Actualité
Appels à contributions
La littérature africaine à l’épreuve des « récits de filiations » : l’autofiction et le récit transpersonnel

La littérature africaine à l’épreuve des « récits de filiations » : l’autofiction et le récit transpersonnel

Publié le par Esther Demoulin (Source : Khadimou Rassoul THIAM)

Appel à communications pour un colloque international

La littérature africaine à l’épreuve des « récits de filiations » : l’autofiction et le récit transpersonnel

Organisateur : CERCLA (Centre de Recherches sur la Critique Littéraire Africaine)
Lieu : Université Gaston Berger de Saint-Louis
Date : du 23 au 24 janvier 2023 


Argumentaire

Depuis que la découverte de l’inconscient a jeté le discrédit sur le récit autobiographique, on assiste à une réévaluation des écritures de soi, un questionnement de ce que Dominique Viart appelle « les récits de filiation ». Il désigne par cette expression des textes centrés sur la question des origines, de la problématique de la famille, d’une généalogie interrogée par une démarche mémorielle. Du fait qu’elle comporte une fiction inhérente à son mode opératoire, on soupçonne l’autobiographie classique d’être piégée dans son ambition de dire la vérité du moi, de raconter à partir du souvenir. Tout souvenir, en tant que reconstitution de faits passés, se trouve alors investi d’une part d’imagination qui compense l’oubli et ruine toute portée véridique du discours. C’est en cela que le pacte autobiographique défini par Philippe Lejeune est remis en cause dans son principe de sincérité. On assiste alors à l’émergence de « formes autobiographiques inédites ».              

À ce propos, Bruno Blanckeman écrit que « les frontières littéraires de l’autobiographie se redéfinissent selon une cartographie nouvelle […]. Le récit autobiographique bascule d’une dominante-récit de vie/discours sur soi- à une autre-figuration/défiguration d’une identité subjective, dans des cheminements romanesques ou méditatifs qui mettent à mal l’idée de personnalité constituée ».                                                                                                                                                                                                 

En ce qui concerne les nouvelles formes autobiographiques, il retient l’autofiction et le modèle transpersonnel. Yves Baudelle estime que « parmi les évolutions contemporaines du régime autobiographique, l’une des plus manifestes, depuis une vingtaine d’années, est l’hégémonie croissante de la notion d’autofiction », néologisme créé en 1977 par Serge Doubrovsky, pour désigner son œuvre Fils qu’il ne voulait pas considérer comme une autobiographie.

Dans le modèle autofictionnel, « la figure de l’autre est intériorisée » alors que dans le récit transpersonnel, « la figure de l’autre est au contraire projetée hors de soi », précise Blanckeman. Le récit transpersonnel trouve son effectivité, dans le domaine de la création, chez des écrivains comme Marguerite Yourcenar (Souvenirs pieux, Archives du Nord), Annie Ernaux (La Place, Une Femme) qui mettent en œuvre un « je » ambiguë, presque anonyme, une forme impersonnelle qui « est quelquefois même plus une parole de ʺl’autreʺ qu’une parole de ʺmoiʺ : une forme transpersonnelle en somme », pour reprendre Annie Ernaux.

La recherche en littérature africaine semble ne pas se focaliser sur le récit transpersonnel. Les théoriciens de cette modalité d’écriture ne mettent pas l’accent sur le corpus africain, préoccupés qu’ils sont par la littérature française principalement. L’objectif  de ce colloque consiste à interroger la pratique de l’autofiction et du récit transpersonnel dans la littérature africaine.

