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Imaginaires et représentations des aventurières. Un regard croisé Moyen Âge-Renaissance/ XXe-XXIe s. (La Rochelle)

Imaginaires et représentations des aventurières. Un regard croisé Moyen Âge-Renaissance/ XXe-XXIe s. (La Rochelle)

Publié le par Marc Escola (Source : Tatiana Clavier)

Journée d’études :

« Imaginaires et représentations des aventurières,

un regard croisé Moyen Âge-Renaissance/ XXe-XXIe siècles »

Vendredi 9 décembre 2022, à La Rochelle Université

Organisatrices :

Annabel Audureau et Tatiana Clavier (Département Lettres et CRHIA)


Depuis l’ouvrage fondateur de Bénédicte Monicat (1996), de nombreux travaux ont mis en évidence les récits de voyages au féminin. Ils ont révélé les ambiguïtés du regard des aventurières et exploratrices porteur à la fois de préjugés et d'empathie, mais aussi la manière dont ces textes permettaient de rendre visibles les femmes qui se redécouvraient à travers l’expérience viatique et son écriture (Hodgson, 2002 ; Lapeyre, 2007 ; Lapierre et Mouchard, 2007 ; Bourguinat, 2008 et 2014 ; Roger et Thébaud, 2008 ; Pellegrin, 2011 ; Estelmann et Moussa, 2012). En croisant, avec la construction du genre, les questions des transferts culturels et des regards sur les cultures de l’ailleurs, ces travaux ont abordé les spécificités des approches féminines de la mobilité, des peuples et territoires rencontrés, des catégories esthétiques, des points de vue et de l’énonciation elle-même. Malgré cela, en France, les études sur le voyage et l’aventure au féminin sont surtout fondées sur les grandes voyageuses, se limitant souvent aux seuls récits de voyage et à la période XVIIIe -XXe siècles.

Or, les identités de genre étant toujours mouvantes et en (re)définition permanente, que ce soit en fonction des contextes historiques, sociologiques, géographiques, politiques, économiques, etc., l’étude de leurs représentations dans les récits de voyage et d’aventures semble d’autant plus pertinente que les mises en scène de l’appartenance de genre et de ses déclinaisons sont particulièrement visibles dans les circulations physiques et mentales qui bousculent les repères et les normes. Nicole Pellegrin ne nous invitait-elle pas déjà en 2011 à « aller plus loin dans la compréhension, genrée et donc historicisée, de l’ailleurs du monde et de l’autre du sexe » ?

Cette journée d’études vise donc à reposer la question de l’incidence du voyage et de l’aventure dans la construction des identités sexuées, à travers des investigations ciblées sur deux périodes de transition épistémologique et idéologique importante en ce qui concerne les (re)définitions du genre, et encore peu étudiées de ce point de vue-là : Moyen Âge-Renaissance et XXe-XXIe siècle. En revisitant et en comparant ces périodes de transition éloignées l’une de l’autre, il s’agira aussi d’interroger à nouveau la question des figures pionnières et émancipatrices que sont les autrices et héroïnes aventurières. Les récits de l’ailleurs au féminin transgressent-ils les frontières du genre ? 

Les figures historiques ou fictionnelles du passé et du présent permettront d’interroger les raisons et le genre des mobilités, les spécificités des voyages féminins réels ou imaginaires, les rôles médiateur et éducatif certainement politique et culturel voire émancipateur des femmes. Les transferts culturels, les regards masculins ou féminins portés sur l’autre ou sur soi-même, pourront être étudiés conjointement aux modalités d’énonciation de ces représentations et des idéologies qu’elles véhiculent.
 
Les communications pourront porter sur les chansons d’aventures médiévales, les correspondances et récits de voyage de la première modernité et du monde contemporain, mais aussi sur les nouvelles et romans mettant en scène des voyages réels, symboliques ou imaginaires, des utopies renaissantes aux dystopies contemporaines (voir Engelibert, 1997 et 2019). 
 
Des espaces littoraux aux espaces urbains, en passant par les îles et les forêts, les espaces interrogés seront réels, symboliques ou imaginaires. Lointains, en périphéries ou hors du monde habité, permettront-ils de mieux repenser à distance le monde connu et les modalités d’y être femme, ou simplement soi-même dans un au-delà des distinctions de genre ? 

 
Bibliographie indicative

  •  Bourguinat Nicolas (dir.), Le Voyage au féminin. Perspectives historiques et littéraires, XVIIIe-XXe siècles, Presses Universitaires de Strasbourg, 2008.
  • Bourguinat Nicolas (dir.), Voyageuses dans l’Europe des confins (XVIIIe-XXe siècles), Presses Universitaires de Strasbourg, 2014.
  • Engélibert Jean-Paul, La postérité de Robinson crusoé. Un mythe littéraire de la modernité, 1954-1986, Genève, Droz, 1997.
  • Engélibert Jean-Paul, Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d’apocalypse, Paris, Éditions la Découverte, 2019.
  • Estelmann Frank et Moussa Sarga (dir.), Déplacements identitaires. Voyager et écrire au féminin au XIXe siècle, Paris, PUPS, « Imago Mundi », 2012.
  • Hodgson Barbara, Les Aventurières, XVIIe-XIXe siècles. Récits de femmes voyageuses, Paris, Le Seuil, 2002 [Londres, 1999].
  • Lapierre Alexandra et Mouchard Christel, Elles ont conquis le monde. Les grandes aventurières, 1850-1950, Paris, Arthaud, 2007.
  • Lapeyre Françoise, Le Roman des voyageuses françaises (1800-1900), Paris, Payot, 2007.
  • Monicat Bénédicte, Itinéraires de l'écriture au féminin. Voyageuses du XIXe siècle, Amsterdam/Atlanta, Rodopi,1996.
  • Pellegrin Nicole (dir.), « Voyageuses et histoire(s) », Revue Genre et Histoire, n° 8 et 9, printemps 2011.
  • Roger Rebecca et Thébaud Françoise (dir.), « Voyageuses », Revue Clio. femmes, genre, histoire, n° 28, 2008.

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Les propositions de communication (titre et résumé de 200 mots) ainsi qu’une courte biographie devront être envoyées à

Annabel Audureau (annabel.audureau@univ-lr.fr) pour le 24 juin 2022.