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Colloque Graphè 2023 : Judas Iscariote (Arras)

Colloque Graphè 2023 : Judas Iscariote (Arras)

Publié le par Université de Lausanne (Source : J.-M. Vercruysse)

Au sein de l’axe "TransLittéraires" du centre de recherche "Textes et Cultures" (UR 4028) à l’université d’Artois, les colloques annuels Graphè ont pour objet d’étude la Bible et son influence sur le patrimoine culturel, littéraire et artistique des nations. L’exploration de cet horizon intertextuel est menée dans trois domaines principaux : la Bible en tant que littérature, la Bible et les productions littéraires et esthétiques, et enfin la Bible comme champ d’études épistémologiques et herméneutiques. 
 
Judas, dit Iscariote (à l’étymologie discutée) et dont Jean nous précise qu’il est le « fils de Simon », fait partie des personnages bibliques les plus controversés. Il apparaît comme « l’un des Douze » dans les quatre évangiles mais avec de fortes nuances qui oscillent entre récit historique et visée théologique. Deux épisodes principaux jalonnent son funeste destin – la délation de son Maître et sa propre mort – et posent la question fondamentale de sa motivation.
 
Dans l’imaginaire occidental, Judas est d’abord la figure du traître. Dante le décrit dans le neuvième et dernier cercle de l’Enfer aux côtés de Brutus. Qu’il ait été guidé par Satan, comme le suggèrent Luc et Jean, ou qu’il ait agi par cupidité pour trente pièces d’argent, d’après Matthieu, il est l’apostolus apostatus. Sa mort, quel qu’en soit le récit, est aussi misérable. Pris de remords, il se suicide par pendaison (Mt 27) ou, ayant acquis le « Champ du sang » grâce au « salaire de l’iniquité », il meurt affreusement d’une chute accidentelle (Ac 1). Malgré ces discordances, Judas reste dans la littérature patristique et médiévale celui qui a trahi sans se repentir, contrairement à l’apôtre Pierre après son triple reniement. Jean Chrysostome esquissera à travers lui le juif déicide et La Légende dorée en fera un avatar inattendu d’Œdipe, après qu’il eut tué son père et épousé sa mère, sans le savoir.
Puis, la perception de Judas évolue jusqu’à une certaine réhabilitation. Avec Thomas De Quincey, Ernest Renan rejette l’hypothèse de l’avarice et celle de la jalousie. Judas est vu comme le représentant déçu d’un malentendu sur la mission messianique de Jésus à moins que ce dernier ne l’ait livré sur sa propre demande pour sauver le monde. Judas devient alors un « héros de l’économie du salut », comme le souligne Régis Burnet. Déjà, dans une perspective gnostique, l’Évangile éponyme, rédigé au IIe siècle mais révélé en 2006 au grand public, en faisait le plus initié de tous les disciples qui aurait permis au Jésus terrestre de se débarrasser de son enveloppe charnelle.
Dans les arts, la scène du baiser que Judas donna à Jésus dans le jardin de Gethsémani est la plus fréquente (Cimabue, Giotto ou encore Caravage). Mais on pense également aux représentations de la Cène avec un Judas souvent en jaune – la couleur galvaudée de l’or – et tenant la bourse dans la main.
Entre répulsion et fascination, la figure de Judas ne cesse d’interroger sur le sens de son geste, de sa responsabilité. Traître par nature ou traître par accident ? Au fil des siècles, l’apôtre félon cède la place à l’homme prédestiné. Le coupable devient pauvre pécheur, sous couvert de la faiblesse inhérente à la condition humaine. Il porte en lui la lancinante interrogation sur l’existence du mal.
 
Au regard des textes néotestamentaires, dans une perspective diachronique et une démarche interdisciplinaire, l’appel à communications porte sur les récritures littéraires et artistiques que Judas Iscariote a suscitées dans la culture occidentale afin de retracer les grandes étapes de sa réception. 
 
Les actes du colloque, qui se déroulera les 23 et 24 mars 2023 à Arras, seront publiés dans le volume 32 de la collection Graphè à l’Artois Presses Université.

Les propositions de communications (titre, court résumé et bref C.V.) sont à envoyer avant le 31 août 2022 à : jmarc.vercruysse@univ-artois.fr