Si nous n’avons trouvé aucune étude consacrée à l’écriture transpersonnelle dans la littérature africaine, certains critiques cependant abordent la dimension autofictionnelle. On peut relever, à titre d’exemples, l’article de Karen Ferreira-Meyers qui interroge la figuration de l’autofiction dans les récits africains. Il résulte de son analyse que l’étiquette « autofiction » est appliquée de manière anachronique à des ouvrages comme L’Esclave (1929) de Felix Couchoro ou Climbié (1956) de Bernard Dadié. Quelques œuvres d’Afrique se définissent à travers leur titre comme des autofictions : c’est ainsi que le roman Meurtrissures (2005) de Bernard Zongo porte la mention « Auto-fiction » sur la première de couverture. Françoise Moudouthé soutient que le deuxième roman d’Eugène Ebodé, La Transmission (2002), est « une autofiction savamment écrite ». Dans la même mouvance, Calixthe Beyala semble confirmer que son roman L’Homme qui m’offrait le ciel (2007) relève d’une autofiction. Elle écrit que « la démarche n’a rien d’exceptionnel et l’autofiction est un processus très intéressant. L’écrivain devient alors un peu schizophrène et se met en scène ». Sous cet angle, Effoh Clément Ehora questionne l’œuvre romanesque d’Henri Lopes de façon à examiner le rapport étroit entre la métafiction et l’autofiction par lesquelles « l’écrivain [est] au miroir de ses textes ».

Comment les écrivains africains se positionnent-ils par rapport au récit transpersonnel et à la pratique autofictionnelle ? Par quelles modalités expérimentent-ils les nouveaux récits de soi ? Quels enjeux esthétiques l’autofiction et le récit transpersonnel posent-ils ?


Axes de réflexion à titre indicatif

- Récit transpersonnel et intertextualité
- Récit transpersonnel et postmodernité
- Récit transpersonnel, récit de l’autre, récit du monde
- Récit transpersonnel et récit autofictionnel
- Autofiction et roman autobiographique
- Autofiction et autobiographie
- Enjeux du « je » dans le récit autofictionnel et transpersonnel
- Identité et écriture transpersonnelle.


Les propositions de communication (qui ne devront pas dépasser 250 mots) seront envoyées, par courrier électronique, au plus tard le 30 septembre 2022, aux adresses suivantes :
 
- Modou Fatah THIAM : diagofatah@yahoo.fr.
- Assane NDIAYE : ndjayass@gmail.com


10 octobre 2022 : Avis du comité scientifique


Après le colloque, un autre agenda sera envoyé pour la réception des articles, en vue d’une publication dans les meilleurs délais.


Inscription

- Doctorant : 25 000 FCFA (38 euros)
- Enseignant-Chercheur : 50 000 FCFA (76 euros)


Organisateur : Laboratoire CERCLA

Contacts : Babou DIENE
Mail : mbayemarie65@yahoo.fr
Tel : 00 221 77 651 70 14 / 00 221 70 689 13 89


Laboratoire invité : CREILHAC, Université Assane Seck de Ziguinchor
La restauration et l’hébergement sont à la charge des participants.
La restauration de la mi-journée, au cours des activités, est à la charge des organisateurs.


Comité scientifique

Mamadou Kalidou BA (Mauritanie)
Mylène DANGLADES (Guyane Française)
Babacar DIENG (Sénégal)
Babou DIENE (Sénégal)
Abdoulaye DIOUF (Sénégal)
Cheikh Mouhamadou Soumoune DIOP (Sénégal)
Mariana Janaina DOS SANTOS ALVES (Brésil)
Boubacar CAMARA (Sénégal)
Natali COSTA (Brésil)
Rosària Cristina COSTA RIBEIRO (Brésil)
Djidiack FAYE (Sénégal)
Mamadou FAYE (Sénégal)
Biringanine NDAGANO (Guyane Française)
Martin Dossou GBENOUGA (Togo)
Jacques Raymond Koffi KOUACOU (Côte d’Ivoire)
Diakaridia KONE (Côte d’Ivoire)
Pierre MONGUI (Gabon)
Magatte NDIAYE (Sénégal)
Ousmane NGOM (Sénégal)
Didier Taba ODOUNGA (Gabon)
Ana Clàudia Romana RIBEIRO (Brésil)
Cheick SAKHO (Sénégal)
Dennys SILVA-REIS (Brésil)
Alain SISSAO (Burkina Faso)
Ndioro SOW (Sénégal)
Kalidou SY (Sénégal)