Et si l’Occident n’avait pas été seul à philosopher ? Nous avons longtemps refusé d’admettre cette évidence alors que, très tôt, des ethnologues, des psychologues et des philosophes des sciences ont repéré l’existence de systèmes d’idées dans le reste du monde.
On croisera, dans cette fresque philosophique d’une extrême originalité, des figures intellectuelles peu communes : une spécialiste des Bantous (J. Roumeguère-Eberhardt), elle-même épouse d’un guerrier masaï ; un pionnier de l’ethnographie européenne (A. Varagnac), en quête de notions conçues dans des régions de France étrangères à la pensée dominante ; ou encore un philosophe (E. Ortigues) qui, après avoir séjourné en Afrique, montre que la logique de la découverte scientifique est indissociable des expériences vécues par les individus et les groupes humains.
Au terme de cette traversée, les concepts que nous croyions si bien connaître nous apparaissent sous un jour nouveau, au prisme d’une ethnophilosophie et d’une géophilosophie revisitées.
Un ouvrage essentiel pour sortir de l’ethnocentrisme et en finir avec l’héritage intellectuel laissé par la colonisation.
Enseignant-chercheur à la Sorbonne, Frédéric Fruteau de Laclos est spécialiste de la pensée contemporaine. Il a consacré plusieurs ouvrages à la philosophie de la connaissance, à la psychologie et à l’anthropologie de tradition française.
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On peut lire sur laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage :
"Une autre histoire de l’épistémologie française", par Lucie Fabry (en ligne le 20 juin 2022)
En étudiant des aspects méconnus de l’histoire de la pensée française du XXe siècle et des auteurs sensibles à la diversité des modes de connaissance, Frédéric Fruteau de Laclos rédige un manifeste pour l’empirisme et un appel à lutter contre l’ethnocentrisme.
"La Connaissance des autres constitue le point d’aboutissement des recherches conduites par Frédéric Fruteau de Laclos depuis le début des années 2000. Spécialiste de l’épistémologie française du XXe siècle, il a consacré ses premiers travaux à l’œuvre d’Émile Meyerson, contribuant à la sortir de l’oubli ou du dénigrement dans lequel cette œuvre est tombée quand Gaston Bachelard s’est imposé comme une figure dominante de l’épistémologie française. Ce premier travail l’a conduit à formuler un plaidoyer pour les auteurs mineurs, qui trouve ici son plein développement : il nous propose ainsi de re-parcourir l’histoire de l’épistémologie française en empruntant des chemins peu fréquentés, nous faisant traverser les œuvres d’Émile et Ignace Meyerson, Paul Masson-Oursel, André Varagnac, Michel Navratil, Edmond Ortigues, Noël Mouloud, Robert Blanché, Etienne Souriau, Edmond Goblot, et celles d’auteurs à peine mieux connus comme Pierre Janet ou Raymond Ruyer. F. Fruteau de Laclos s’attache à montrer que ces auteurs minorés ont quelque chose en commun : ils ont été sensibles à la diversité des modes de connaissance, et au fait que les formes les plus élaborées de la connaissance restent profondément ancrées dans ses formes les plus spontanées, dans les premiers rapports corporels et préréflexifs que l’on noue avec le monde." […] Lire la suite…