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La Ville texte

La Ville texte

Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne

Comment les médias ont-ils fabriqué Paris, qui devient une ville-monde au XIXe siècle ? Comment la capitale a-t-elle de son côté imposé sa marque au monde du journal et de l’information ? Telles sont les questions auxquelles le volume initité par Sophie Corbillé, Emmanuelle Fantin, Adeline Wrona, et publié ces jours-ci par les P.U. de Vincennes :  Paris, capitale médiatique, s'efforce de répondre. Une attention particulière y est accordée à Émile de Girardin – entrepreneur de presse, homme d’affaires, politique, et auteur à succès –, traité en tant que pionnier et parangon de ce capitalisme médiatique parisien. Fabula donne à lire l'introduction du volume…

Juliette Rennes fait paraître de son côté Métiers de rue. Observer le travail et le genre à Paris en 1900 (éd. EHESS). Partie d’une recherche sur les premières cochères et afficheuses parisiennes, Juliette Rennes s’est peu à peu détachée de ces figures pour restituer leur apparition parmi la population laborieuse travaillant sur la voie publique (marchandes des quatre-saisons, prostituées, camelots, artistes ambulants, porteuses de pain…). Une enquête qui éclaire l’ensemble de ces images à partir d’archives permettant de contribuer à une histoire du travail, de la rue parisienne et du genre. Fabula vous invite à découvrir un extrait de l'ouvrage...

Paris n’a pas seulement une histoire : la ville a aussi une mythologie et une géographie poétique et littéraire où se croisent alchimistes, poètes, mages, évêques, démons… Ces collections de légendes et ces poèmes médiévaux remplis de mythes ou de généalogies fabuleuses contiennent des éléments qui perdurent jusque dans les noms des rues et des quartiers. C’est dans ce Paris des profondeurs que nous entraîne Pacôme Thiellement : la rue Pierre-Nicole, où cohabitent la crypte inaccessible de Saint Denis et la fresque de la décomposition de Paris ; la place du Panthéon, où les hommes du Moyen-Âge plaçaient un Château de Haute Folie et où André Breton inventera le surréalisme ; le quartier de Maubert, creuset alchimique de Paris. C'est encore Montmartre, l’Ile Saint-Louis, le Marais, Ménilmontant, Bastille : quartiers nourris de légendes étranges et d’événements politiques aux réverbérations complexes, de la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons au soulèvement des Gilets Jaunes, et que l’auteur parcourt à nouveau afin d’en réveiller les fantômes et d’y interroger l'avenir.

Sous le titre Paris quand même, Jean-Christophe Bailly fait la cartographie des atteintes dont Paris et notamment son cœur ont été victimes ces derniers temps. À la destruction systématique de quartiers entiers qui a été la marque des années 60 à 90 du siècle dernier a succédé une forme plus subtile mais qui étend son emprise au point de rendre méconnaissables des pans entiers de la ville, littéralement offerts à l’exhibition capitaliste et à la servilité qu’elle appelle. À cette ville qui est à la fois celle du pouvoir et celle qui se vend continue de s’en opposer une autre, indifférente aux formes réifiées du patrimoine, qui continue de se vivre comme le champ d’une expérimentation quotidienne. Cette lutte entre une ville prête à réciter la leçon que les "décideurs" lui imposent et une ville consciente de ce qu’elle a porté dans l’histoire et qui se réinvente à partir de ses traces, Paris quand même la décrit à travers trente-sept courts chapitres qui sont autant de promenades où, d’un quartier à un autre, d’un désastre à un miracle,  l’on passe de l’effarement à la joie, de la colère à l’émerveillement, et du ton du pamphlet à la logique filée de la glissade. Fabula vous invite à découvrir le sommaire et à lire un extrait de l'ouvrage : "L'escarpin de Montaigne"…, mais aussi à voir la vidéo de présentation…

En 1981, l'auteur de La Vie mode d'emploi s’interrogeait : doit-il dire "j’habite Paris", "j’habite à Paris", "j’habite la capitale", "j’habite la Ville lumière", ou encore "j’habite la ville qui jadis s’appelait Lutèce" ? Tel est le Paris de Georges Perec, que Denis Cosnard nous invite à arpenter. Un lieu où vivre, mais aussi un terrain de jeu, d’expérimentation et d’écriture. Une ville puzzle, coupée en morceaux par "l’histoire avec sa grande hache", et dont les pièces éparses demandent à être patiemment assemblées : le Belleville pauvre de la prime enfance, le 16e arrondissement cossu de l’adolescence, le Quartier latin de l’âge adulte, les cafés, les appartements amis… Avec Perec, Paris devient texte. La ville de papier trouve son mode d’emploi. Fabula donne à lire un extrait de l'ouvrage…

Les escaliers de la rue Vilin, 1959 © Henri Guérard.