Appel à communications
Tac au Tac -Bande dessinée et télévision : ce qui est en jeu
organisée par Guillaume Soulez (IRCAV, Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
& Bertrand Tillier (ISOR-Centre d’Histoire du XIXe s., Panthéon-Sorbonne-Paris 1)
Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle
4, rue des Irlandais, Paris 5e (Luxembourg, Monge)
mercredi 30 novembre 2022
salle Claude Simon – 9h-19h
Proposition d’intervention à envoyer pour le 15 juin 2022 à
Guillaume.Soulez@sorbonne-nouvelle.fr
Bertrand.Tillier@univ-paris1.fr
Réponse du comité scientifique le 30 juin 2022.
Cette journée d’études pluri-disciplinaire est consacrée à Tac au Tac, émission « culte » qui voyait de grands dessinateurs s’affronter au cours d’épreuves graphiques amusantes inventée par Jean Frapat en 1969 (Service de la Recherche de l’ORTF, repris en 1975 par TF1).
Elle s’inscrit dans le partenariat entre les laboratoires ISOR (Panthéon-Sorbonne) et IRCAV (Sorbonne Nouvelle) au sein de Sorbonne Alliance, et dans un cycle – une « Semaine Tac au Tac – bande dessinée et télévision » – co-organisé par G. Soulez, B. Tillier, le Festival SoBD (R. Chavanne), l’INA/Inathèque (G. Poels) et la BPI-Beaubourg/Nouvelle génération (E. Fissier).
Sous forme d’une série d’événements autour de Tac au Tac, le cycle sera ouvert par une table-ronde et des projections de l’émission à la BPI, le lundi 28 novembre 2022 qui vise à redécouvrir Tac au Tac et à réfléchir à son actualité avec des chercheurs et des professionnels. Seront également projetés des extraits du remake de 2018 (réalisé par Laurent Frapat, chaîne Museum, 2018) et lors du festival SoBD sera proposée une performance Tac au Tac avec des dessinateurs contemporains (Halle des Blancs-Manteaux, du vendredi 2 au dimanche 4 décembre 2022).
Diffusé d’août 1969 à octobre 1975, de façon irrégulière en termes de programmation, d’horaires et de chaîne (pas d’émissions en 1970 ou en 1974), à la fin de l’ORTF et au début de TF1 (1975), et ayant connu un succès grandissant, Tac au Tac, inventé par Jean Frapat au sein du Service de la Recherche de l’ORTF, a marqué toute une génération de spectateurs. Le programme (une centaine d’émissions) a permis de développer un lien fort – et peu fréquent – entre télévision et dessin (dessin de presse, dessin d’humour et bande dessinée). Par son originalité et son succès, Tac au Tac a produit, semble-t-il, des effets sur les mondes de la bande dessinée et du dessin de presse, en contribuant à les légitimer symboliquement. A partir de jeux imposés (l’escalade, le piège, l’énigme...), dérivés du « cadavre exquis » des Surréalistes, son principe reposait sur des joutes filmées en studio, entre dessinateurs généralement rassemblés autour d’une planche à dessin et d’une grande feuille blanche. La plupart des grands noms du dessin et de la BD des années 1970 a participé à cette émission (de Faizant à Piem et Siné, en passant par Uderzo, Franquin, Peyo, Gotlib, Topor...), qui a également fait connaître des auteurs émergents ou moins célèbres à l’époque (Bretécher, Pratt, Crepax...), ainsi que de multiples dessinateurs européens et américains. L’objectif de cette journée d’études est de partir du cas Tac au Tac pour l’analyser en lui-même, tout en le mettant en perspective autour de quatre pistes qu’on pourra croiser dans les interventions.
