Revue Intermitências, n. 2, 2022 (dossier : Proust et la mort)
Université de São Paulo ⸭ Université de l’État de Rio de Janeiro ⸭ Association Proust Brasil
Nous avons le plaisir de vous informer que Intermitências – revue brésilienne d’études proustiennes (ISBN 978-658760222-6) reçoit des essais pour son deuxième volume. Cette année, en hommage au centenaire du décès de Proust, son dossier portera sur le thème de La mort dans À la recherche du temps perdu.
La mort a été, depuis toujours, une question omniprésente dans la vie ainsi que dans l’œuvre de Proust – que ce soit à travers le sentiment d’agonie provoqué par l’asthme, la mort précoce de ses parents ou même dans sa représentation multiple et variée dans la plupart de ses écrits. Comme l’a dit Geneviève Henrot, la Recherche est un roman « où personne ne naît mais où beaucoup meurent, où bien des défunts sont convoqués d’outre-tombe » (Dictionnaire Marcel Proust, 2014, p. 652). Quelques-unes des lettres les plus touchantes de Proust abordent la mort de ses proches, la grand-mère Adèle Berncastel, en 1890 ; le grand-père Nathé Weil, en 1896 ; le père Adrien Proust, en 1903 ; et surtout sa mère, Jeanne Weil, en 1905. Il y a aussi plusieurs lettres où Proust joue de sa « lyre funéraire » (Corr., V, 313) pour la mort d’amis dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale – tous, d’ailleurs, seront combinés pour créer le jeune capitaine Saint-Loup, lui-même victime du front marocain.
Il y a des morts dans la Recherche que le lecteur voit de près, comme la lente dégradation physique de la grand-mère du narrateur (« il y eut un moment où les troubles de l’urémie se portèrent sur les yeux de ma grand-mère » – RTP, II, p. 627) ou l’attaque de Bergotte devant le petit pan de mur jaune de Vermeer (« un nouveau coup l’abattit, il roula du canapé par terre, où accoururent tous les visiteurs et gardiens » – RTP, III, pp. 692-3). Il y a des morts discrètes, « en sourdine » d’après Henrot (Op. cit., p. 653), dans lesquelles « un rien de distraction ferait perdre à l’auditeur l’identité du mort » (« Mme de Sainte-Euverte trancha le débat en disant que la comtesse d’Arpajon était morte, il y avait un an, d’une longue maladie » – RTP, IV, p. 556). Finalement, il y a aussi des morts énigmatiques, comme celle de la fugitive Albertine, « jetée par son cheval contre un arbre pendant une promenade » (RTP, IV, p. 58).
En accord avec les réflexions que nous souhaitons développer dans ce nouveau volume de Intermitências, nous invitons chacun à penser la complexité du thème de la mort chez Proust – à la fois dans son œuvre spécifiquement ou en associant Proust à d’autres auteurs. Les essais proposés pourront mettre en perspective les techniques créatives des épisodes de mort de la Recherche (ses références biographiques, son évolution génétique), ses similarités et différences avec la vision de mort d’autres auteurs (de la littérature française ou étrangère) ou même la conception proustienne de la fin de la vie, de cette « mort fragmentaire et successive telle qu’elle s’insère dans toute la durée de notre vie, détachant de nous à chaque moment des lambeaux de nous-même sur la mortification desquels des cellules nouvelles multiplieront » (RTP, II, p. 32).
Intermitências est une revue de diffusion et de vulgarisation de l’œuvre de Proust. Elle contient aussi une rubrique Varia, qui accueille des propositions d’essais portant sur toute question ayant trait à l’œuvre de Marcel Proust. Les essais pour Varia comme pour le dossier thématique doivent nous être remis, sous forme de fichiers électroniques, au plus tard au 30 juin 2022. Le numéro 2 de la revue Intermitências paraîtra en novembre 2022. Les contributions tiendront en 50.000 caractères espaces compris, devront comprendre un minimum de notes de bas de page et pourront être rédigées en portugais ou en français. Ils devront être envoyées à l’adresse suivante : contato@revistaintermitencias.com.br.
Actualité
Appels à contributions
Publié le par Perrine Coudurier (Source : Fillipe Mauro)