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Boris Gamaleya, poète indianocéanique de l’univers

Boris Gamaleya, poète indianocéanique de l’univers

Publié le par Marc Escola (Source : Patrick Quillier)

Boris Gamaleya, poète indianocéanique de l’univers 

Appel à communications


Ce colloque (soutenu par le Conseil départemental de la Réunion, le Conseil régional de la Réunion, la DAC Réunion, la Mairie de Saint-Denis) est organisé par le LCF et l’UFR LSH de l’Université de la Réunion en partenariat avec l’Université Bordeaux Montaigne (Plurielles), l’Université de Lorraine (Centre Écritures), l’Université Nice Côte d’Azur (CTEL), l’Université Paris VII (Cerilac), l’Université Paris VIII (FabLitt), l’Université de Poitiers (FoReLLIS B2), l’Institut des Textes et Manuscrits modernes (ITEM CNRS/ENS).

Il aura lieu pendant la semaine du 17 octobre 2022 à l’université de la Réunion dans le cadre du 40e anniversaire de cette université.

Comité scientifique :

Ferroudja Allouache (FabLitt, Paris VIII), Béatrice Bloch (FoReLLIS B2, Université de Poitiers), Nicole Blondeau (EXPERICE, Paris VIII), Michel Cassir (PSL, Chimie ParisTech), Mounira Chatti (Plurielles), Université Bordeaux- Montaigne), Catherine Coquio (Cerilac, Paris VII), Claudia Christensen (compositrice), Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo (LCF, Université de la Réunion), Carpanin Marimoutou (LCF, Université de la Réunion), Serge Pey (CIAM, Université Jean-Jaurès, Toulouse), Patrick Quillier (CTEL, Université Côte d’Azur) (Dominique Ranaivoson (Comes, Université de Metz), Claire Riffard (ITEM CNRS/ENS), Françoise Simasotchi (FabLitt, Paris VIII).

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Boris Gamaleya (1930-2019), né à la Réunion en 1930, d’un père russe ukrainien et d’une mère réunionnaise, est décédé en 2019 dans la région parisienne. Ancien militant autonomiste, il a rédigé les thèses culturelles du PCR, recueilli de nombreux contes créoles, fourni un lexique du créole réunionnais (paru dans le journal Témoignages) et, sur le plan littéraire, renouvelé l’écriture poétique réunionnaise depuis 1973, date de la parution de son premier recueil, Vali pour une reine morte, écrit lors de son exil politique en France suite à l’ordonnance Debré et publié chez REI. Ce long poème épique a été accueilli avec enthousiasme par la jeune génération et a été à l’origine de nombreuses pratiques d’écriture poétique. Il a ensuite élaboré une œuvre importante qui en fait l’une de voix les plus singulières de la poésie de langue française des dernières décennies : plusieurs recueils de poésie (en vers comme en prose), une pièce de théâtre dont il a tiré le livret d’un oratorio, commande de l’État en 1998 pour le 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, un « roème », roman-poème s’inscrivant dans le droit fil de Rabelais, Sterne, Diderot... Lors du retour de ses cendres en septembre 2021, une décade lui a été consacrée, sous la direction de Danielle Barret, avec la participation de nombreux poètes, musiciens, acteurs culturels et le soutien des collectivités locales et de la DAC ainsi que de la mairie de St Louis, ville où il est né et a passé son enfance, et de celle de la Plaine des Palmistes, village de ses dernières années réunionnaises avant son départ en 2012 pour la région parisienne, où il meurt en 2019 dans la discrétion, même si des hommages lui sont immédiatement rendus, notamment dans son île natale. 

Écrivain et penseur fondamental de la Réunion, de l’océan Indien et des « coïncidences du tout-ouvert » selon sa propre expression, Gamaleya, à partir de l’espace insulaire réunionnais, est l’auteur d’une œuvre qui ouvre largement vers les ailleurs spatiaux, temporels, les origines multiples et complexes, qui interroge le rapport aux mythes, aux religions, à la nature, aux vivants humains et non humains, aux morts et aux esprits, aux langues et aux voix, aux musiques et aux chants, aux arts populaires et savants. 

Le premier grand colloque sur son œuvre a été organisé en 2004 à l’université de Nice par Patrick Quillier qui est sans doute devenu l’un des meilleurs connaisseurs de celui qui fut son ami, et qui l’a accompagné au long de toutes ces années. Les actes de ce colloque ont été publiés par Patrick Quillier et Dominique Ranaivoson en 2011 sous le titre Boris Gamaleya, « Les polyphonies de m’extrême » (éditions Sépia, 2011).

Ce nouveau colloque, intitulé Boris Gamaleya, poète indianocéanique de l’univers, sera donc l’occasion de relire l’œuvre de Boris Gamaleya à la fois dans son ensemble etson cheminement. Les actes en seront publiés conjointement par la revue Interculturel Francophonies (Lecce) et les Presses Universitaires Indianocéaniques (Université de la Réunion). 

