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La traduction intralinguale dans la francophonie (Interfrancophonies)

La traduction intralinguale dans la francophonie (Interfrancophonies)

Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne (Source : Fernando Funari )

La traduction intralinguale dans la francophonie

Appel à contribution Interfrancophonies, n° 14 | 2023

On pense souvent la traduction comme activité de passage d’une langue source à une langue cible, négligeant les phénomènes traductifs qui ont lieu à l’intérieur d’un même système linguistique. Roman Jakobson associe la traduction intralinguale à une opération de reformulation qui consiste en « l’interprétation des signes linguistiques au moyen d’autres signes de la même langue. »[1] Ce phénomène est particulièrement intéressant au sein du monde francophone en raison de la dimension plurielle du français, qui se décline en de nombreuses variétés diatopiques, et du système complexe de relations existant entre les différentes aires de la francophonie. Cela pose également la question du rapport entre toutes les variétés d’une langue et la norme à laquelle elles se rapportent.

La traduction intralinguale recouvre plusieurs champs d’intérêt, parmi lesquels la vulgarisation scientifique (comme traduction d’une langue technique vers la langue courante), ou la modernisation des textes anciens (soit la traduction des différentes couches historiques d’une même langue). Un autre axe concerne l’adaptation d’œuvres francophones (littérature, cinéma) en vue de leur parution ou de leur réédition pour le marché éditorial français. Dans le contexte nord-américain, on peut notamment mentionner Querelle de Roberval de Kevin Lambert, réédité en France sous le titre Querelle[2], ou encore Sophie Bienvenu qui a elle-même adapté son roman Et au pire on se mariera pour sa sortie européenne[3].

Les stratégies de traduction intralinguale peuvent se présenter sous la forme de la réécriture d’un texte par son auteur (ou d’une liberté plus ou moins importante intervenant dans la réélaboration du texte original) ; d’une adaptation intersémiotique ou intermédiale ; de paratextes traductifs (système de notes, glossaire, introduction etc.). Un cas à part est constitué par le sous-titrage de films francophones : les films du réalisateur Xavier Dolan, qui font entendre une variété populaire du français québécois, sont par exemple fréquemment sous-titrés en français hexagonal lors de leur projection dans des festivals et dans les salles de cinéma en Europe. 
 
Dans l’esprit de la revue Interfrancophonies, il sera question d’interroger toutes les formes de négociation et de médiation entre les variétés de français dans l’espace francophone :

Les propositions de communication peuvent suivre les axes suivants, sans toutefois s’y limiter :
·       La traduction intersémiotique et intermédiale, en portant une attention majeure aux phénomènes linguistiques dans le passage entre genres et types de discours
·       Les phénomènes d’adaptation et de simplification de la langue (dans le discours scientifique, institutionnel, littéraire, etc.)
·       La circulation des œuvres littéraires ou cinématographiques produites en français dans l’espaces francophone. 
 
Les résumés des articles proposés (environ 500 mots) sont attendus pour le 18 décembre 2022 et sont à envoyer à myriam.vien2@unibo.it et à fernando.funari@unifi.it.

L’acceptation des propositions sera notifiée avant le 31 décembre 2022

Les articles, rédigés en langue française selon les normes éditoriales de la Revue (http://interfrancophonies.org/normes.html) sont attendus pour le 30 avril 2023

Le volume paraitra dans le mois de décembre 2023


 
[1] Jakobson, Roman. « Aspects linguistiques de la traduction » dans Essais de linguistique générale (chapitre IV), Paris, Minuit, 1963, p. 79-80.
[2] Lambert, Kevin. Querelle de Roberval, Montréal, Héliotrope, 2017, réédité à Paris avec le titre Querelle (le Nouvel Attila, 2018)
[3] Sophie Bienvenu, Et au pire, on se mariera, Montréal, La Mèche, 2011, réédité à Paris, Les Éditions Noir sur Blanc, 2014. Cf. Marco Modenesi, « “Des fois, j’ai l’impression que je te parle dans une autre langue”. Et au pire, on se mariera : le passage du Québec à la France », dans Le Québec en traduction, n. 8, (Paola Puccini, Fabio Regattin, éds.), 2017, p. 29-37, version en ligne: http://interfrancophonies.org/images/pdf/numero-8/3_Interfrancophonies_8_2017_MODENESI.pdf