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Évolution des contacts de langues et de cultures : une réflexion sur l’identité nationale au sein d’une Europe multiculturelle

Évolution des contacts de langues et de cultures : une réflexion sur l’identité nationale au sein d’une Europe multiculturelle

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Université de Strasbourg)

APPEL À COMMUNICATION 

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Journée d'Étude :  

Collège Doctoral Européen - 10 Juin 2022

Évolution des contacts de langues et de cultures : une réflexion sur l’identité nationale au sein d’une Europe multiculturelle 

L’Europe est caractérisée aujourd’hui par un échange ainsi qu’un brassage de population, qui implique des contacts de langues et de cultures. Ce brassage a conduit à une réflexion concernant de nombreuses notions, dont celle de l’identité. Souvent vulgarisé par les médias, aujourd’hui le concept d’identité est usité abusivement ce qui a rendu sa définition ambiguë. Lorsqu’on parle d’identité, nous faisons généralement référence à la fois à ce sentiment d’appartenance individuelle, mais également collective ( Ferréol et Jucquois, 2003 ). De plus, l’identité se façonne selon un processus à triple polarité se basant sur l’Autre : identifier l’Autre, s’identifier à l’Autre, et être identifié par rapport à l’Autre ( p. 19 ). En d’autres termes, quelle que soit la manière dont nous nous identifions, que ce soit par similarité ou par opposition, ce processus se fait toujours par rapport à l’Autre. 

Face à l’émergence de l’identité nationale et au développement d’une Europe de plus en plus multiculturelle, on s'interroge également sur la place de l’identité européenne. Selon Hugues Lagrange, sociologue et directeur de recherche du CNRS, le multiculturalisme est inévitable. Toutefois, il met en lumière les contradictions européennes notamment dans la sphère religieuse. Cela concerne notamment la tendance de l’Europe récente à rejeter les pays de confession musulmane ainsi que nombreux pays slaves à cause de divergences idéologiques. De fait, il semblerait que l’Europe fonctionne sur un principe de monoculturalisme. En revanche, les frontières existantes de l’Europe pourraient être amenées à évoluer comme nous l’observons à travers le conflit entre l’Ukraine et la Russie. 

Le sentiment d’identité ne reste pas figé dans le temps ou dans l’espace. Par exemple, Lauret, P. ( 2009, p. 20 ) explique comment le terme national concrétise à la fois politiquement, culturellement et historiquement cette notion. Toutefois, l’identité peut également évoquer la question du territoire, comme dans le cas des États-Nation (_Belhedi, A. 2006 ). Martiniello, M. ( 2011 ) insiste sur le fait que le nationalisme est un phénomène complexe et divers dans ses définitions, provoquant souvent une image dans laquelle la nation possède son propre État et que ce dernier n'abriterait qu'une seule nation ( p. 15 ). En revanche, les définitions d’ « État » et de « nation » ne sont pas à sens unique. Certains chercheurs proposent de séparer la nation sur deux conceptions : civique et ethnique. La première évoque l’égalité de droits et devoirs des citoyens à travers leurs relations avec l’État, la deuxième s’accentue sur les caractéristiques communes héritées par un ensemble d'individus : le sang, la culture ou la langue. 

Cependant, la situation contemporaine suggère une toute autre réalité. Nous vivons désormais dans un monde connecté, où les échanges de biens et de personnes ont évolué tout comme la construction identitaire. Si les cultures sont multiples, il en est tout autant pour les identités. Férréol, G., & Jucquois G., (2003) avancent l’idée commune selon laquelle les individus s'orientent naturellement vers le nationalisme en raison d’une oppression linguistique. En effet, ces derniers refuseraient de se voir imposer de nouvelles langues et se dressaient ainsi dans une position défensive de la langue. D’autres spécialistes pensent que le nationalisme serait issu des relations interculturelles. Cette hétérogénéité idéologique, nous conduit aujourd’hui à nous interroger sur l’identité nationale au sein d’une Europe multiculturelle : l’Europe s’apprête-t-elle ainsi à retracer ses frontières ? Existe-t-il une identité européenne? Pourrait-on parler d’identité multiple voire multiculturelle, ou encore limiter celle-ci à un espace géographique et social ? Puisque l’identité comporte encore aujourd’hui des enjeux politiques et sociaux, comment peut-on la construire de manière à apaiser les conflits causés par les contacts de langues et de cultures, au lieu de les nourrir ? Comment peut-on définir le nationalisme, ou encore l’identité nationale aujourd’hui ? 

