Guerre : un premier inédit de Céline en mai, deux autres à l'automne
en ligne sur ActuaLitte.com, le 30.03.2022
"En août 2021, une annonce avait mis les céliniens de tous poils, comme de nombreux passionnés de littérature, en transe : les fameux manuscrits disparus de l'auteur de Voyage au bout de la Nuit étaient retrouvés. Plusieurs mois d'attente ont suivi cette annonce fracassante, et voilà : un premier roman inédit de Louis-Ferdinand Céline sortira le 5 mai aux éditions Gallimard. Il s'agira de Guerre : récit d’un traumatisé de la Première Guerre mondiale.
« J'ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis décembre 14. J'ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête. » Voici un des extraits révélés par les éditions Gallimard dans sa présentation de l'ouvrage événements.
Dans ce récit, Céline fait revivre le brigadier Ferdinand et la grave blessure reçue sur le champ de bataille, le laissant inconscient. Il narre la convalescence qui suivit le service et des rencontres, avec une infirmière, ou encore un souteneur, Bébert, comme son traumatisme profond né de l'expérience des obus et des tranchés. Une blessure qui sera finalement son salut, puisque jugé inapte, il est envoyé à Londres.
Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l’action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain est mise au jour.
Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d’imagination, y lève le voile sur l’expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l’« abattoir international en folie ». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu’à son départ pour Londres. À l’hôpital de Peurdu-sur-la-lys, objet de toutes les attentions d’une infirmière entreprenante, Ferdinand, s’étant lié d’amitié au souteneur Bébert, trompe la mort et s’affranchit du destin qui lui était jusqu’alors promis.
Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l’auteur n’avait jamais abordé sous la forme d’un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, « toujours saoul d'oubli », prend des « petites mélodies en route qu'on lui demandait pas ». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'œuvre de Céline. […]"