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Appels à contributions
Les magazines de bande dessinée en France : perspectives culturelles et médiatiques (revue Comicalités)

Les magazines de bande dessinée en France : perspectives culturelles et médiatiques (revue Comicalités)

Publié le par Marc Escola (Source : Matthieu Letourneux)

Appel à contributions

pour un numéro de la revue "Comicalités" sur

"Les magazines de bande dessinée en France : perspectives culturelles et médiatiques".

« Thématique » dirigée par Matthieu Letourneux (Université Paris-Nanterre) et Yoan Vérilhac (Université de Nîmes)

Ce numéro de Comicalités a pour ambition d’aborder les magazines de bandes dessinées d’un point de vue historique, médiatique et culturel. L’enjeu est de rendre compte, de façon panoramique et sur le temps long (1930-2020) de la structuration et de la segmentation d’un secteur puissant du champ de la presse : comment se transforme, progressivement, le genre du « magazine de bandes dessinées », comment se décline-t-il selon des formats et des formules médiatiques (pockets, fascicules, revues mensuelles, journaux hebdomadaires), des publics visés (enfance, jeunesse, adulte, lectorats masculins ou féminins), selon des contraintes légales et éditoriales spécifiques ? Quelle est la position de cette presse dans l’offre générale des magazines de divertissement ? Ces périodiques seront étudiés dans leur totalité, comme systèmes sémiotiques et dispositifs médiatiques dont la signification culturelle doit se penser globalement – avec les couvertures, les parties rédactionnelles et les publicités, et peut-être même avant tout avec celles-ci, en s’interdisant de les considérer comme secondaires par rapport aux bandes dessinées. Aborder ces périodiques dans une perspective culturelle et médiatique permet de mettre au jour les fonctions discursives et imaginaires spécifiques qui sont les leurs : négociations avec les héritages de la presse de jeunesse (L’Intrépide, L’Epatant, Hop là !), entre différentes logiques de consommation de la culture de jeunesse d’après-guerre (Spirou, Tintin), invention d’une presse médiatique pour la jeunesse (Pilote magazine), définition d’une offre pour adultes dialoguant avec un grand nombre de séries médiatiques (presse satirique, Charlie, magazines de charme, L’Écho des savanes dans les années 1980, magazine culturel, Métal hurlant…), formats proches du magazine de bandes dessinées mais rapportés à d’autres séries médiatiques (presse jeunesse, presse satirique, presse érotique)…

Des journées d’études préparatoires (Voir le programme et descriptif à l’adresse suivante: https://lpcm.hypotheses.org/20636), reposant sur le principe d’une commande de sujets précis aux intervenant·es, ont déjà balayé d’importants segments de ce champ (notamment du côté des magazines pour adultes), et c’est ce même principe que nous souhaitons maintenir dans le cadre de la publication. Nous n’attendons donc pas de monographies sur un magazine particulier, mais plutôt des questionnements transversaux permettant d’embrasser plusieurs titres. Pour exemple, des chapitres sont déjà rédigés (avec à chaque fois le souci de ne pas nous cantonner aux bandes-dessinées) sur la culture jeune, l’érotisme, le rédactionnel dans les magazines de comics, le savoir technico-scientifique, la culture de bandes dessinées, l’humour, la culture journalistique, les imaginaires médiatiques… On sera donc particulièrement sensible aux propositions explorant les enjeux suivants, sur le même principe d’une approche transversale d’une question plutôt qu’une étude sur un seul titre.

Les avatars du genre médiatique : la relation entre bande dessinée et magazine tend à écraser la variété des formes et des modes d’expression, or, les formats définissent leurs propres cohérences, leurs propres affinités dans le kiosque, qui déterminent en retour les conventions d’énonciation éditoriale : les fascicules de bandes dessinées sont liés à une tradition du fascicule de kiosque, l’histoire des magazines de bandes dessinées ne peut être découplée de celle des magazines, les petits formats comme Elvifrance s’inscrivent dans une histoire des publications pour adultes et de la censure, etc. C’est cette histoire des formes et des réseaux de distribution et leur incidence sur les contenus que les contributeurs pourront être invités à investir.


La relecture du magazine de bandes dessinées à partir d’autres séries médiatiques de la presse à l’époque : le magazine de bandes dessinées comme magazine culturel, comme magazine d’actualité, comme magazine pour adolescents et jeunes adultes… Les contributeurs ou contributrices pourront ainsi aborder un ensemble de titres dans leur relation à ces autres séries médiatiques.


Les déclinaisons en magazines d’images dessinées de grandes franchises transmédia (liées au monde du dessin animé, du jouet, des jeux de cartes), forgent une offre abondante et cohérente dans les kiosques, peu reliée au genre plus « prestigieux » du magazine de bande dessinée plus lié au monde de l’album. On a pourtant là un champ bien identifié, composé sur le modèle hybride caractéristique du magazine de BD : histoires dessinées déclinant l’univers de fiction source, rédactionnel spécialisé et éducatif, cadeaux, jeux, publicités, etc. D’autres recoins du secteur sont encore peu explorés, qui méritent d’être mis en valeur : suppléments BD de publications destinées à la jeunesse (J’aime Lire BD, par exemple), suppléments aux numéros de vacances ou de weekend donnant une place spéciale à la bande dessinée, etc.

- Formats et périodicités alternatives : le modèle qui s’impose au centre de notre imaginaire du magazine de BD est celui du magazine en couleurs, hebdomadaire ou mensuel. Pour autant, des formats moins assimilés à une culture du périodique jouent un rôle important et font occuper à la BD un espace significatif dans les espaces de diffusion (kiosques, boutiques, sex shops, grandes surfaces, librairies de bandes dessinées…) : on pense aux pockets, fanzines, comic books… Ici encore l’accent sera mis sur les logiques de presse et les conventions éditoriales qu’elles induisent.

- Lecteurs et lectrices de magazines de BD : quelle image de leurs destinataires les magazines fabriquent-ils ? quelle place est faite aux lecteur·ice·s (courriers, concours) et quel dialogue s’installe avec le public ? de quelles données sociologiques sur les publics réels et les usages de ces périodiques dispose-t-on ?

- La dimension genrée des magazines de BD : le magazine de BD apparait comme une presse largement fabriquée par des (jeunes) hommes pour un public d’hommes, ressassant et radicalisant un ensemble de stéréotypes, au plan graphique et au plan des discours, aisément identifiables et qualifiables. L’accent serait opportunément mis sur les phénomènes de résistance ou de problématisation de cette tendance dominante, que ce soit à partir des figures féminines contribuant à ces magazines, à partir de certains événements ou certaines rubriques, voire au moyen de certains titres particulièrement intéressants de ce point de vue. Une étude sur un ensemble de publications marquées au sceau d’un féminisme explicite et radical serait particulièrement éclairante à cet égard, par exemple.

Modalités de soumission

Les chercheurs·euses intéressé·es sont invité·es à adresser une courte notice bio-bibliographique et une présentation de leur projet de contribution (1500 signes maximum) avant le 1er novembre 2022.

Les articles seront à rendre, dans leur version définitive (entre 25.000 et 50.000 signes), pour le 1e mai 2023.

N’hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez réfléchir avec nous à une orientation qui convienne.

Nous envisageons ce dossier comme un ensemble cohérent, aussi sommes-nous tout à fait disposés à discuter l’orientation d’une contribution avec tout rédacteur qui en fera la demande de façon à ce qu’elle s’insère au mieux dans le numéro.

Contact : matthletourneux@gmail.com / yoan.verilhac@unimes.fr