Essai
Nouvelle parution
Sara Longo, Daniel Arasse et les plaisirs de la peinture

Sara Longo, Daniel Arasse et les plaisirs de la peinture

Publié le par Université de Lausanne

Préface de Philippe Morel - Postface de Yves Hersant

Le plaisir est le sujet de ce livre. Plaisir de s'approcher du tableau pour en voir les détails, traces du désir du peintre dans son oeuvre, plaisirs et désirs de mieux y voir. « Comment regarder les tableaux pour y voir la peinture ? » La question est au cœur de la pratique de l'histoire de l'art de Daniel Arasse.
Il se trouve qu’Arasse n’a jamais écrit d’ouvrage purement théorique. Il n’aimait pas, disait-il, la pure théorie.

Or un livre, L’art dans ses œuvres. Théorie de l’art, histoire des œuvres, était en préparation lors de sa disparition, et entendait combler cette lacune. Il en reste une esquisse : la maladie de Charcot, diagnostiquée en décembre 2001, a empêché l’historien de publier ce traité.

Sa méthode – si méthode il y a – n’a donc jamais été explicitée. Il est vrai que, pertinente sur le plan de l’interprétation comme sur celui de l’iconographie, l’histoire de l’art arassienne ébranle les fondements de la discipline, mobilisant des outils nouveaux qui suscitent un retournement de l’interprétation. Une révolution copernicienne de l’histoire de l’art est à l’oeuvre dans ses textes. Et c’est l’originalité et les enjeux de ces plaisirs de peinture que ce livre met en lumière.

Sommaire

Préface — Philippe Morel

Introduction. Un regard sur un regard

Des premiers maîtres aux premières problématiques

Pierre Francastel, premier maître

Pensée figurative, ordre visuel, imagination et méthode

Le langage non discursif

L'art n'est pas un double de la réalité mais un relais

Temporalités du langage figuratif

La pensée de la peinture précède la théorie

Contexte historique et imaginaire figuratif

Théorie de l’art et méthode

Studi Masoliniani

Le Masolino de Roberto Longhi

Francastel et Masolino

Figure et structure de l’espace dans l’art de Masolino da Panicale, diplôme d’études supérieures, Daniel Arasse, mai 1967

L’espace de l’œuvre déterminé par la place de l’œuvre dans l’espace

Le Banquet d’Hérode et l’espace dans l’œuvre

Perspective et histoire

Andre Chastel, modele en creux et garde-fou

Henri Focillon

« Le contenu fondamental de la forme est le contenu formel »

Contre les catégories formalistes de Heinrich Wölfflin

Contre la conception linéaire de l’Histoire, logique des influences et iconographie

Contre la méthode ?

C’est l’œuvre qui dicte la démarche à suivre

L’éloignement méthodologique (1967-1978)

Le débat sur la Renaissance et l’histoire : André Chastel, un garde-fou

Mémoire et histoire, « la critique de l’imagination et la fin de la Renaissance »

Saint Bernardin de Sienne et le problème du portrait : thèses arassiennes

Saint Bernardin trait pour trait

Ressemblance et portrait

Louis Marin

Henri Zerner

Daniel Arasse

La tavoletta col nome di Giesù

Art de la mémoire et portrait

Avete voi veduta quell’Annunziata che è al duomo… ? : images et procédés mnémoniques chez saint Bernardin de Sienne

Portrait et mémoire

Histoire de l’art et histoire de l’art de la mémoire… de Chastel en Marin

« Ars memoriae et symboles visuels »

Jean-Philippe Antoine, Ars memoriae : image, espace, figure en Italie (1250-1450)

Vers une histoire de l’imagination

Apostille : Diderot et l’imagination

Images et imagination

Le dialogue, déclencheur de pensée et de regard

«  Cara vecchia Firenze, bonjour ! E l’Istituto Francese passò all’attacco  ». Daniel Arasse à la direction de l’Institut français de Florence

Cinéma

Rencontres à l’Institut

Ciao Raffaello : la naissance de l’« anachronisme contrôlé » dans la pratique arassienne