Cette journée d’étude propose ainsi trois axes de réflexion :

1er axe - Identité(s) et Nation : notion d’(es) identité(s), notion d’altérité et de l’Autre, Nation/États-Nation, nationalisme, identité(s) nationale(s), communautarisme, identité(s) multiculturelle(s), identité(s) européenne(s), imaginaire géographique, représentation sociale, revendication identitaire, analyse du discours politique, analyse des narratives nationales, construction identitaire, multiculturalisme vs. monoculturalisme, appartenances conflictuelles, etc.
2e axe - Contacts de cultures : mondialisation, métissage culturel, question migratoire, néocolonialisme vs. post-colonialisme, cosmopolitisme, relations internationales, créolisation, activisme, relation entre l’espace européen et extra-européen, transfert(s) culturel(s), etc.
3e axe - Contacts de langues : représentation linguistique, contacts de langues, minoration/majoration, politiques linguistiques, statut de langues, revendication linguistique, langues régionales, diglossie, etc. 


Cette journée sous l’enseigne de l’interdisciplinarité aura vocation à accueillir des communications adoptant une variété d’approches partagées entre sciences sociales et humaines (histoire, ethnologie, anthropologie, littérature, sociolinguistique, science politique, art, etc.). Elle est ouverte à tout.e chercheur.e, enseignant.e-chercheur.e, et doctorant.e ayant une appétence pour les questions susmentionnées. 

Cette journée s’inscrit dans l’exercice annuel des étudiants de deuxième année de Master Plurilinguisme et Interculturalité de l’Université de Strasbourg. Les étudiants de la promotion du Master Plurilinguisme et Interculturalité 2021/2022 invitent tout.e chercheur.e et doctorant.e intéressé.e, à envoyer une proposition de communication (en français ou en anglais) avant le 05 mai 2022. Chaque proposition devra être composée d’un résumé de 300 mots environ, ainsi que d’une courte biobibliographie d'environ 5 lignes. 

Les propositions devront être envoyées aux adresses électroniques suivantes : sponziano@unistra.fr et rihal.dridi@gmail.com. Ultérieurement et dans la mesure du possible, les communications pourront faire l’objet d’une publication dans les Cahiers du GEPE (Université de Strasbourg).

BIBLIOGRAPHIE

Belhedi, A. (2006). Territoires, appartenance et identification. Quelques réflexions à partir du cas tunisien. L’Espace géographique, 35, 310-316. 

Blanchet, P. (2005). Essai de théorisation d'un processus complexe. Cahiers de sociolinguistique, 10, 17-47. 

Ferréol et Jucquois (2003), Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Armand Colin, Paris.

Krewer, B. (1994), « Soi et culture : des rencontres empiriques, scientifiques et épistémologiques », in BLOMAR Jeannine et KREWER Bernd (sous la dir. De), Perspectives de l’interculturel, Paris, ENS/L’Harmattan, p 162-189.

Lagrange, H. (2014), Le multiculturalisme est incontournable, Le Monde: https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/05/13/le-multiculturalisme-est-incontournable_4416004_3232.html 

Lauret, P. (2009). Identité nationale, communauté, appartenance. L'identité nationale à l'épreuve des étrangers. Rue Descartes, 66, 20-31. https://doi.org/10.3917/rdes.066.0020

Léglise, I. (2021). Contacts de langues. Langage et société, p. 61-64. https://doi.org/10.3917/ls.hs01.0062 

Martiniello, M. (2011). Chapitre 1. La problématisation de la diversité culturelle et identitaire. Dans : La démocratie multiculturelle: Citoyenneté, diversité, justice sociale (pp. 13-40). Paris: Presses de Sciences Po.

Mucchielli, A. (1986), L’identité, Paris, PUF, cité dans : Féréol Gilles et Jucquois Guy (2003), Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles, Paris. 

Weinreich, U. (1953). Languages in Contact: Findings and Problems, Berlin, New York: De Gruyter Mouton, 9e édition 2010. 





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CALL FOR PROPOSALS

One-day Seminar

Collège Doctoral Européen - June 10th 2022

Evolution of language and culture contacts: a reflection on national identity in a multicultural Europe


Today, Europe is characterized by the exchange and the melting of people, which implied contacts of languages and cultures. This mixing led to a reflection on many notions, including the notion of identity. Popularized by the media over the years, the concept of identity is often misused. This phenomenon has made its definition ambiguous. When we talk about identity, we generally refer to an individual but also a collective sense of belonging (Ferréol and Jucquois, 2003). Moreover, identity is shaped according to a triple polarity process based on the Other: identifying the Other, identifying itself to the Other, and being identified in relation to the Other (p. 19). In other words, no matter how we identify ourselves, whether by similarity or by the opposition, this process is always done in relation to the Other.

Faced with the emergence of national identity and the development of an increasingly multicultural Europe, the place of European identity is also being questioned. According to Hugues Lagrange, sociologist and director of research at the CNRS, multiculturalism is inevitable. However, he highlights several European contradictions, especially in the religious sphere. This includes the recent tendency in Europe to reject Muslim countries as well as many Slavic countries because of ideological differences. Accordingly, it would seem that Europe functions on a principle of monoculturalism. On the other hand, Europe’s existing borders could evolve as we see it through the conflict between Ukraine and Russia.

