Félicité de Genlis (1746-1830) est l’une des femmes les plus exceptionnelles de la fin du XVIIIe et du début du siècle suivant. Pédagogue à la destinée sans pareille, elle est aussi une femme de lettres à l’oeuvre prolifique et diversifiée.
De petite noblesse provinciale, Mme de Genlis abandonne une vie aisée pour une nomination qui la place au sommet de la société. D’abord « dame pour accompagner » de la duchesse de Chartres, épouse de Philippe, fils aîné du duc d’Orléans et futur Philippe Égalité, elle est officiellement désignée « gouverneur » de leurs cinq enfants, situation unique dans l’histoire de l’éducation des princes de sang. Elle s’installe alors avec eux au pavillon de Bellechasse, au coeur de Paris, où elle leur enseigne, outre les matières traditionnelles, les langues étrangères, l’éducation physique, les activités manuelles.
La Révolution vient mettre un terme à une entreprise pédagogique dont l’inventivité force l’admiration. Après neuf ans sur les routes de l’émigration en Angleterre, puis en Suisse et en Allemagne, Félicité rentre à Paris, ruinée, et gagne désormais sa vie grâce à la littérature. Protégée par Napoléon, elle assiste en 1830 au couronnement de Louis-Philippe, le fils aîné du duc d’Orléans, dont elle a fait l’éducation.
Témoin capital des transformations d’une société où les régimes politiques se sont succédé, Mme de Genlis est profondément moderne dans sa manière de prendre la défense des femmes, de promouvoir la nécessité de l’éducation pour les filles ou de vivre librement de sa plume.
Martine Reid est professeure émérite à l’université de Lille, est spécialiste de littérature française et des femmes auteurs des XVIIIe et XIXe siècles. On lui doit une biographie de George Sand (2013) et la direction, en deux volumes, de Femmes et littérature. Une histoire culturelle (2020).
*
On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :
"À l'école de Mme de Genlis", par Anne Coudreuse…