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Les Filles d'Égalie : journée d'étude en ligne

Les Filles d'Égalie : journée d'étude en ligne

Publié le par Marc Escola (Source : Florence Fix)

Journée d’études : Les Filles d’Égalie de Gerd Brantenberg

Université de Rouen/Université de Haute-Alsace (uniquement en ligne)

5 juin 2023

Publié en 1977 en Norvège, Les Filles d’Égalie (Egalias døtre) a été récemment traduit en français, prétexte dont s’empare cette journée d’études, que nous espérons pluridisciplinaire (études nordiques, philosophie, histoire et littérature, études de genre, histoire culturelle…) pour envisager autant le roman (sa construction, sa langue, son caractère dystopique) que son double environnement : roman norvégien et roman « de société » à portée universelle, qui nourrit une réflexion sur l’histoire du féminisme et de l’émancipation des femmes.

Les propositions pourront ainsi porter, de façon non-exhaustive sur les enjeux suivants :

Sources, héritages, sédimentations ; postérité

Brantenberg cite Swift ou Orwell parmi ses inspirations. Les Filles d’Égalie a manifestement des traits de conte philosophique, de roman d’initiation, de satire avec inversion systématique. Quelles influences littéraires, quels effets d’écho, de citation dans ce roman rédigé durant les années 1970 où les réécritures (de contes, de mythes, de romans de formations) composent un socle important de la réappropriation des identités dominées ? Quelles sont les formes chez Brantenberg de l’écriture parodique, dystopique, politique ou engagée ? L’ouvrage de Brantenberg a-t-il donné à son tour une forme d’exemple à d’autres fictions ?

Universalité et singularité :

Les Filles d’Égalie n’est pas un roman norvégien, l’auteur n’y tente aucune « couleur locale » et sa réception très favorable (tardive, certes) dans d’autres langues a du reste donné au livre une ampleur critique qu’il n’avait pas auparavant. Peut-on toutefois aborder le roman dans une tradition norvégienne, ou nordique, de romans de société ou d’engagement comme ceux de Camilla Collett ou d’Amelie Skram ? Des comparaisons avec d’autres romans ou textes de théâtre ou de chansons de l’autrice, avec d’autres textes « nordiques » ou scandinaves pourront éclairer cet environnement.

Ce sont les traductions du roman en Europe, aux États-Unis, en Corée du Sud, qui lui ont valu un accueil critique renouvelé. Des réflexions portant sur la réception critique dans un ou plusieurs pays, de façon diachronique ou synchronique pourront ainsi être envisagées. On pourra également s’intéresser à ces questions de circulations et de traductions dans le champ littéraire européen : pourquoi traduire Gerd Brantenberg aussi tard/maintenant, en France ?

Questions de langue :

Exercice de style, démonstration par l’absurde, l’usage de la langue est manifestement central dans le roman. Il interroge et fragilise nos modes de lecture autant que nos repères, participant d’un parti pris de la satire qu’il convient d’aborder précisément (sur telle approche grammaticale ou sémantique par exemple, des noms de métiers) ou plus généralement (syntaxe, rhétorique, construction du discours). L’apprentissage (l’école, les enseignant.e.s, les disciplines enseigné.e.s et la didactique) étant également central dans le roman, on pourra proposer une approche croisée entre langue et éducation. Cette question pourra être élargie à la question de la traduction, le traducteur français ayant opté pour un « féminin universel ». Qu’en est-il dans les autres langues ? 

Dystopie et questions de société

Le roman, publié alors que les mouvements féministes se donnaient pour objectif majeur le droit des femmes à disposer de leur corps en termes de sexualité et de procréation, est lu aujourd’hui à l’aune des étapes successives qu’ont été le combat pour le droit à l’égalité salariale dans les années 1980-1990 et plus récemment les réflexions post-#metoo. Il ne s’agit pas tant de tenter de mesurer s’il a été précurseur ou visionnaire, que de le lire en l’articulant à l’histoire du féminisme et plus précisément sans doute à l’histoire de la perception du corps des femmes. Les apports de la phénoménologie et des études du genre seront bienvenus.

Propositions d’une ½ page environ, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, à envoyer pour le 15 janvier 2023 à corinne.francois-deneve@uha.fr et florence.fix@univ-rouen.fr.

Réponse sera donnée fin janvier 2023.

Une publication en ligne de la journée d’études est prévue.



Florence Fix, littérature comparée, Université de Rouen

Corinne François-Denève, littérature comparée, Université de Haute-Alsace