Les axes proposés (mais ce n’est pas restrictif) sont les suivants :

*  Boris Gamaleya a toujours été soucieux du travail de la langue, mais aussi de la réflexion nécessaire au créateur pour articuler son art propre avec les autres arts : on se propose donc de réfléchir, entre autres, sur : le rythme gamaleyen, la musique gamaleyenne, l’entre les arts : arts plastiques et poésie, musique et poésie..., la créolisation des genres chez Boris Gamaleya, les dramaturgies gamaleyennes...

* Boris Gamaleya, dans sa logique d’ouverture tous azimuts, a fait usage dans son œuvre de nombreuses langues, outre le créole réunionnais et le français : anglais, espagnol, malgache, portugais, russe, tamoul... Des études de ces emprunts, insertions, recréations..., restent à faire : tout travail consacré à ces usages du créole et des langues dans l’œuvre de Boris Gamaleya sera donc bienvenu.

* Boris Gamaleya a aussi accueilli dans son œuvre toute la variété innombrable du vivant et du minéral, faisant « de tout un monde » ; on se propose donc de commencer à analyser l’écopoétique gamaleyenne : « langues du magma », terre-mer et terre- mère, géographies gamaleyennes, ornithologie gamaleyenne...

* Mais cette ouverture selon les « coïncidences du tout ouvert » touche aussi à l’histoire, l’ethnologie, l’anthropologie, la sociologie, la politique. On présente ici quelques perspectives de réflexion à titre d’exemples : singularité du pluriel, tremblements d’univers, « services euphoriques du dépassement », mémoires brûlées — mémoires nourries, marronner, l’érotisme chez Gamaleya...

* L’humour constitue l’une des dimensions les moins souvent commentées de l’œuvre gamaleyenne. Toute proposition à ce sujet sera aussi bienvenue, pour permettre d’une part une meilleure connaissance des différentes formes d’humour présentes dans les différents livres, et d’autre part une compréhension plus fine du rôle de l’humour dans l’économie générale de l’œuvre, notamment dans les rapports entre humour et mélancolie.

* On souhaite aussi mettre l’accent sur des approches comparatistes permettant notamment de mieux comprendre les rapports de Boris Gamaleya au monde slave, à l’Inde, à l’Afrique, à Madagascar, mais aussi de mieux saisir quel lecteur hors du commun il a été, enfin il est temps d’ébaucher une cartographie raisonnée des différentes réceptions, postérités et filiations de son œuvre.

Toutes les œuvres de Boris Gamaleya sont disponibles en ligne à l’adresse suivante : Borisgamaleya.re et Vali pour une reine morte vient d’être réédité aux éditions Wallada en 2021.

La date limite des propositions de communication est fixée au 21 mars 2022.

Elles devront être envoyées aux adresses suivantes : 

jean-claude-carpanin.marimoutou@univ-reunion.fr ; p.quillier@orange.fr

La réponse aux propositions sera fournie par le comité scientifique courant avril. 

Pendant le colloque, mais aussi en amont et en aval, des événements seront organisés pour mieux faire connaître l’œuvre de Boris Gamaleya. Ils sont en cours d’organisation par les directions culturelles de plusieurs collectivités. Aura aussi lieu à ce moment la présentation à la Réunion de l’anthologie de la poésie réunionnaise (revue Bacchanales, éditée par la Maison de la Poésie-Rhône-Alpes) dont le lancement aura eu lieu en juin au Marché de la Poésie à Paris.

Parmi les événements envisagés, on peut signaler :

Exposition sur l’œuvre de Boris Gamaleya organisée par la Bibliothèque départementale Excursion sur les lieux gamaleyens : Volcan ; Plaine des Palmistes ; Les Makes…
Soirée de contes.
Lecture de textes de Gamaleya notamment de textes de lui traduits en d’autres langues et mise en musique de certains de ses poèmes.
Performance poétique de Serge Pey et Chiara Mulas.
« La musique sculptante dans le ventre de Gamaleya » : formation d’un orchestre et d’un chœur sur place avec les poètes et le public
Mise en scène du Volcan à l’envers.
Réédition de Bardzour et de Bardzour Mascarin, revues culturelles dont Boris Gamaleya a été le créateur et l’animateur, en collaboration avec la Bibliothèque départementale Réédition de l’ouvrage de Michel Béniamino, La légende des cimes. Lecture de Vali pour une reine morte.
Publication du lexique créole de Gamaleya paru en plusieurs livraisons dans le journal Témoignages, en collaboration avec la Bibliothèque départementale.
Exposition d’artistes à partir de l’œuvre de Boris Gamaleya.