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Appels à contributions
Les écrivaines autochtones dans la littérature contemporaine francophone canadienne (Revue Nordique des Études Francophones, 2023)

Les écrivaines autochtones dans la littérature contemporaine francophone canadienne (Revue Nordique des Études Francophones, 2023)

Publié le par Marc Escola (Source : Christophe Emmanuel Premat)

Les écrivaines autochtones dans la littérature contemporaine francophone canadienne

Appel à contributions pour un numéro spécial de la Revue Nordique des Études Francophones (Automne 2023)

 
L’objectif de ce numéro est de comprendre les modalités avec lesquelles les écrivaines autochtones francophones se sont affirmées sur la scène littéraire canadienne et/ou internationale au service de la reconnaissance de l’identité des Premières Nations. L’émergence d’une forme de littérature autochtone a été attestée à la fin des années soixante (Assiniwi, 1989, p. 46 ; Moura, 2005, p. 140 ; Chartier, 2015) lorsque les peuples des Premières Nations ont commencé à revendiquer activement leurs droits culturels au Canada (Brubaker, 2001). Depuis les débats portant sur la réconciliation avec la dénonciation des maltraitances historiques subies par les enfants autochtones dans les pensionnats (écoles résidentielles), ces écrivaines ont joué un rôle majeur dans la lutte contre l’invisibilité de ces minorités (Grenoble & Whaley, 2009). En effet, le terme de « génocide culturel » a même été utilisé dans le rapport de la Commission « Vérité et Réconciliation » au Canada qui avait été rédigé pour recueillir des témoignages sur la situation des pensionnats pour enfants autochtones (Powell, Peristerakis, 2014). Les pensionnats désignent les écoles où les enfants des Premières Nations ont été séparés de leurs familles afin d’être élevés dans les valeurs de la société québécoise. Le rapport final de la Commission « Vérité et Réconciliation » a été publié en 2015 avec de fortes recommandations concernant la protection des Premières Nations. 

L’écriture permet de revitaliser ces cultures en revenant sur les traumatismes mémoriels dus à une colonisation brutale (Momaday, 2010). Certes, ces communautés subissent encore des humiliations avec la destruction de leur territoire par le biais des projets d’extraction et leur isolement au sein des « réserves » (Chartier, 2020). Les écrivaines autochtones se sont considérablement investies pour évoquer les scandales touchant à la disparition des femmes autochtones au point de devenir de véritables médiatrices culturelles et des représentantes de leur communauté. Le style de ces écrivaines est très concis avec une utilisation fréquente des aphorismes dans leurs poésies et leurs romans (Machet, 1999, p. 16). Des éditions multilingues de poèmes voient également le jour pour introduire les langues autochtones et les traditions orales dans la littérature. 

Il est également possible de repérer plusieurs générations d’écrivaines francophones avec Joséphine Bacon (Bacon, 2013), An Antane Kapesh (Kapesh, 1976), Rita Mestokosho (Mestokosho, 2011), Naomi Fontaine (Fontaine, 2017), Nataska Kanapé Fontaine (Kanapé Fontaine, 2013), Marie-Andrée Gill (Gill, 2015a ; Gill, 2015b) qui transmettent une manière de regarder le monde et qui participent à consolider les fondements de la littérature autochtone au Canada.

 Quelles sont les caractéristiques de l’esthétique proposée par ces écrivaines ? Comment est-ce que leur visibilité est assurée dans le champ littéraire ? Quelle est la réception de ces œuvres dans le monde francophone ? Y a-t-il une didactisation de ces textes dans une optique interculturelle ? Le numéro souhaite rassembler des études s’intéressant à la fois à la dimension littéraire des textes  de ces écrivaines, aux conditions de leur réception et à leur visibilité dans les champs littéraires national et international.