The sense of identity does not remain fixed in time or space. For example, Lauret, P. ( 2009, p. 20 ) explains how this notion is concretized politically, culturally, and historically by the term « national ». However, identity can also allude to the question of territory, as in the case of nation-states ( Belhedi, A. 2006 ). Martiniello, M. ( 2011 ) insists that nationalism is a complex phenomenon, diverse in its definitions, often creating an image in which the Nation possesses its own State and that the State is home to only one nation ( p. 15 ). However, the definitions of “State” and “Nation” do not have. For example, some researchers propose to separate the nation into two concepts: civic and ethnic. The first one evokes the equality in rights and duties of citizens through their relations with the State, the second one emphasizes the common characteristics inherited by a group of individuals: blood, culture, or language.

However, the current situation suggests a very different reality. Living in a connected world, where the exchange of goods and people has evolved just as the construction of identity. The plurality of cultures puts forward the common idea that individuals naturally turn to nationalism because of linguistic oppression. Indeed, these individuals would refuse to have new languages imposed on them and thus would stand in a defensive position in regard to their own langage ? Other experts believe that nationalism is the product of intercultural relations.

This ideological heterogeneity leads us to question the national identity within a multicultural Europe: Is Europe preparing to redefine its borders? Is there a European identity? Could we talk about multiple identities or even a multicultural identity, or could we limit it to a geographical and social space? Since identity still involves political and social issues today, how could we build the identity in a way to calm the conflicts caused by language contact and contacts of cultures, instead of feeding tensions? How could we define nationalism, or national identity today?

Three axes of research are proposed for this one-day seminar  :

First approach – Identity(ies) and Nation: the notion of identity(ies), the notion of otherness and the Other, Nation/Nation-States, nationalism, national identity(ies), communitarianism, multicultural identity(ies), European identity(ies), geographical imagination, social representation, identity claims, analysis of political discourse, analysis of national narratives, identity building, multiculturalism vs. monoculturalism, conflicting affiliations, etc.
Second approach – Cultural contacts: globalization, cultural mixing, migration issues, neocolonialism vs. postcolonialism, cosmopolitanism, international relations, creolization, activism, the relationship between European and extra-European space, cultural transfer(s), etc.
Third approach - Language contacts: language representation and representation on language, language contacts, language factor, language policies, language status, language claim, regional languages, diglossia, etc.
This seminar under the banner of interdisciplinarity will be the occasion to host communications adopting a variety of approaches between social and human sciences (history, ethnology, anthropology, literature, sociolinguistics, political science, art, etc.). It is open to all researchers, teachers, and Ph.D. students with an appetite for the questions mentioned above.

Moreover, this one-day seminar is part of the annual exercise for Master’s students of the University of Strasbourg in Plurilingualism and Interculturality. The students of the 2022 promotion invite all researchers, teachers, and Ph.D. students interested, to submit a proposal (in English or French) by May 05, 2022. Each proposal should consist of a summary of approximately 300 words on the subject, as well as a short biography of approximately 5 lines.

Proposals should be sent to sponziano@unistra.fr and rihal.dridi@gmail.com. Afterward, communications might be submitted to the Cahiers du GEPE (University of Strasbourg) in order to be published. 

BIBLIOGRAPHY
Belhedi, A. (2006). Territoires, appartenance et identification. Quelques réflexions à partir du cas tunisien. L’Espace géographique, 35, 310-316.

Blanchet, P. (2005). Essai de théorisation d'un processus complexe. Cahiers de sociolinguistique, 10, 17-47.

Ferréol et Jucquois (2003), Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles,Armand Colin, Paris.

Krewer, B. (1994), « Soi et culture : des rencontres empiriques, scientifiques et épistémologiques », in BLOMAR Jeannine et KREWER Bernd (sous la dir. De),

Perspectives de l’interculturel, Paris, ENS/L’Harmattan, p 162-189.

 Lagrange, H. (2014), Le multiculturalisme est incontournable, Le Monde:

https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/05/13/le-multiculturalisme-est-incontournabl e_4416004_3232.html

Lauret, P. (2009). Identité nationale, communauté, appartenance. L'identité nationale à l'épreuve des étrangers. Rue Descartes, 66, 20-31. https://doi.org/10.3917/rdes.066.0020

 Léglise, I. (2021). Contacts de langues. Langage et société, p. 61-64.

https://doi.org/10.3917/ls.hs01.0062

Martiniello, M. (2011). Chapitre 1. La problématisation de la diversité culturelle et identitaire. Dans : La démocratie multiculturelle: Citoyenneté, diversité,justice sociale(pp. 13-40). Paris: Presses de Sciences Po.

Mucchielli, A. (1986), L’identité, Paris, PUF, cité dans : Féréol Gilles et Jucquois Guy (2003), Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles, Paris.

Weinreich, U. (1953). Languages in Contact: Findings And Problems, Berlin, New York: De Gruyter Mouton, 9e édition 2010.