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Le prince éternel
Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne

Il est mort si jeune et si vite – le 25 novembre 1959, âgé d’à peine trente-sept ans – que son image s’est figée, définitivement fraîche et séduisante. De cet éternel jeune homme le temps a fait un mythe. Comme si le public avait compris que tous les engagements du comédien, artistiques et politiques, représenteraient un jour, aux yeux de l’histoire, le visage même des années cinquante. En 2019, Gérard Bonal donnait une biographie de Gérard Philippe (Seuil), de son premier rôle, en 1943, jusqu’à sa dernière apparition sur les écrans : vingt pièces de théâtre et trente films seulement. Gérard Philipe avait toutefois caché le drame qui le frappait : la condamnation de son père par les tribunaux de l’épuration en 1945. Grâce à des documents familiaux pour la première fois exploités, cette biographie revenait sur ce douloureux épisode et l’éclaire d’une troublante lumière. En 2019 encore, Jérôme Garcin faisait paraître Le dernier hiver du Cid (Gallimard) : celui où Gérard Philippe ignorant la gravité de son mal, annotait encore des tragédies grecques, rêvait d’incarner Hamlet et se préparait à devenir, au cinéma, l’Edmond Dantès du Comte de Monte-Cristo…. Fabula vous invitait alors à en lire un extrait…

Geneviève Winter propose ces jours-ci une nouvelle biographie de Gérard Philippe (Gallimard), qui invite à méditer le mot de l'acteur : "Il n’y a pas de différence entre moi et les personnages que j’incarne, si ce n’est le travail à faire et le trajet à accomplir pour rejoindre chacun d’eux."

L'automne 2022 qui marque le centenaire de sa naissance est aussi l'occasion de deux journées d’études en diptyque qui réunissent "Maria Casarès et Gérard Philipe, les enfants du siècle" (Dijon & Rennes, le 9 décembre), ainsi que d'un colloque consacré à "Gérard Philipe, le devenir d'un mythe : réception, patrimonialisation, recréation" (Cergy & BnF, du 2 au 3 décembre). Que reste-t-il de cette célébrité incontournable du théâtre et du cinéma français ? Que retient l’époque contemporaine de son art de la scène, de ses choix d’œuvres, de son engagement social pour la transmission culturelle et la défense des acteurs ? Comment conserver sa trace, la transmettre, voire la revisiter et la transfigurer ? Pendant ces deux journées, des chercheurs, biographes, conservateurs des archives, créateurs, discuteront de la postérité de l’artiste et de la possibilité de retrouver, dans nos pratiques contemporaines artistiques et culturelles, l’ambition et le sens du service public qui l’animaient.