Traduction et interprétation (auto)censurées dans les mondes hispaniques (Mutatis Mutandis. Revista Latinoamericana de Traducción)
Mutatis Mutandis. Revista Latinoamericana de Traducción
Appel à contributions, vol. 16, no. 2, 2023: Traduction et interprétation (auto)censurées dans les mondes hispaniques
Directeur/Éditeur : Juan G. Ramírez Giraldo (Universidad de Antioquia, Colombie)
Éditeurs invités : Marian Panchón Hidalgo (Universidad de Granada, Espagne) et Raphaël Roché (Université Jean-Monnet-Saint-Étienne, France).
Selon Jansen (1988, p.132), la censure pourrait être définie comme « une forme de surveillance, un mécanisme servant à accumuler des renseignements que les puissants peuvent utiliser pour renforcer le contrôle à l’encontre des personnes ou des idées qui menacent ou disruptent les systèmes de l’ordre établi[1] », ce qui suppose que la censure n’est pas seulement institutionnelle, caractéristique des dictatures et d’autres systèmes politiques autoritaires (Falcón, 2019 ; Lobejón Santos et al., 2021 ; Poupeney-Hart & Navarro, 2021), mais qu’elle peut aussi se manifester dans des contextes démocratiques, que ce soit de manière consciente ou inconsciente (Merkle, 2018 ; Santaemilia, 2008 ; Sanz-Moreno, 2017). Dans ces deux situations, le traducteur ou interprète, pièce maîtresse du processus, doit affronter le texte ou le discours et tenter d’éviter tous les obstacles qui pourraient apparaître au cours de cet acte communicatif. Dans certaines occasions, et dans le but d’esquiver une éventuelle réaction hostile, il est possible que le traducteur ou l’interprète s’auto-censure, autrement dit, qu’il adopte des mesures préventives pour devancer la réprimande que son texte ou discours pourrait provoquer chez « l’ensemble des groupes ou corps de État – ou certains d’entre eux – capables ou habilités à lui imposer des suppressions ou modifications, avec ou sans son consentement ». (Abellán, 1987, p. 18). De plus, Abellán distingue deux types d’autocensure : l’explicite et l’implicite. La première correspond aux suppressions et aux modifications négociées entre le traducteur ou l’interprète et l’organisme censorial pour pouvoir ainsi sauver l’ensemble de la traduction ou de l’interprétation. D’autre part, en ce qui concerne l’autocensure implicite, le traducteur ou interprète peut prendre des mesures préalables à la traduction du livre ou à l’interprétation du discours (autocensure consciente), ou bien il peut se voir influencé de manière involontaire par des habitudes acquises, des conditionnements historiques, sociaux et même éducatifs (autocensure inconsciente).
Par conséquent, l’objectif de ce numéro consiste à présenter les résultats les plus récents liés à la traduction et à l’interprétation (auto)censurée dans les mondes hispaniques, que cela soit dans des systèmes dictatoriaux ou dans d’autres, théoriquement démocratiques. Ainsi, il s’agit de compenser le déséquilibre que nous observons dans l’étude des relations entre traduction/inteprétation et censure, bien plus développée sous certains régimes (Espagne franquiste, Amérique coloniale) que dans d’autres (Philippines pendant la Colonie, Cuba socialiste, dictatures militaires de la Guerre froide en Amérique hispanique ou Guinée Equatoriale, etc.).
