Pourquoi laisser aux Britanniques le monopole des fictions insulaires ? Philippe Artières réédite dans la collection "Le Temps retrouvé" (Mercure de France) Le Robinson suisse de Johann David Wyss, publié en 1812 avec ce sous-titre Journal d'un père de famille naufragé avec ses enfants. À la toute fin du XVIIIe siècle, ce pasteur bernois proposait une "robinsonnade" inspirée du célèbre Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe. Roman vivant et drôle, ce Robinson suisse connaît un grand succès. Il raconte l’histoire d’un couple et de ses quatre garçons qui échouent sur une île déserte. Jour après jour, ils tentent non pas d’inventer un nouveau mode de vie mais de reconstruire, progressivement, un quotidien semblable à celui qu’ils ont perdu, en mettant en évidence chacune des valeurs qui le porte. Cette fiction propose une expérience d’"ensauvagement" qui trouve de nombreux échos dans notre monde contemporain. Mais la famille helvète ressemble aussi aux candidats d’un jeu télévisé placés sur une île exotique pour "survivre", ou encore aux protagonistes de modernes séries catastrophes..