Corps et dé-corps : nobles florentins et guillotine

La noblesse florentine

La louisette

Singularité et désingularisation

Ligne, spirale et labyrinthe : morphologies et monographies

L’historien dans le sujet : assimiler sa démarche à celle de son objet d’étude

L’ambition de Vermeer, une « singulière banalité »

Léonard et la connaissance « spiralée »

Le dédale d’Anselm Kiefer

Vision, savoirs et pensée de la peinture chez Vermeer et Léonard de Vinci

L’ambition d’Arasse/Vermeer

Le rôle de la connaissance chez Arasse/Léonard

La Joconde

Annonciations italiennes (1971-1999)

La genèse d’une intuition

L’Annunciazione in Toscana (1986)

« Une histoire de perspective »

La perspective : une réflexion in praesentia

1993, hommage à Louis Marin

L’ouvrage de 1999

Vers une théorie arassienne de la costruzione legittima

Écarts 1 : trajectoires de colombes

Après l’iconologie

Iconographie/iconologie

Premières critiques

Vers une iconographie des opacités

Écarts 2 : l’historien et le bizarre

« Lorenzo Lotto dans ses bizarreries »

Daniel Arasse à l’épreuve de Piero di Cosimo

Retour à Vasari, Piero di Cosimo a parte a parte

Andrea Mantegna et le débat théorique autour de La Chambre des époux

Sur quelques particularités dialogiques de On n’y voit rien

La part opaque du signe : Daniel Arasse, Louis Marin et Hubert Damisch

Piero della Francesca entre peinture, histoire et théorie

Têtes coupées et théorie : sur le regard qui n’y voit pas

Daniel Arasse, lecteur de Louis Marin

Sur la spécificité du langage pictural : un après-Francastel ?

L’œuvre contient sa propre théorie

Science de l’art et sémiologie du visuel

Transparences et opacités

Champs des possibles de l’objet théorique : trois effets d’opacité

Nuage, marge, nombrils, ou « comment donc le passé "devient-il" objet théorique ? »

Le /nuage/

La marge

Giovanni Bellini, Pietà

Raphaël, La Madone Sixtine

Titien, la Vénus d’Urbin

Objets théoriques arassiens : invention du détail et théorie du regard

L’invention du nombril-œil

La peinture nous regarde

Photographier la peinture

Plaisirs et désirs de la peinture : une théorie du regard

Pour une histoire rapprochée de la peinture

Un paradigme qui grince : de l’impossible typologie du détail

Un détail peint peut ne pas avoir été vu : quelques particolari

Théorie du particolare

Le plaisir

Le reflet retrouvé

La Dentellière

Le pan

Le détail : clé ou porte ?

Rebuts

« […] un détail "vu" peut ne pas avoir été “fait” » : quelques dettagli

Écarts 3 : les restes et les nœuds de la peinture

Pour une iconographie analytique

Écarts 4 : seuils du sujet, le commanditaire, l’artiste et l’historien

Un studiolo surdéterminé

Signatures et proxémie

Excentricités

Investissements

Transgressions du regard

La création, faute et pulsion

La prudence de Titien : combinaisons du songe et « arrière-pensées » de la peinture

Envisager la peinture : « De quoi un historien fait-il l’histoire quand il pratique l’histoire de l’art ? »

Vers une théorie du regard : outils

Plaisirs

Écarts 5 : synthèse

Anachronismes

L’historien écrivain

Vers une méthode : procédés

L’historien tisserand : trames, intrigue et événement

Contre la méthode fermée, la « rigueur instinctive » comme méthode

Théorie de l’art/histoire des œuvres

Vers une méthode : principes

Principe de singularité : interpréter historiquement l’exception

Principe d’évidence : le tableau est le véritable document

Principe de subjectivité : la surprise, maîtresse de vérité

Principe de connaissance : la peinture in-forme la pensée, l’historien envisage la peinture

Conclusion. L’art dans ses œuvres

Postface — Yves Hersant