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Étincelle, affectivité et intuition : l’art d’écrire (Colloque APFUCC 2023, Toronto)

Étincelle, affectivité et intuition : l’art d’écrire (Colloque APFUCC 2023, Toronto)

Publié le par Marc Escola (Source : Domenico Cambria)

Colloque APFUCC 2023, du 27 au 30 mai

Université York, Toronto, Ontario, Canada

Campus Keele et Glendon

Appel à propositions de communications


Atelier 5

Étincelle, affectivité et intuition : l’art d’écrire

Responsables d’atelier

Sanda Badescu, University of Prince Edward Island, sbadescu@upei.ca

Domenico Cambria, Institut catholique de Paris, dcambria@libero.it


Chaque créateur et chaque créatrice d’une œuvre artistique doivent tout d’abord ressentir une affectivité liée à une impression qui devrait constituer le moteur de leur recherche et l’étincelle d’un long processus. C’est cette étincelle première que nous voudrions explorer dans cet atelier.

Qu’on l’appelle intuition, impression ou affectivité, ce sentiment a une qualité particulière et exquise. Paul Ricoeur interroge ce phénomène et explique que le sens exprimé dans un mot ou dans une phrase est paradoxalement défini à partir d’un indéfini, qui est l’affect (p. 137). Marcel Proust affirme que seule l’impression, si chétive et insaisissable qu’elle soit, mérite d’être appréhendée par l’esprit, car elle est la seule capable de « l’amener à une plus grande perfection et de lui donner une pure joie » (Proust IV, 458-459). L’intuition prônée par Schopenhauer, proche de l’impression proustienne, a une fonction cruciale aussi : seule la pensée que l’intuition a saisie avant l’intelligence est capable de garder et de faire rejaillir la force de nous émouvoir ; c’est ainsi qu’elle devient la pierre angulaire d’une création digne d’immortalité (Schopenhauer p. 1142).

Ce processus de création manifeste le désir de l’humain qui cherche l'expression de ses émotions nées des expériences qu'il a vécues en tant que corps dans le monde. À ce propos, le sujet incarné de Merleau-Ponty montre que le corps est un « fond affectif qui jette originairement la conscience hors d’elle-même » (110). Le monde même apparait affectivement, notamment par la perception d’autrui. Dans le cas de l'écriture, celle-ci se caractérise comme une manifestation de l'affectivité qui surgit de l'identité de l'écrivain.e. jusqu'à s'ouvrir à une altérité inconnue. S'interrogeant sur l’étincelle de sa créativité, l’écrivain.e. perd son caractère autoréférentiel au fur et à mesure qu'iel s'éloigne de son monde, découvrant ainsi un espace corporel marqué par l'altérité affective d'autrui. Dès lors, il s’agit de considérer l’ouvrage littéraire comme un espace où le corps prend forme scripturale et comme un temps où les différences affectives d’autrui sont reconnues. En ce sens, l’écriture est aussi un processus qui permet une expérience sensible à distance, car lire devient une participation différée aux intentions de l’auteur.trice. Par la lecture, une affectivité, dont le texte est la médiation infinie, s’instaure entre l’écrivain.e. et le.la. lecteur.trice

Dans cet esprit, nous nous proposons d'explorer des œuvres littéraires et les possibles interactions philosophiques, artistiques, théâtrales et cinématographiques qui décrivent des expériences humaines à travers les manifestations de l'affectivité. Nous invitons des communications qui portent sur l’analyse de l’intuition et de l’impression qui trouvent leur chemin mystérieux dans l’atelier des écrivain.e.s et sur la modalité dont une affectivité, toute confuse qu’elle puisse être, peut se tisser dans la construction complexe d’une œuvre ingénieuse et pérenne.


Bibliographie

Maurice Merleau-Ponty. Phénoménologie de la perception. Paris, Gallimard, 1945.
Marcel Proust. A la recherche du temps perdu. Tome IV, Paris, Gallimard, 1989.
Paul Ricoeur. Philosophie de la volonté. Le Volontaire et l’involontaire. Paris, Aubier, 1949.
Arthur Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation. Paris, Presses Universitaires de France, 1966.

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Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à

Sanda Badescu sbadescu@upei.ca et à Domenico Cambria dcambria@libero.it : le 15 décembre 2022.

Le colloque annuel 2023 de l’APFUCC sera en personne (à moins que la situation sanitaire ne le permette pas) avec, possiblement, quelques activités ou interventions en ligne (nous communiquerons à ce sujet plus tard). Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada.

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2023 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2023.