Le nom propre est un marqueur identitaire dont la transmission relève du don, de la filiation et du performatif (religieux ou juridique).
Il constitue de la sorte un point d'ancrage nécessaire, mais néanmoins fragile puisqu'il peut s'avérer non reconnu, faisant alors vaciller l'ordre de la représentation, comme c'est le cas dans Le Colonel Chabert de Balzac.
La nécessité pour le sujet d'être inscrit dans un nom propre reconnu est encore manifeste malgré l'usage du pseudonyme, support de la mascarade identitaire du Narrateur dans Aziyadé de Pierre Loti.
L'analyse de Noms de pays : le nom de Marcel Proust permet enfin d'expliciter que le nom propre n'est pas que le lieu d'une rêverie cratylienne, mais le lieu aussi d'une expérience de l'altérité, du non-maîtrisable, de l'arbitraire.
Ces trois études sur le nom propre sont donc l'occasion d'une réflexion sur le sujet, l'identité et la représentation.
Jacques Cardinal est professeur honoraire de l'Université de Montréal.