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APPEL À PROJETS ARTISTIQUES - Collectionner les traces et tracer les collections dans les aires hispaniques et hispano-américaines des XIXe-XXIe siècles

APPEL À PROJETS ARTISTIQUES - Collectionner les traces et tracer les collections dans les aires hispaniques et hispano-américaines des XIXe-XXIe siècles

Publié le par Esther Demoulin (Source : Lisa Garcia )

APPEL À PROJETS ARTISTIQUES
Colloque international organisé par le Laboratoire Junior La Trace (ED 122, CREC, Université Sorbonne Nouvelle)

13-14 avril 2023

Collectionner les traces et tracer les collections dans les aires hispaniques et hispano-américaines des XIXe-XXIe
siècles

 


Argumentaire


Le laboratoire junior La Trace invite les artistes, quelles que soient leurs pratiques, à soumettre un travail de création pour le colloque « Collectionner les traces et tracer les collections dans les aires hispaniques et hispano-américaines des XIXe-XXIe siècles » qui se tiendra les 13 et 14 avril 2023 dans les locaux de la Maison de la Recherche (4, rue des Irlandais, 75005 Paris) de l’Université Sorbonne Nouvelle. Il pourra s’agir d’une exposition photographique ou picturale, d’une projection sonore ou vidéo ou encore d’une performance musicale, dansée, théâtralisée. Les artistes sélectionnés seront soit étudiants (en école d’art ou autres filières), soit professionnels et les candidatures pourront être individuelles ou collectives.

Contrairement aux chercheurs, les artistes ne sont pas contraints d’envisager leur projet en relation avec les aires hispaniques et hispano-américaines. Les artistes s’engagent cependant à participer à un temps de rencontre avec le public et les chercheurs lors du colloque. Celui-ci pourra prendre la forme de tables rondes ou d’entretiens publics. Des réflexions méta‑artistiques sur l’archivage et le stockage des œuvres seront également les bienvenues.

Le projet artistique devra explorer la notion clef du colloque, à savoir la collection, définie par le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi) comme un « ensemble d'éléments groupés en raison de certains points communs »1. Si ce travail de tri semble dépendre d’une série de critères arbitraires définis par l’assembleur lui-même, ses fonctions sont multiples. Le choix de réunir, de compiler et d’amasser peut, d’une part, être le résultat d’une passion. Il naît alors souvent d’une culture et d’un enthousiasme, qui peut tourner à l’obsession, au fétichisme ou à la folie. L’accumulation de matériaux, lorsqu’elle est compulsive et systématique, peut devenir pathologique (pensons à la syllogomanie et au syndrome de Diogène). Quel statut accorder à ce genre de collectionneurs ? Ne parle-t-on pas ironiquement de « collectionnite aigüe »2 ? D’« accumulateurs boulimiques »3 ? Ces praticiens semblent animés d’une passion plus ou moins envahissante qui suppose un rapport affectif à l’objet collectionné. Jacques Derrida attribue, par exemple, au « mal d’archive » une dimension avant tout émotionnelle : « C’est brûler d’une passion. […] C’est se porter vers elle d’un désir compulsif, répétitif et nostalgique, un désir irrépressible de retour à l’origine […] »4, définition qui nous semble ici transposable au concept de collection. Cette obsession pour l’objet est parfois mal comprise par le reste de la société, car les collections particulières peuvent être déroutantes, voire étranges : elles regorgent d’objets déconcertants, réunis selon divers critères, tels que la rareté, le kitsch, la morbidité ou encore les vertus magiques. Dans ces conditions, les collections peuvent s'écarter du bon goût ambiant et être considérées comme peu adéquates socialement et culturellement. Pensons, par exemple, aux collections de fœtus malformés, d’amulettes ou de photographies de défunts. L’esthétique particulière de ces ensembles fascine ou dérange. Les collections privées, toutes impertinentes, insolites ou quelconques qu’elles soient, seraient-elles, en ce sens, moins légitimes que les autres ?

A l’inverse, il peut s’agir d’une collection de raison. C’est notamment le cas des inventaires officiels réalisés au sein des espaces muséaux largement orientés vers la conservation du patrimoine. Les objets et œuvres artistiques sont alors considérés comme des traces mémorielles précieuses qui témoignent d’une époque ou encore d’une civilisation. Quels sont les enjeux de ce type de collections ? L’émotion et l’histoire symbolique des éléments conservés se font-elles toujours aussi présentes ? Quoi qu’il en soit, les frontières entre la collection privée et la collection publique demeurent ténues et mouvantes. Il arrive en effet que les objets de la cellule intime soient récupérés, restaurés et/ou exposés par des institutions publiques. Pensons notamment à la collection secrète (et interdite) de peintures de nus du favori du roi espagnol Charles IV, Manuel Godoy. Les Majas du peintre Francisco Goya ou encore la Vénus à son miroir de Diego Velázquez sont aujourd’hui disséminées au Musée du Prado de Madrid et à la National Gallery de Londres ; elles ont intégré des collections plus larges de tableaux, dont le critère de sélection, le statut et le public ne sont plus les mêmes.

Modalités de candidature


Les propositions de projets artistiques, rédigées en français ou en espagnol, devront comporter :

·      Le nom, l’adresse mail et le lieu de résidence de l’artiste ou des artistes
·      Les éventuelles affiliations institutionnelles
·      Une présentation du parcours artistique (300 mots environ)
·      Une présentation du projet artistique ainsi que les besoins logistiques (500 mots environ)

Elles devront être envoyées, au format .pdf, au plus tard le 15 janvier 2023, à l’adresse suivante : labo.latrace@gmail.com


Comité de sélection


·      Lisa Garcia (Université Sorbonne Nouvelle)
·      Darlène Kuyu (ENS PSL)
·      Patricia Ocaña (Université Sorbonne Nouvelle)
·      Caroline Prévost (Université Gustave Eiffel/Université Bordeaux Montaigne)
·      Jorge Molina (Universidad Nacional de Rosario, Argentine)
·      Pablo Pérez Palacio (Académie de France, Madrid)

Notes de bas de page

1 Trésor de la Langue Française informatisé.

2 MENGUY, Gibert, Vous avez dit collectionneurs ?, Paris, Les éditions abordables, 2017, p. 55.

3 DE MAISON ROUGE, Isabelle, 10 clefs pour collectionner l’art contemporain, Paris, éditions Archibooks, 2006, p. 10.

4 DERRIDA, Jacques, Mal d’archive : une impression freudienne, Paris, éditions Galilée, 1995, p. 142.