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Rencontre avec Fanny Cosandey,

Rencontre avec Fanny Cosandey, "Reines et mères" (Séminaire "Actualité de la recherche", en ligne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Laélia Véron)

Le séminaire mensuel "Actualité de la recherche" (co-organisé par Gaël Rideau et Laélia Véron, au laboratoire POLEN de l'Université d'Orléans) reçoit, à distance, Fanny Cosandey, historienne, directrice d'études à l'EHESS, le jeudi 08 décembre, de 18h à 19h30 pour son ouvrage "Reines et mères. Famille et politique dans la France d'Ancien Régime" (Fayard 2022).

La séance, en ligne, est ouverte à toutes et à tous. Inscription obligatoire auprès de : Laelia.Veron@univ-orleans.fr

Déroulé de la séance: présentation de son ouvrage par Fanny Cosandey, échanges et questions.

Présentation de l'autrice, de l'ouvrage et de ses enjeux

Fanny Cosandey est historienne, directrice d’études à l’EHESS, spécialiste du rôle des femmes dans l’organisation politique aux XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles. Elle a notamment publié La Reine de France, symbole et pouvoir (Gallimard, 2000) ou Le Rang. Préséances et hiérarchies dans la France d’Ancien Régime (Gallimard, 2016). 

Le travail de Fanny Cosandey a permis d’interroger un pan ignoré de l’historiographie : celle du statut et du rôle institutionnel de la reine dans le système monarchique français. Comme l’écrit Dominique Godineau dans un compte-rendu (à propos de La Reine de France) « alors que, sous l'influence de l'école cérémonialiste américaine, les études d'histoire politique se sont multipliées sur la personne du roi et sa dimension symbolique, la reine n'a pas retenu l'attention des historiens (…) [Fanny Consandey] comble ce vide et révèle bien le caractère paradoxal de la reine, tout à la fois sujette et souveraine, exclue du pouvoir et au cœur de l'État ».

Dans Reines et mères, l’historienne interroge une condition de la puissance féminine, celle qui, dans le cas de la reine jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, « tient à la maternité, source d’autorité et de stabilité ». La tension (ou la rencontre) entre la dimension familiale et la dimension politique est au cœur de l’interrogation menée par l’ouvrage puisque « les régimes dynastiques mêlent, indéfectiblement, les intérêts familiaux et ceux de l’Etat ». Fanny Cosandey détaille alors les étapes du parcours de la reine ou future reine : les tractations concernant le mariage (l’épouse étant choisie pour ses « qualités lignagères, porteuse de projets dynastiques qui la dépassent, l’attente d’un héritier (c’est le premier devoir de la reine, et  c’est à elle qu’est imputée toute « responsabilité d’un défaut de descendance »), l’accouchement (sachant que la reine pourra tirer « doublement profit d’une naissance masculine, et en particulier de celle d’un aîné. L’arrivée d’un Dauphin conforte sa position dans le royaume, lui donne plus de poids à la cour, ouvre la possibilité d’une régence pour minorité, lui garantit le statut de reine mère en cas de veuvage »), l’éducation des enfants (éducation majoritairement à distance, la reine n’allaite pas ses enfants, pour être plus tôt disponible pour une future grossesse). Fanny Cosandey s’attarde sur le cas particulier de la régence, lorsque, à la mort de l’époux, si le Dauphin est encore jeune, « le pouvoir change de camp, dans la mesure où la mère devient tout à la fois tutrice du jeune garçon et régente du royaume. » 

Cet ouvrage d’histoire, très accessible, peut permettre aux littéraires de ré-interroger la représentation littéraire (notamment au XIXe siècle) et  plus généralement artistique de certaines reines célèbres : Catherine de Médicis, Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette. Le cas de cette dernière est particulièrement intéressant car c’est une des premières reines à allaiter (brièvement) ses enfants et à se mêler de leur éducation. Ce faisant, elle « acte le déplacement des questions dynastiques vers le cadre familial » contre l’idée que « la reine est mère de la patrie plutôt que de ses fils et [que] les devoirs d’Etat supposent de sacrifier toute relation intime avec sa descendance ». 

Résumé de l'ouvrage sur le site de la maison d'édition : https://www.fayard.fr/histoire/reines-et-meres-9782213711836 

"Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Marie-Thérèse, le poids de la maternité a façonné le destin de ces femmes dont la monarchie attendait, avant tout, qu’elles fournissent au royaume des héritiers. Alliances, naissances, décès, éducation et vie de cour forment ici la trame d’une histoire où les conditions d’existence des mères avec leurs enfants suivent l’évolution de la monarchie.
Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Marie-Thérèse d’Autriche, toutes ont été mères et ont marqué l’histoire. Le poids de la maternité a façonné le destin de ces femmes dont la monarchie attendait qu’elles fournissent au royaume des héritiers. Et pourtant, que sait-on vraiment des relations que ces reines entretiennent avec leurs enfants  ? Quels bénéfices tirent-elles de la naissance d’un prince  ? Comment s’exerce l’autorité maternelle sur une progéniture élevée loin de la cour  ?
Au fil de ces portraits croisés, Fanny Cosandey retrace les étapes qui transforment ces princesses de maisons souveraines en mères. Alliances, naissances, décès, éducation et vie de cour tissent la trame d’une histoire où les conditions d’existence des parents avec leurs enfants suivent l’évolution de la monarchie, jusqu’à dessiner le tableau d’une famille royale marquée par les impératifs étatiques."