Questions de forme : jeu télé, jeu dessiné
Tac au Tac repose sur un postulat mis au point par Jean Frapat, selon qui le jeu télévisé, entre règles imposées et improvisations graphiques, permettrait de mieux faire comprendre aux téléspectateurs ce que sont le dessin et la bande dessinée. Le programme est ainsi le lieu d’exploration de toute une série d’inventions et de propositions visant à provoquer une rencontre entre dessin et télévision, au cœur de laquelle la « spectacularisation » est en jeu. Cette forme convient-elle à tout type de bande dessinée ? Qu’en donne-t-elle à comprendre, au détriment d’autres aspects formels, poétiques ou techniques ? Comment la forme inventée par Frapat s’articule-t-elle avec d’autres expérimentations ou dispositifs (Les Shadoks, Hara Kiri...), en France et ailleurs, au même moment ou à d’autres époques ? S’agit-il d’une « animation » du dessin ?
Questions d’histoire : dessin et télévision, deux trajectoires qui se croisent
Tac au Tac a incontestablement joué un rôle majeur dans la promotion du dessin de presse et de la bande dessinée, pour viser un public d’adultes. Le programme de Frapat a donc été un vecteur de reconnaissance du dessin et de ses auteurs en tant que productions culturelles dues à des « artistes ». Dans quelle histoire du visuel s’inscrit Tac au Tac ? Quelle place le programme accorde-t-il à la création in progress donnée à voir aux téléspectateurs ? Les questions de l’inspiration, de l’expérimentation et de la virtuosité, sans parler de l’aléatoire, participent aussi bien de l’héritage surréaliste que des préoccupations du Service de la Recherche. Quelles généalogies et postérités de Tac au Tac peut-on identifier, y compris au sein de la télévision elle-même (avec Droit de réponse, ou chez Cabu dans sa collaboration avec Dorothée, et jusqu’aux dessins de l’émission 28’ d’Arte aujourd’hui) ?
Questions d’économie : nouvelle plateforme pour la BD et innovation télévisuelle
Tac au Tac fut un point de rencontre entre deux industries culturelles en voie de légitimation – la bande dessinée et la télévision. Le programme a-t-il révélé des évolutions croisées de ces deux secteurs ? L’artification de la bande dessinée s’est-elle pour partie jouée à la télévision et, à l’inverse, la pratique spectaculaire du dessin a-t-elle concouru à une forme d’artification de certains contenus télévisuels ? Dans cette dématérialisation avant l’heure du dessin imprimé, les expérimentations conduites sous l’égide du Service de la Recherche (Tac- au-Tac s’inscrit au sein de sa « recherche de programmes » visant à renouveler les genres télévisuels) ont invité les dessinateurs, les éditeurs et la presse illustrée (satirique, d’information, spécialisée...) à comprendre que la télévision pouvait constituer une plateforme inédite accessible à d’autres publics ou lectorats.
Questions d’usages et de publics : rejouer les cases et les « codes »
Tac au Tac fut un jeu sur les pratiques du dessin et les « codes » déjà identifiés de la bande dessinée, où les figures des dessinateurs et dessinatrices étaient accessoires. Ce programme pensé comme un espace d’initiation à une culture en cours d’implantation laissa une large place à la feuille, la case et la main, aux feutres et au trait. La diversité des dessinateurs invités à jouer en se confrontant les uns aux autres devant les caméras fut également une éducation du public au 9e art, aux manières et styles de dessin, à l’esprit et l’humour. Mais, en convoquant le dessin comme matériau, Tac au Tac s’emparait aussi de sa traduction audiovisuelle, par l’image télévisuelle et les sons. A quels publics, distincts et/ou indifférenciés, le programme s’adressait-il (grand public, adultes, jeunes, enfants...) sur une télévision de service public, dans quelles contraintes au sein de l’ORTF, et selon quels jeux de possibles ? Peut-on envisager une étude de la réception de Tac au Tac à travers témoignages et documents ?
Proposition :
Une ou deux pages, avec votre affiliation et cinq lignes de bio-bibliographie.
Comité scientifique :
Pierre Beylot (Bordeaux-3), Laurent Bihl (Paris 1), Benjamin Caraco (Strasbourg), Sébastien Denis (Paris 1), Alexandre Devaux (BNF), Claude Forest (Paris 3), Laurent Martin (Paris 3), Géraldine Poels (INA), Guillaume Soulez (Paris 3), Bertrand Tillier (Paris 1), Sylvain Venayre (Grenoble-Alpes).