Ce numéro propose, donc, d’élargir l’état de la question, en embrassant une pluralité de contextes géographiques – Europe, Afrique, Amérique, Asie – et historiques – depuis le XVe siècle jusqu’à aujourd’hui – des pays de langue espagnole dans les domaines suivants (liste non exhaustive) :
Traduction littéraire (auto)censurée
Traduction audiovisuelle (auto)censurée
Traduction de non fiction – essais, presse, etc. – (auto)censurée
Interprétation (auto)censurée
Agents politiques ou économiques de la censure – ou de l’autocensure – de la traduction ou de l’interprétation
DATES
Soumission ouverte : 15 juin 2022
Réception des résumés : 5 septembre 2022
Date limite de soumission des manuscrits : 6 février 2023
Publication : juillet 2023
POUR L’ENVOI
Envoyez le résumé de votre proposition d'article avant le 5 septembre 2022 à l'adresse suivante :
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- Titre de l'article
- Nom(s) des auteurs, affiliation institutionnelle, adresse de courrier électronique et courte note biographique. La revue demandera une déclaration d'auteur si nécessaire.
- Une proposition de 250 mots comprenant une description de l'article proposé, de son cadre théorique et méthodologique, sa justification et sa pertinence pour le domaine.
- Section de la revue dans laquelle l'article sera présenté (article de recherche, sujet de réflexion, article de synthèse, etc.). Veuillez consulter « Políticas de sección ».
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- Ligne thématique de l'appel dans lequel s'inscrit l'article.
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CONTACT
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ÉDITEURS INVITÉS :
Marian Panchón Hidalgo est enseignante-chercheuse au département de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Grenade (Espagne) et dispense des cours de traduction et d’interprétation (français-espagnol) au sein de cette université. Membre du groupe de recherche AVANTI (https://avanti.ugr.es) et membre associée du groupe TRACE (http://trace.unileon.es), ses principaux thèmes de recherche sont l’étude de la traduction et la censure dans l’Espagne franquiste, ainsi que les questions de retraduction et de paratraduction.
Raphaël Roché est maître de conférences de civilisation hispano-américaine et de traduction à l’Université Jean-Monnet-Saint-Étienne (France) et dispense des cours de civilisation hispano-américaine contemporaine, d’histoire culturelle, de traduction et d’interprétation (espagnol-français) dans cette université. Membre de l’unité de recherche ECLLA, (https://eclla.univ-st-etienne.fr/fr/index.html), ses principaux thèmes de recherche sont l’histoire de la presse, la construction nationale de la République fédérale centraméricaine, ainsi que la question de la violence dans l’Amérique centrale contemporaine.
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[1] Les traductions des deux citations sont les nôtres.
RÉFÉRENCES
Abellán, M. L. (1979). Análisis cuantitativo de la censura bajo el franquismo (1955-1976). Sistema, 28, 75-89.
Falcón, A. (2019). Hacia el hondo bajo fondo: prohibición y censura de traducciones en la Argentina (1957-1972). TRANS. Revista de Traductología, 23, 83-96. http://doi.org/10.24310/TRANS.2019.v0i23.5221
Jansen, S. (1988). Censorship. The Knot that Binds Power and Knowledge. New York-Oxford: Oxford University Press.
Lobejón Santos, S., Gómez Castro, C., & Gutiérrez Lanza, C. (2021). Archival research in translation and censorship: Digging into the “true museum of Francoism”. Meta: journal des traducteurs/Meta: Translators’ Journal, 66(1), 92-114. https://doi.org/10.7202/1079322ar
Merkle, D. (2018). Translation and censorship. In F. Fernández, & J. Evans (Eds.), The Routledge Handbook of Translation and Politics. Routledge/Taylor & Francis Group. 238-253.
Poupeney-Hart, C., & Navarro, A. (2021). Traducción en la prensa temprana: La Gaceta de Guatemala (1797-1807) y sus fuentes foráneas. Mutatis Mutandis: Revista Latinoamericana de Traducción, 14(1), 5-39. http://dx.doi.org/10.17533/udea.mut.v14n1a01
Santaemilia, J. (2008). The translation of sex-related language: the danger(s) of self-censorship(s). TTR, 21(2), 221-252. https://doi.org/10.7202/037497ar
Sanz-Moreno, R. (2017). La (auto)censura en audiodescripción. El sexo silenciado. Parallèles, 29(2), 46-63. http://doi.org/10.17462/para.2017.02.04