Actualité
Appels à contributions
La littérature de voyage au prisme de l'écopoétique (Clermont-Ferrand)

La littérature de voyage au prisme de l'écopoétique (Clermont-Ferrand)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Yvan Daniel)

APPEL

 La littérature de voyage au prisme de l’écopoétique

Yvan DANIEL, Alain ROMESTAING (dir.)

Colloque international, Université Clermont Auvergne, CELIS

8-10 novembre 2023, Maison des Sciences de l’Homme, Clermont-Ferrand

La littérature de voyage met bien souvent en scène la rencontre d’un ailleurs dont les formes et les manifestations peuvent révéler un contexte naturel, caractérisé par des géographies, des paysages, des environnements auxquels sont attachés des présences spécifiques, humaines, animales et végétales. Elle anticipe même, par son exclusion initiale de l’histoire littéraire (Anne-Gaëlle Weber (dir.), Passerelles. Entre sciences et littératures, Paris, Garnier, 2019), un intérêt contrarié de la littérature pour la nature, intérêt contrarié dont l’écopoétique témoigne à nouveau, au moins en France, puisque ce courant importé des États-Unis s’est heurté à un certain parti pris formaliste antiréférentiel. Si le récit de voyage « participe de la tension inhérente à la définition de la littérature conçue tantôt comme une sphère autonome obéissant à des lois esthétiques ou poétiques, tantôt comme le reflet ou le véhicule d’un certain contexte » (Anne-Gaëlle Weber, « Le récit de voyage et l’émergence de la littérature au tournant des XVIIIe et XIXe siècles », Viatica, n° 7, 2020), il en va de même pour l’écopoétique, elle-même tiraillée entre texte et contexte, entre son attention au poien et son parti pris pour l’oikos.

Par ses penchants documentaires et interdisciplinaires, mais aussi par la mise en question des critères de littérarité qu’elle occasionne (Viatica, n° 7, 2020 : Voyage et littérarité), la littérature de voyage ouvre donc logiquement, pour ne pas dire naturellement, sur des interrogations écopoétiques. On ne s’étonnera pas, à cet égard, que Pierre Schoentjes réserve une place importante aux récits de voyage et au nomadisme quand il esquisse un panorama de la littérature écopoétique (P. Schoentjes, Ce qui a lieu, essai d’écopoétique, Wildproject, 2015). Pour paraphraser Françoise Besson, « la relation de voyage » ouvre à « la conscience de la relation au monde » (Françoise Besson, « La littérature de voyage et d’ascension : du passage de la relation de voyage à la conscience de la relation au monde », ILCEA, 28, 2017).
L’écrivain voyageur, qualifié d’aventurier, de poète ou de philosophe, est donc toujours susceptible de se faire écologue, ou écologiste, pour dire sa découverte et son expérience face aux lieux de son périple, constituant un environnement naturel plus ou moins intact ou menacé, voire devenu extrêmement artificiel. Cette rencontre, parfois fortuite ou secondaire, peut aussi être le motif du voyage et marquer profondément, dès l’origine, le récit qui en est fait. C’est pourquoi la littérature de voyage mérite d’être interrogée à travers les approches de l’écopoétique. De quelles façons et dans quelles intentions le regard sur l’environnement s’inscrit-il dans la genèse et la poétique d’un récit de voyage ?

Voyage « écolo », « vert » ou « éthique », tourisme « durable » ou « responsable » : le marketing des industries du tourisme et du voyage s’est aujourd’hui largement emparé des thématiques et du vocabulaire de l’écologie, pour atténuer ou gérer les contradictions entre la préservation de l’environnement et le maintien du développement économique du voyage de masse. Mais les conditions du voyage sont désormais devenues des cas de conscience pour le voyageur, de sorte qu’on peut même se demander s’il est encore possible de voyager, à l’heure du « coût carbone » et des modes de vie « durables » (Voir P. Ducrozet, Le Grand Vertige, Actes Sud, 2020), à moins de trouver un dispositif permettant de se faufiler parmi « les friches et les jachères », aux défauts d’un espace toujours plus quadrillé et cadenassé par la modernité (S. Tesson, Les Chemins noirs, Gallimard, 2016).

La prise de conscience de la crise écologique bouleverse le voyage, comme les littératures du voyage, prises dans les contradictions de l’engagement et de la culpabilité, de la quête d’une nature épargnée et de la conscience d’une anthropisation débridée. Le récit de voyage s’inscrit donc dans une histoire marquée par l’évolution des représentations, des opinions, des sensibilités et des savoirs de l’écologie, scientifique et politique. La perspective diachronique pourra donc être large, des textes des périodes anciennes aux productions les plus contemporaines.
 
On envisagera ces directions, sans exhaustivité, à toutes les périodes :

–      écopoétique du récit de voyage naturaliste ;
–      écopoétique du récit de voyage touristique ;
–      poétique du récit de voyage et environnement naturel ;
–      littérature de voyage et engagement écologiste ;
–      littérature de voyage et témoignage écologique ;
–      littérature de voyage et catastrophe environnementale ;
–      littérature de voyage et anthropocène…

Envoi des propositions : au plus tard pour le 1er décembre 2022
 
Sur une page : Titre (même provisoire) et bref résumé. Biobliographie et coordonnées électroniques et postales.

À envoyer à : yvan.daniel@uca.fr ; alain.romestaing@uca.fr
 
Le colloque aura lieu à la Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand, il est organisé à l'initiative du CELIS, avec le soutien de l'Université Clermont Auvergne.

Les frais d'hébergement seront pris en charge, mais pas les frais de transport des participants.