Martine Mathieu-Job, Y a-t-il une langue maternelle ? Ce que disent les écritures francophones
Les écrivains francophones habitent de moins en moins des identités nationales stables. Les appréhender par le biais exclusif des appartenances culturelles est donc insatisfaisant et fait trop souvent perdre de vue la qualité même de leurs œuvres, leur « tremblement » intime. On risque surtout d’occulter ce que leur écriture dévoile de façon exemplaire : une création littéraire repose sur le rapport sensible, imaginaire, que tout auteur noue à la langue.
La prévalence du sensible, exacerbée dans les œuvres qui s’engendrent entre deux langues, offre un effet loupe qui permet de réévaluer des notions et des représentations rarement contestées. Y a-t-il une langue dont on puisse dire qu’elle est naturellement et immuablement maternelle ? Y a-t-il des appropriations différentes d’une langue selon qu’elle relève d’une tradition familiale ou d’une acquisition personnelle ?
Autant de réponses singulières dans les textes, mais qui toutes imposent cette mise en question.
Martine Mathieu-Job est professeur émérite de littératures française et francophones à l’université Bordeaux Montaigne. Elle est spécialiste des littératures coloniales et postcoloniales du Maghreb et de l’océan Indien.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Des altérités dans la langue", par Catherine Mazauric (en ligne le 8 novembre 2022).
En examinant la langue maternelle comme une question, à partir des écritures francophones et des expériences plurilingues qu’elles retracent et analysent, Martine Mathieu-Job s’attache à l’expérience sensible transmise par les écrivains pour défaire d’illusoires binarités et montrer comment « l’accueillante ouverture aux altérités donne vibration, vigueur et vitalité à la langue littéraire ».