 Plusieurs pistes seront envisagées :

-Les générations d’écrivaines autochtones

-Le plurilinguisme des écrivaines autochtones

-Le discours des écrivaines autochtones 

-Genre et poésie autochtone

-L’usage des métaphores dans l’œuvre des écrivaines autochtones

-Le rôle des documentaires dans la révélation des écrivaines autochtones

-Maisons d’éditions, festivals et visibilité des écrivaines autochtones francophones

-Écrivaines autochtones francophones et anglophones

-La représentation des communautés autochtones dans les œuvres des écrivaines autochtones

-La place des écrivaines autochtones dans le champ littéraire francophone 

-La réception des œuvres des écrivaines autochtones

-La littérature autochtone au prisme du paradigme de la décolonialité.

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Calendrier prévisionnel

15 mai 2022: Réception des résumés (500 mots maximum avec 4-5 références bibliographiques et une notice bio-bibliographique)

15 janvier 2023: Soumission des articles aux normes éditoriales sur le site de la Revue nordique des études francophones (6.000 à 8.000 mots)

15 avril 2023: Retour des évaluations aux auteurs 

Automne 2023: Publication du numéro thématique.

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Bibliographie indicative

-Assiniwi, Bernard (1989). « La littérature autochtone d’hier et d’aujourd’hui », Vie des arts, vol. 34, n. 137, 1989 : 46-49.

-Bacon, Joséphine (2013). Un thé dans la toundra. Nipishapui nete mushuat. Montréal : Mémoires d’encrier.

-Bhabha, H, K. (1994). The location of culture. London and New York : Routledge.

-Brubaker, R. (2001). “Au-delà de l’‘identité’”, Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 139 (Traduction en français par Frédéric Junqua), no 1: 66-85. 

-Chartier, D. (2015). L’urgence de lire (les écrivains autochtones).  Littoral, n. 10 : 20.

-Chartier, D. (2020). La poésie, l’absurde, le réel et le Nord Le Collège de ‘Pataphysique et les poètes de la revue Liberté. Nordic Journal of Francophone Studies/Revue nordique des études francophones, 3(1), pp. 43–51. DOI: https://doi.org/10.16993/rnef.42

-Fontaine, N. (2011). Kuessipan. Montréal: Mémoire d’encrier.

-Fontaine, N. (2017). Manikanetish. Montréal : Mémoire d’encrier.

-Gatti, M., Dorais, L.-J. (2010). Littératures autochtones. Montréal : Mémoire d’encrier. 

-Gill, M.-A. (2015a). Béante. Chicoutimi : La Peuplade.

-Gill, M.-A. (2015b). Frayer. Chicoutimi : La Peuplade.

-Giroux, D. (2008). Éléments de pensée politique autochtone. Politique et Sociétés, 27 (1) : 29-53, doi:10.7202/018046ar

-Grenoble, L. A., Whaley, L. J. (2009). Saving Languages. An introduction to language revitalization. Cambridge : Cambridge University Press.

-Harel, S. (2017). Pace aux littératures autochtones. Montréal : Mémoires d’encrier.

-Kanapé Fontaine, N. (2013). N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures. Montréal : Mémoire d’encrier.

-Kapesh, A. A, (1976). Je suis une maudite Sauvagesse. Eukuan nin matsshimanitu innu-iskueu. Montréal : Leméac.

-Machet, B. (1999). La poésie amérindienne. Coaraze: éditions L’Amourier.

-Mestokosho, R. (2011). How I see life, grandmother, Eshi Uapataman Nukum, Comment je perçois la vie, grand-mère. Göteborg: Beijbom Books.

-Momaday, S. (2010).  Entretien avec N. Scott Momaday, 15 décembre 2000, Centre audiovisuel de l’Université de Toulouse-Le Mirail, https://www.canal-u.tv/video/vo_universite_toulouse_le_mirail/entretien_avec_n_scott_momaday.800

-Moura, Jean-Marc (2019). Littératures francophones et théorie postcoloniale. Paris : PUF.

-Powell, C., Peristerakis, J. (2014). Genocide in Canada, a relational view. In: Andrew Woolford, Jeff Benvenuto, Alexander Laban Hinton (eds.), Colonial Genocide in Indigenous North America. Durham: Duke University Press: 70-92.

-Premat, C. (2017). Les traces numériques de la survie de la littérature des premières nations au Canada. Intercâmbio, 2e série, vol. 10: 72-96.