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L'ekphrasis cartographique (Bruxelles)

L'ekphrasis cartographique (Bruxelles)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Aurélien d'Avout)

L’ekphrasis cartographique

27 janvier 2023

Journée d’étude organisée dans le cadre du PDR « Littérature et cartographie » 

Université Saint-Louis – Bruxelles (Centre Prospéro. Langage, image et connaissance)

 


Dans le champ des études littéraires, la notion d’ekphrasis, désignant au départ la description aboutie et animée de n’importe quel objet du monde, a été peu à peu rattachée, exclusivement ou presque, au genre de la critique d’art. Pourtant, tableaux, sculptures, dessins ou photographies ne sont pas les seuls à avoir été décrits en détail dans la littérature. Un autre artefact, relevant lui aussi des arts visuels, a fait l’objet d’un investissement littéraire : la carte géographique. 

L’exploration des modalités d’écriture de la carte et de ses différentes variantes (globes, mappemondes, atlas) mérite examen. Ces objets constituent en effet une représentation située à mi-chemin entre l’image (par leur fourmillement de surfaces, de couleurs et de symboles) et le langage (par les toponymes et légendes qu’ils contiennent). À ce titre, la carte ne se laisse pas aisément déchiffrer, dans une opération de dévoilement qui serait immédiate : elle engage au contraire une lecture progressive, une découverte par l’œil partes extra partes, tant pour ce qui concerne les détails de l’image que la nomenclature. Par ailleurs, la carte consiste en un objet concret : à cet égard, elle convoque le geste et engage, outre la démarche intellectuelle, une expérience corporelle, puisqu’elle demande à être dépliée, déroulée, tournée et retournée. À l’herméneutique « ekphrastique » de la carte répond donc une pragmatique de son énonciation. 

Toutefois, si la carte géographique constitue un motif récurrent des récits, accompagnant parfois matériellement l’édition d’une œuvre, elle a relativement peu fait l’objet de descriptions extensives. Loin d’être déceptif, ce constat confère d’autant plus de prix aux textes qui restituent minutieusement la carte, à l’instar des récits de voyage ou des récits aux mondes imaginaires. Écrivains géographes (de formation ou de profession) et auteurs du Nouveau Roman, entre autres, proposent eux aussi des figurations très précises de l’objet, jusqu’à donner au lecteur l’impression de le visualiser. 

Sur quelles stratégies rhétoriques et formelles ce type de descriptions rapprochées se fondent-elles ? Quels éléments de la carte sont envisagés de manière privilégiée ? Peut-on dégager des métaphores ou d’autres procédés stylistiques récurrents ? Les auteurs ont-ils recours à un lexique technique ou se contentent-ils d’un vocabulaire simple, analogue au regard d’enfant qu’ils ont pu porter sur cet objet ? Formant une arborescence verbale parfois ample, la description d’une carte ne joue-t-elle pas également une fonction narrative en participant à la progression de l’intrigue ? 

Outre les fondements d’une catégorie littéraire, on entend interroger l’articulation entre deux régimes descriptifs, deux langages aux visées convergentes. L’intérêt de l’ekphrasis cartographique repose en effet sur sa nature spéculaire, la carte formant en elle-même, avec ses propres conventions et son propre réseau de signes, une description du monde. Le dire, se mêlant au voir, vient ainsi renforcer le dispositif de mise en abyme que toute carte offre du monde. 

 
Cette journée d’étude s’adresse aux littéraires (tous siècles de spécialité confondus), mais aussi aux philosophes, aux historiens de l’art et aux géographes qui voudraient se confronter aux rapports entre représentation ou image cartographique et textualité. 

Les propositions (titre ; argumentaire de 5 à 10 lignes ; brève notice bio-bibliographique) sont à envoyer conjointement à Aurélien d’Avout (davout.aurelien@gmail.com) et à Isabelle Ost (isabelle.ost@usaintlouis.be) avant le 15 novembre 2022. Les participants retenus en seront informés au début du mois de décembre.