un objectif, par Odile Hunoult (en ligne le 20 mai 2023)

Visionnaire, le philosophe Günther Anders (1902-1992) ? Son originalité peut être mise en parallèle avec la marginalité de son parcours : il n’intégrera jamais l’université (à l’inverse d’Einstein), privilégiant l’urgence de ses engagements sur la recherche d’une carrière. La praxis avant la théorie : ses tribulations biographiques et ses engagements, contre le nucléaire, contre la guerre du Vietnam, fécondent sa réflexion théorique et garantissent l’efficacité de son travail philosophique, qu’il définit comme une philosophie de la technique, plus précisément une « anthropologie philosophique à l’époque de la technique », plus précisément encore à « l’époque de l’autodestruction du monde rendue possible par les moyens NBC » – Nucléaires Biologiques Chimiques.